Des orques ont à nouveau coulé un yacht (de 15 mètres) dans le détroit de Gibraltar

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| NOAA
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Dimanche dernier, un groupe d’orques a une nouvelle fois pris d’assaut et coulé un yacht à voile de 15 mètres qui naviguait dans le détroit de Gibraltar, au sud-ouest de l’Europe. Cet étrange comportement fait partie d’une vague surprenante d’attaques sévissant dans la zone depuis 2020. Les experts soupçonnent la propagation d’une nouvelle tendance chez ces animaux sociaux et extrêmement intelligents.

Les interactions des orques ibériques (une sous population comptant environ 40 individus) avec des humains ont plus que triplé au cours des deux dernières années. Depuis 2020, près de 700 interactions ont été recensées autour du détroit de Gibraltar, allant de simples encerclements à de violentes attaques menant parfois au naufrage des bateaux, en passant par les coups de tête visant à les secouer. La plupart des interactions ont lieu entre le mois de mai et août.

Dans les cas des violentes prises d’assaut, les orques (Orcinus orca) s’approchent des gouvernails des bateaux pour les mordre et les déchiqueter de sorte que les déplacements sont rapidement entravés. Elles s’attaquent ensuite à la coque jusqu’à ce que les embarcations coulent. Les attaques s’effectuent en groupe et durent entre une trentaine de minutes et deux heures. Bien qu’aucune perte humaine n’a jusqu’à ce jour été déplorée, les animaux sont si méthodiques que les bateaux sont généralement irrécupérables après leurs attaques.

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La dernière en date s’est produite dimanche dernier vers neuf heures du matin dans le détroit de Gibraltar, à 22,5 kilomètres du cap Spartel (au Maroc). Après avoir été secouru par un pétrolier de passage suite à un appel radio d’urgence, l’équipage de l’Alboran Cognac a déclaré avoir senti de grands coups du côté de la coque et du gouvernail. Le yacht à voile de 15 mètres a été percuté à plusieurs reprises par un nombre indéterminé d’orques. Suite aux graves dommages infligés à la coque, le bateau a pris l’eau et a fini par couler.

L’incident le plus récent avant ce dernier date de novembre de l’année dernière, lorsqu’un groupe s’est acharné pendant près d’une heure sur un bateau, toujours dans le détroit de Gibraltar. Et avant cela, au moins 3 autres bateaux ont coulé suite à des attaques, entre 2022 et 2023.

Un comportement qui s’est propagé beaucoup plus loin qu’on le pensait

Les récentes interactions des orques ibériques avec des bateaux découlent d’un comportement émergent et spécifique à cette sous-population, que les chercheurs tentent encore aujourd’hui de décrypter. On estime qu’il a été acquis par le biais de l’apprentissage social, qui est très présent chez ces animaux. Cela explique probablement le nombre croissant d’attaques au cours des dernières années.

Les chercheurs soupçonnent qu’il s’agit d’une nouvelle tendance qui aurait découlé de l’expérience négative d’une femelle orque âgée surnommée « White Gladis ». Cette dernière aurait été percutée par un bateau lorsqu’elle était enceinte et aurait par la suite commencé à harceler les embarcations (généralement des yachts ou des voiliers) qu’elle croisait. Les routes migratoires des orques ibériques les amènent souvent à croiser de nombreux navires de pêche, militaires et de plaisance.

White Gladis aurait propagé son comportement d’attaque aux autres orques de la région. Chez les orques, l’apprentissage des plus jeunes est assuré par les femelles les plus âgées et les plus expérimentées. Le groupe d’une quinzaine d’individus ayant mené les attaques récurrentes depuis 2020 est d’ailleurs surnommé « Gladis ».

D’un autre côté, il est également possible qu’il s’agisse tout simplement d’un phénomène de mode que la sous-population d’orques de la région a adopté. À l’instar des humains, les orques peuvent temporairement montrer des comportements (ou modes) qui sont reproduits par d’autres. De tels comportements ont par exemple déjà été observés chez les orques du nord-ouest du Pacifique, qui ont passé l’été 1987 à porter des saumons morts au-dessus de leur tête, comme des chapeaux.

Par ailleurs, des orques ont aussi été aperçues en train d’encercler et d’attaquer des yachts dans le nord de l’Espagne et même jusqu’en Écosse. Cela suggère que le comportement s’est propagé beaucoup plus loin et beaucoup plus rapidement qu’on le pensait. En conséquence, les autorités espagnoles recommandent aux plaisanciers d’éviter de trop s’éloigner des côtes et de ne pas s’arrêter lorsque le bateau est approché par des orques.

orques espagne
Carte montrant la zone où les autorités espagnoles recommandent d’éviter de naviguer en raison de la forte probabilité de présence d’orques, entre le golfe de Cadix et le détroit de Gibraltar. © Ministero de transportes y movilidad sostenible/Gobernio de España

« Les recommandations sont valables toute l’année, mais une extrême prudence doit être de mise entre mai et août, car on considère que pendant ces mois, la probabilité de présence d’épaulards dans cette zone de l’Atlantique est plus élevée », ont écrit les responsables locaux de la sécurité maritime dans un communiqué. Ces derniers rappellent en outre qu’il est strictement interdit d’utiliser des mesures dissuasives susceptibles de blesser ou de trop stresser les orques, la sous-espèce ibérique étant en danger critique d’extinction.

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