Si les animaux marins sont les premières victimes de la pollution plastique des océans, d’autres victimes indirectes sont également à déplorer. Après les oiseaux piégés dans des plastiques de bouteilles, c’est maintenant au tour des bernard-l’hermite de subir les conséquences de l’accumulation toujours plus importante de déchets plastiques sur les plages. C’est le rapport d’enquête publié récemment par un groupe de chercheurs qui, en 2017, a recensé plus d’un demi-million de bernard-l’hermite morts sur les plages des îles Cocos.
Une étude qui a attiré l’attention sur un groupe d’îles éloignées, au large des côtes australiennes, a suscité l’inquiétude internationale lors de sa publication en mai. Dans un récit de leur voyage aux îles Cocos (Keeling) deux ans auparavant, des chercheurs se sont souvenus avoir vu des plages qui étaient « littéralement noyées dans du plastique ». Avec une estimation de 414 millions d’objets plastiques.
Mais Jennifer Lavers et son équipe de recherche rapportent avoir fait une autre découverte surprenante en fouillant les différents déchets plastiques lors de ce voyage en 2017 : de nombreuses bouteilles, canettes et conteneurs n’étaient pas vides. De très nombreux bernard-l’hermite (Pagures), pour la plupart morts, étaient piégés à l’intérieur. Les chercheurs affirment que les débris de plastique ont causé la mort de plus d’un demi-million de ces animaux sur les îles Cocos et sur l’île Henderson, également isolée dans le Pacifique Sud.
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Plus de 500’000 bernard-l’hermite morts sur les îles Cocos
Leurs résultats illustrent encore la conséquence des déchets d’origine humaine qui pénètrent dans les océans du monde et polluent ses plages. Tortues avec des pailles dans les narines, cachalots avec des kilos de déchets dans l’estomac et maintenant, les bernard-l’hermite, attirés dans des bouteilles en plastique glissantes dont ils ne peuvent pas sortir.
L’énorme quantité de déchets plastiques sur les plages des îles Henderson et Cocos est bien documentée, mais Lavers affirme que leurs recherches, axées sur ses effets sur les bernard-l’hermite, sont les premières du genre. Ils estiment que 570’000 de ces spécimens ont été tués à Cocos, qui se compose de 27 îles, et que 61’000 autres sont morts de la même manière sur l’île Henderson, située à plus de 12’000 km de là.
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Déchets plastiques : une réaction en chaîne mortelle pour les bernard-l’hermite
Les bernard-l’ermite ne naissent pas avec une coquille et passent une grande partie de leur vie à en chercher une, qui doit être remplacée à mesure qu’ils grandissent. Quand un bernard-l’ermite meurt, il émet un signal chimique pour informer les autres qu’une coquille potentielle est devenue disponible. Ainsi, un bernard-l’hermite qui meurt après avoir essayé de s’approprier une maison en plastique déclenche une réaction en chaîne insidieuse : le signal en attire un autre, qui meurt, et ainsi de suite, générant un signal ultra-puissant attirant tous leurs homologues.
« Ce n’est pas tout à fait un effet domino. C’est presque comme une avalanche. Hermite après ermite entrant dans ces bouteilles en pensant qu’ils obtiendront leur prochaine maison, alors qu’en réalité, c’est leur dernière maison » déclare Bond.
Les rapports précédents suggèrent que la population de bernard-l’hermite sur les îles Cocos est en déclin, selon Lavers — compromettant potentiellement un écosystème marin qui dépend des bernard-l’hermite pour fertiliser le sol, disperser les graines et manger les détritus.