Au cours des derniers mois, masques et distanciation sociale se sont imposés rapidement comme les principaux moyens de lutte contre le COVID-19. Bien que l’utilisation de protections faciales soit une arme standard de lutte contre les épidémies en épidémiologie, l’efficacité de ces moyens n’avait pas encore fait l’objet d’études détaillées dans le cas du coronavirus SARS-CoV-2. Cette lacune a été récemment comblée par une étude lancée par l’OMS, qui a révélé que le port de masques et la distanciation sociale réduisaient, pour chacun, le risque de transmission et d’infection de plus de 80%.
La distanciation sociale, les masques faciaux et la protection oculaire semblent tous réduire la propagation du COVID-19, à la fois dans les établissements de santé et dans la communauté en général, selon une nouvelle étude commandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’examen a révélé que garder une distance d’au moins 1 mètre entre chaque personne réduisait les risques d’infection ou de propagation de 82%, et garder une distance de 2 m pourrait être encore plus efficace.
Le port de masques faciaux et de protections en tissu se révèle également efficace pour le grand public ; il en va de même pour les agents de santé, mais une tendance suggère que les masques N95 offrent une meilleure protection dans les établissements de santé que les autres types de masques. La protection des yeux, à laquelle les gens ont peut-être tendance à penser moins que la protection du nez et de la bouche, peut également offrir des avantages supplémentaires à la fois dans la population et chez les soignants.
Cependant, les auteurs notent que les résultats sur les masques faciaux et la protection oculaire sont basés sur des preuves limitées. Et dans l’ensemble, aucune des pratiques examinées dans l’étude ne protège pleinement contre le COVID-19. « Bien que la distance, les masques faciaux et la protection des yeux soient chacun très protecteurs, aucun ne rendait les individus totalement imperméables à l’infection », explique Derek Chu, médecin-chercheur à l’Université McMaster en Ontario. Pour cette raison, des mesures de base telles que l’hygiène des mains sont également essentielles pour limiter la pandémie actuelle de COVID-19 et les vagues futures.
Distanciation sociale et masques : des mesures de protection réellement efficaces
Dans cette nouvelle étude publiée dans la revue The Lancet, Chu et son équipe ont examiné des études sur le COVID-19 ainsi que sur le SRAS et le MERS. Dans l’ensemble, les chercheurs ont analysé les informations de 44 études impliquant plus de 25’000 personnes dans 16 pays (sept de ces études portaient sur le COVID-19, 26 sur le SRAS et 11 sur le MERS).
Les études ont examiné les effets de la distanciation sociale, des masques faciaux et de la protection oculaire sur la transmission du virus. Les chercheurs ont considéré ces mesures séparément plutôt qu’en combinaison. Ils n’ont pas été en mesure d’examiner comment la durée d’exposition potentielle d’une personne affectait son risque d’infection.
Avec l’éloignement social, les risques d’infection ou de transmission étaient d’environ 3% lorsque les gens gardaient une distance d’au moins 1 mètre des autres, contre 13% lorsque les gens gardaient une distance inférieure à cela. De plus, pour chaque mètre supplémentaire (jusqu’à 3 m), le risque d’infection ou de transmission de ces coronavirus a été réduit de moitié.
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Avec les masques faciaux, le risque d’infection ou de transmission était de 3% avec un masque contre 17% sans masque, soit une réduction de plus de 80%. Et pour la protection oculaire, le risque d’infection ou de transmission était de 6% avec protection et 16% sans. « Nos résultats sont les premiers à synthétiser toutes les informations directes sur le COVID-19, le SRAS et le MERS, et à fournir les meilleures preuves actuellement disponibles sur l’utilisation optimale de ces actions courantes et simples pour aider à aplatir la courbe », explique Holger Schünemann, professeur à l’Université McMaster.
Soignants et milieu hospitalier : privilégier les masques N95
Une analyse supplémentaire dans les établissements de soins a révélé que les masques N95 étaient efficaces à 96% pour protéger les soignants dans ces établissements, tandis que d’autres types de masques (tels que les masques chirurgicaux) étaient efficaces à 77%. « Ces résultats montrent que pour les soignants travaillant dans les services liés au COVID-19, un masque N95 devrait être la norme minimale de soins », indique Raina MacIntyre, professeur de biosécurité à l’Institut Kirby.
Cependant, l’étude n’a pas inclus d’essais de contrôle randomisés. Elle a plutôt examiné des études d’observation dans lesquelles les chercheurs observent des populations sans assigner de traitement. Des essais contrôlés randomisés sont maintenant nécessaires, en particulier ceux examinant l’effet des masques faciaux sur le risque d’infection ; et deux essais de ce type pour les masques sont en cours au Danemark et au Canada.