Ce ne sont pas uniquement des particules d’encre et des contaminants qui peuvent circuler dans votre corps lorsque vous vous faites tatouer : à présent, des chercheurs ont découvert que des nanoparticules métalliques provenant des aiguilles de tatouage, peuvent également être retrouvées dans le corps.
Ces particules (qui proviennent des aiguilles utilisées pour perforer la peau et déposer l’encre) comprennent le nickel et le chrome, qui sont des allergènes. Ils pourraient donc induire des réactions allergiques auparavant attribuées uniquement aux encres.
« Il y a plus d’éléments concernant les tatouages qu’on ne pourrait le penser », a déclaré le spécialiste de l’environnement Hiram Castilla, de l’European Synchrotron Radiation Facility (ESRF). « Il ne s’agit pas seulement de la propreté du salon, de la stérilisation de l’équipement ou même des pigments. Nous constatons maintenant que l’usure des aiguilles a également un impact sur votre corps », explique-t-il.
Bien que nous, les humains, décorions notre corps avec des pigments déposés sous l’épiderme depuis des milliers d’années, peu de recherches ont été menées sur les effets de cette encre sur notre corps.
La plupart de ces pigments restent « bloqués » en place, car les particules d’encre sont trop grosses pour que notre système immunitaire ne les décompose. Mais, comme l’ont découvert les scientifiques de l’ESRF l’année dernière, une très petite quantité des particules les plus infimes est effectivement éliminée par le système immunitaire, se déplaçant dans le corps avant d’être déposée dans les ganglions lymphatiques.
Il est bien connu que les tatouages peuvent provoquer des réactions indésirables chez certaines personnes. Parfois, l’hôte aura une réaction allergique ou développera une hypersensibilité sur le site du tatouage. Parfois, des pigments de tatouage dans le corps peuvent ultérieurement provoquer des symptômes similaires à ceux du lymphome et du mélanome.
Ci-dessous, vous pouvez voir à quel point le processus de tatouage est brutal, dans cette impressionnante vidéo au ralenti de Smarter Every Day :
Dans ce cas précis, l’équipe était principalement en train d’étudier les allergènes connus, soit le chrome et le nickel, ainsi que le fer. Leurs recherches précédentes avaient mis en lumière des nanoparticules de métaux dans les ganglions lymphatiques de leurs sujets : les chercheurs tentaient donc de trouver le lien entre ces métaux et les pigments utilisés dans les encres de tatouage.
À savoir que les nanoparticules sont potentiellement plus dangereuses que les grosses particules, car elles prennent plus de surface par volume, ce qui signifie qu’elles sont potentiellement plus efficaces pour libérer des éléments toxiques.
« Après avoir étudié plusieurs échantillons de tissus humains et découvert des composants métalliques, nous nous sommes rendus compte qu’il devait y avoir encore autre chose », a déclaré Ines Schreiver, de l’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques. « Nous avons également testé environ 50 échantillons d’encre sans trouver de telles particules métalliques, et nous nous sommes assurés de ne pas les avoir contaminés lors de la préparation des échantillons. Nous avons ensuite envisagé de tester l’aiguille, et cela a été notre ‘moment eureka’ », a-t-elle ajouté.
À savoir que, selon les études menées sur le sujet, les encres contenant du dioxyde de titane (un pigment blanc souvent utilisé pour éclaircir les encres colorées) contribuent particulièrement à ce problème. En effet, le dioxyde de titane et très dur et très dense, et il agit comme un abrasif puissant qui élimine les particules de l’aiguille en métal, un processus qui ne se produit pas lorsque l’artiste utilise une encre noire de carbone, qui est elle plus douce.
Vous aimerez également : Comment les tatouages restent-ils permanents ?
Les chercheurs ont procédé à une microscopie électronique à balayage de neuf aiguilles à tatouer : trois ont été scannées avant utilisation, trois après utilisation avec une encre noire de carbone sur une peau de porc, et trois autres ont été scannées après un tatouage à l’encre au dioxyde de titane, également sur peau de porc.
Il s’agit de la première fois que des chercheurs démontrent que cela se produit, et pour l’instant, nous ne savons pas encore ce que cette découverte pourrait signifier en matière de santé. Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour déterminer l’impact des nanoparticules des aiguilles sur les réactions indésirables pouvant résulter des tatouages.
Dans tous les cas et comme toujours, la prudence est de mise : nous vous recommandons de bien vous informer sur le tatoueur et ses méthodes avant de passer à l’acte.