Croissance des plantes boostée, perturbation du cycle menstruel féminin, aggravation des risques de catastrophe naturelle : depuis la nuit des temps, l’humanité prête une forte influence à la pleine lune, pour le pire et pour le meilleur. Et lorsqu’il est question de notre sommeil, la science a tranché : oui, la pleine lune le perturbe. Explications.
La pleine lune est environnée d’une réputation sulfureuse. Les croyances populaires lui prêtent des pouvoirs aussi effrayants que fascinants, qui ont notamment donné naissance au mythe du loup-garou. On lui a longtemps reproché aussi de perturber le sommeil, et le fait s’est avéré scientifiquement exact à l’aube du nouveau millénaire.
L’impact de la lune sur le sommeil : de la légende à la science
Entre 2000 et 2003, des chercheurs de l’université de Bâle, en Suisse, se sont penchés sur le lien entre l’âge et la qualité du sommeil. Un groupe de 33 volontaires âgés de 20 à 74 ans ont été placés dans un environnement isolé et observés durant 64 nuits, réparties suivant le calendrier lunaire. C’est par hasard, en discutant autour d’un verre, que l’équipe a pensé à observer une éventuelle influence de la pleine lune.
En analysant rétrospectivement divers résultats – structure du sommeil, mesure de la mélatonine et de la sécrétion de cortisol ou encore électroencéphalogramme du sommeil à mouvement oculaire non rapide (EEG) –, ils ont pu établir que les phases de sommeil profond étaient raccourcies de 20 à 30% durant les nuits de pleine lune.
Quoique l’explication reste à éclaircir, ils mettent alors en lumière un fait étonnant : le taux de sécrétion de mélatonine (l’hormone du sommeil) était inférieur de 50% aux taux habituels. Concrètement, cela se traduisait par environ 20 minutes de sommeil en moins dans le cadre de l’étude, et par une perte de 15% de la qualité du sommeil.
L’effet de la pleine lune sur le sommeil : la confirmation
En 2020, c’est au tour des chercheurs de l’université de Washington (États-Unis) de livrer leurs conclusions, et elle est formelle : durant la pleine lune – et les 3 à 5 jours qui la précèdent –, l’endormissement est retardé de 30 minutes en moyenne, et le temps de sommeil raccourcit de 46 à 58 minutes. Ces données se révèlent les plus précises jusqu’à présent, car elles ne reposent pas sur le ressenti des volontaires, mais sur des mesures effectuées grâce à différents moniteurs.
Les chercheurs américains penchent pour une explication simple : durant la pleine lune, le satellite est entièrement dévoilé et il réfléchit généreusement la lumière du soleil. Cette luminosité perturbe le rythme circadien sur lequel repose notre horloge biologique. Toutefois, les seuls effets de la lumière ne permettent pas d’expliquer pleinement l’effet de la pleine lune sur le sommeil. Cette étude a effectivement révélé un « effet semi-lunaire » : des variations du sommeil survenant tous les 15 jours – soit à la moitié du cycle lunaire de 29,5 jours. Des phénomènes pour le moment incompris ne seraient donc pas à exclure.
Comment lutter contre les effets de la pleine lune sur le sommeil ?
Si les effets de la pleine lune sur le sommeil conservent leur part de mystère, il est désormais établi qu’ils sont bien réels. Si vous y êtes vous-même sensible, quelques astuces peuvent contribuer à mieux dormir durant ces périodes.
Pour profiter pleinement des phases de sommeil profond quoiqu’elles soient plus courtes, et pour limiter les risques de réveil intempestifs, tentez pour commencer de limiter au maximum l’exposition de votre environnement de sommeil à la lumière lunaire. Il est aussi indispensable de disposer d’une bonne literie. Les matelas nouvelle génération offrent désormais un confort appréciable, mais pour en tirer le meilleur parti, il est aussi recommandé d’utiliser un oreiller adapté à votre morphologie et à votre position de sommeil préférée.
Durant les phases de pleine lune, plus que jamais, il est important de veiller à une bonne hygiène de vie, en évitant un dîner trop copieux. Veillez aussi à proscrire l’alcool en soirée, et à limiter votre consommation de substances excitantes, telles que le café. Enfin, évitez les écrans les heures précédant le coucher, dont la lumière bleue très proche de celle émise par le soleil contribue à perturber le rythme circadien ! Préférez une activité calme, comme la lecture ou la méditation.