Un pari de 25 ans sur la conscience humaine prend fin : un philosophe l’emporte sur un neuroscientifique

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Le pari, établi entre le neuroscientifique Christof Koch et le philosophe David Chalmers il y a 25 ans, a pris fin. Ce pari audacieux sur la découverte de la conscience dans le cerveau s’est conclu. Parallèlement, une étude associant 6 laboratoires a testé deux théories majeures, la théorie de l’information intégrée (IIT) et la théorie de l’espace de travail neuronal global (GNWT). Malheureusement, les résultats n’ont pas confirmé parfaitement l’une ou l’autre, et c’est ainsi que le philosophe a remporté le pari. Les résultats, bien que non concluants, ouvrent de nouvelles perspectives pour la recherche sur la conscience.

La conscience, ce phénomène qui donne vie à nos expériences sensorielles et émotionnelles, reste l’un des plus grands mystères de la science. Malgré des siècles de débats philosophiques et des décennies de recherche neuroscientifique, la manière dont notre cerveau produit la conscience demeure largement inexpliquée.

Comment le cerveau, une structure biologique complexe, crée-t-il la conscience, cette expérience subjective et intangible ? Cette question a été au cœur d’un pari lancé il y a 25 ans entre le neuroscientifique Christof Koch et le philosophe David Chalmers, en 1998, dans un bar enfumé de Brême. Koch a parié une caisse de bon vin que quelqu’un découvrirait une signature spécifique de la conscience dans le cerveau dans les 25 années suivantes. Chalmers a parié contre.

Aujourd’hui, 25 ans plus tard, les deux chercheurs ont convenu publiquement lors de la réunion annuelle de l’Association pour l’étude scientifique de la conscience (ASSC) à New York que la quête est toujours en cours. Chalmers a donc été déclaré vainqueur.

Les théories en compétition

Deux théories principales ont été testées pour tenter de résoudre ce mystère : la théorie de l’information intégrée (IIT) et la théorie de l’espace de travail neuronal global (GNWT). L’IIT propose que la conscience soit une « structure » dans le cerveau formée par un type spécifique de connectivité neuronale. Cette dernière serait active aussi longtemps qu’une certaine expérience, comme regarder une image, se produit. Cette structure se situerait dans le cortex postérieur, à l’arrière du cerveau.

D’autre part, la GNWT suggère que la conscience émerge lorsque l’information est diffusée vers les zones du cerveau à travers un réseau interconnecté. La transmission, selon la théorie, se produit au début et à la fin d’une expérience et implique le cortex préfrontal, à l’avant du cerveau.

Résultats des tests

Six laboratoires indépendants ont mis à l’épreuve ces deux théories, mais les résultats n’ont pas parfaitement correspondu à l’une ou l’autre. Ils montrent au lieu de cela que les deux théories doivent être révisées. Notamment, pour l’IIT, les chercheurs ont observé que les zones du cortex postérieur contiennent bien de l’information de manière soutenue, ce qui semble suggérer que la « structure » postulée par la théorie est observée. Cependant, ils n’ont pas trouvé de preuve de synchronisation soutenue entre différentes zones du cerveau, comme l’avait prédit la théorie.

En ce qui concerne la GNWT, les chercheurs ont trouvé que certains aspects de la conscience, mais pas tous, peuvent être identifiés dans le cortex préfrontal. De plus, les expériences apportent des preuves de la diffusion postulée par les défenseurs de la théorie, mais seulement au début d’une expérience — et non à la fin, comme cela avait été prédit.

Un avenir optimiste pour une conscience dévoilée ?

Malgré l’absence de résultats concluants, l’optimisme reste de mise dans la communauté scientifique. Les chercheurs sont convaincus que les avancées technologiques et méthodologiques continueront à éclairer le mystère de la conscience. Les techniques d’imagerie cérébrale, par exemple, deviennent de plus en plus sophistiquées, permettant aux scientifiques d’explorer le cerveau avec une précision sans précédent.

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David Chalmers (à gauche) acceptant le butin de son pari sur la conscience avec Christof Koch. © Science

Christof Koch, malgré la défaite de son pari, reste déterminé à poursuivre la quête. Il a dû admettre que la signature spécifique de la conscience dans le cerveau n’a pas été découverte comme il l’avait espéré. Cependant, loin d’être découragé, il a offert à David Chalmers une caisse de bon vin portugais, comme le stipulait leur pari. Koch reste cependant convaincu que la réponse au mystère de la conscience est à portée de main. Il a déclaré qu’il était prêt à « doubler la mise », pariant que la clé de la conscience sera révélée dans les 25 prochaines années.

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