Le plus gros iceberg du monde s’est détaché de l’Antarctique

velage gros iceberg antarctique
| ESA
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Cet immense morceau de glace, de 170 km de long sur 25 km de large, désigné par A-76, est le plus gros iceberg dérivant actuellement dans l’océan. Il s’est séparé du continent, au niveau de la barrière de Filchner-Ronne, et évolue désormais dans la mer de Weddell. Il a été repéré grâce aux images capturées par les satellites du programme Copernicus de l’Agence spatiale européenne (ESA).

D’une superficie totale de 4320 km², cet iceberg s’avère plus grand que l’île de Majorque (comme on peut le voir sur l’image fournie par l’ESA). Il n’atteint toutefois pas la taille de l’iceberg A68, qui s’était détaché de l’Antarctique au niveau de la barrière de Larsen C, un peu plus à l’ouest, en juillet 2017. Cet iceberg d’environ 6000 km² — soit deux fois la superficie du Luxembourg — s’est ensuite fragmenté au fil des années ; le morceau le plus imposant recensé au mois de février, nommé A-68A mesure aujourd’hui moins de 800 km².

À savoir que les icebergs les plus massifs sont désignés par un nom composé d’une lettre (A, B, C, D), indiquant le quadrant d’origine, suivi d’un nombre (que l’on incrémente à chaque nouvel iceberg du même quadrant). L’iceberg A-76 est donc le 76e iceberg issu de la zone comprise entre 0° et 90° de longitude ouest. Si un iceberg se fragmente, chacun des morceaux est désigné par le nom de l’iceberg, suivi d’une lettre séquentielle.

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Un vêlage dû au cycle naturel de la glace

Le phénomène est malheureusement assez courant. Cet iceberg A-76 a ainsi détrôné l’iceberg A-23A qui détenait jusqu’à présent le record de superficie (3880 km²) et qui dérive actuellement lui aussi dans la mer de Weddell. Quant à l’iceberg A-74, qui s’est séparé du continent au mois de février, il ne faisait « que » 1270 km² ; ce dernier avait fait l’objet d’une étroite surveillance avant son vêlage, du fait de la proximité de la base antarctique Halley (cette dernière a d’ailleurs été déplacée plus à l’intérieur des terres dès 2016).

Le plus gros iceberg jamais détecté était B-15, un géant de glace de 11 000 km², qui s’est séparé de la barrière de Ross en 2000. Mesurant environ 300 km de long sur 37 km de large, cet iceberg s’est brisé en deux morceaux en 2002 ; il s’est finalement disloqué en plusieurs morceaux au cours de l’année 2005.

carte Antarctique
Carte de l’Antarctique : en rouge, la barrière de Filchner-Ronne d’où est issu l’iceberg A-76 ; en bleu, la barrière de Larsen, d’où était issu A-68 ; en vert, la barrière de Ross, origine de l’iceberg B-15, le plus gros jamais détecté. © Wikimedia Commons

Mais selon les experts, le vêlage de l’iceberg A-76 n’est pas dû au changement climatique. En effet, contrairement aux côtes ouest de l’Antarctique, la barrière de glace de Filchner-Ronne se trouve dans une région relativement épargnée par l’afflux d’eau chaude inhérent au réchauffement global. Ainsi, pour Alex Brisbourne, glaciologue au British Antarctic Survey, ce vêlage fait partie du cycle naturel de la glace.

Le spécialiste souligne que cet iceberg comporte des lignes horizontales typiques des contraintes qui l’ont conduit à se séparer de la calotte glaciaire. Par ailleurs, malgré sa taille imposante, il ne devrait pas augmenter le niveau de la mer, car il se trouvait déjà sur une partie flottante du continent. Selon l’endroit vers lequel il dérive, un iceberg de cette taille pourrait en revanche avoir d’autres conséquences : « Il est assez grand pour influencer l’océan et la salinité de l’océan. Selon la trajectoire, il pourrait être aussi important que l’A-68A », explique Brisbourne.

Des dérives aux lourdes conséquences

Le vêlage de l’iceberg A68, en 2017, avait en effet suscité l’inquiétude des scientifiques. Cet iceberg de 6000 km² et de plus d’un million de tonnes a flotté pendant plus d’un an non loin de son point d’origine ; ce n’est que bien plus tard que des vents forts l’ont guidé vers des eaux plus chaudes, en direction de l’île de la Géorgie du Sud. Bien qu’il se soit fragmenté au contact des eaux de l’Atlantique Sud, l’un des plus gros fragments, désigné par A-68A, menaçait d’entrer en collision avec l’île.

Une trajectoire « normale » pour ce type d’iceberg, mais ses dimensions hors norme pouvaient nuire à la faune locale, notamment les colonies de manchots et de phoques, en bloquant l’accès aux ressources alimentaires marines de ces animaux. De la même façon, l’arrivée de cette masse d’eau de fonte froide pouvait potentiellement nuire au développement des algues marines, impactant par la même occasion toute la chaîne alimentaire. Fort heureusement, cet énorme fragment a fini par se désintégrer en plusieurs morceaux sous la pression des vagues et des températures plus chaudes.

La trajectoire de l’A-76 sera donc suivie de près par les spécialistes. Les satellites de Copernicus vont continuer à scruter la calotte glaciaire, de jour comme de nuit, pour suivre l’évolution des failles en formation et d’autres icebergs à venir. Si le réchauffement climatique n’est cette fois-ci pas mis en cause, il n’est en revanche pas étranger à la fonte des glaces observée dans l’ouest de l’Antarctique : les six plus grands glaciers de cette région contribuent déjà de façon significative à l’élévation du niveau de la mer.

Source : ESA

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