La voix des phoques n’est peut-être pas la plus mélodieuse du royaume animal, pourtant, ces animaux possèdent la remarquable capacité de pouvoir reproduire des mélodies et des vocalisations humaines. Utilisant le même système supra-laryngé que les humains pour produire des sons, les phoques gris de l’étude menée par des chercheurs américains a montré que ces animaux sont étonnamment doués lorsqu’il s’agit de copier des sons n’appartenant pas à leur répertoire vocal naturel.
Tout en étudiant l’apprentissage vocal des phoques gris (Halichoerus grypus), les scientifiques leur ont appris à imiter le discours humain et même certaines mélodies, telles que « Twinkle Twinkle Little Star » et le thème de la célèbre franchise de science-fiction Star Wars. « Cette étude nous permet de mieux comprendre l’évolution de l’apprentissage vocal, une compétence cruciale pour le développement du langage humain » explique le biologiste Vincent Janik du Scottish Oceans Institute (SOI) de l’Université de St Andrews.
Les chercheurs ont travaillé avec trois phoques nommés Zola, Janice et Gandalf. Les animaux ont été hébergés dans l’installation de mammifères marins de l’université avec d’autres phoques et surveillés attentivement dès la naissance pour constituer un catalogue de leur répertoire vocal naturel.
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Des phoques capables de reproduire des mélodies et vocalises humaines
Premièrement, les phoques ont été entraînés à copier des séquences de sons de leurs propres répertoires. Ensuite, ils ont été entraînés à copier des « mélodies » dans leurs propres vocalisations, un appel continu avec changement de hauteur et nombre de répétitions. Une fois qu’ils ont atteint un taux de précision de 80%, les animaux ont appris de nouvelles vocalisations — sons de voyelles semblables à celles des humains — en modifiant les formants, les bandes de fréquences prédominantes utilisées dans la parole humaine à travers lesquelles l’information est transmise.
« Il faut des centaines d’essais pour enseigner au phoque ce que nous voulons qu’il fasse, mais une fois qu’ils en ont l’idée, ils peuvent très bien copier un nouveau son dès la première tentative » déclare Janik. En fin de compte, tous trois ont été capables de copier de courtes séquences de sons, et Zola a réussi à répéter jusqu’à 10 notes de « Twinkle Twinkle Little Star ».
Cette vidéo montre les capacités vocales de Zola et sa capacité à reproduire les mélodies :
D’autres phoques, comme le célèbre phoque de port Hoover, ont été enregistrés, imitant des vocalisations semblables à celles de l’homme, mais jusqu’à présent, aucun scientifique ne s’était efforcé d’étudier précisément comment les pinnipèdes pouvaient « parler ». En fait, ils utilisent les mêmes structures dans le larynx pour produire des sons humains comme nous le faisons nous-mêmes. Les détails de l’étude ont été publiés dans la revue Current Biology.
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« J’ai été étonnée de la qualité avec laquelle les phoques ont copié les sons du modèle que nous leur avons joué » déclare la biologiste Amanda Stansbury, anciennement de la SOI et désormais du zoo El Paso. « Les copies n’étaient pas parfaites, mais étant donné que ce ne sont pas des sons de phoques typiques, c’est assez impressionnant. Notre étude montre vraiment à quel point les vocalisations de phoques sont flexibles ».
Mieux comprendre l’évolution et la mécanique du langage humain
D’autres animaux marins ont également appris à parler comme les humains, y compris des orques et un béluga, qui pourraient chanter une chanson vraiment bien définie. Mais le fait que les phoques utilisent les mêmes structures supra-laryngées que les humains signifie qu’ils pourraient également être un bon moyen d’étudier la manière dont les humains parlent.
Dans cette vidéo, une baleine blanche nommée NOC reproduit des éléments vocaux humains :
« Étonnamment, les primates non humains ont des capacités très limitées dans ce domaine. Trouver d’autres mammifères qui utilisent leur voix de la même manière que nous pour modifier les sons nous renseigne sur la façon dont les compétences vocales sont influencées par la génétique et l’apprentissage. Cela pourra finalement aider à développer de nouvelles méthodes pour étudier les troubles de la parole » conclut Janik.