Pour Halloween, le MIT donne au public le contrôle d’une véritable personne dans un jeu dystopique

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| Grenar
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Halloween n’est pas réservé qu’aux farces, aux costumes et aux bonbons. Les scientifiques profitent également de cette occasion pour en apprendre plus sur le comportement humain. C’est l’objectif du projet BeeMe développé par le MIT et qui, le soir d’Halloween, permettra aux internautes de prendre le contrôle des décisions d’une véritable personne dans le cadre d’un jeu dystopique. 

En 2016, des chercheurs du MIT Media Lab ont créé Nightmare Machine, un programme d’intelligence artificielle convertissant des photos normales en images macabres. En 2017, ils ont créé une IA appelée Shelley, qui a appris à écrire ses propres histoires d’horreur. BeeMe est décrit dans un communiqué de presse comme un « jeu social immersif de grande envergure qui vise à jeter un nouvel éclairage sur le potentiel humain dans cette nouvelle ère numérique ».

« La nuit d’Halloween à 23 heures EST (mercredi 31 octobre) (5h00 le 1er novembre en France), un acteur abandonnera son libre arbitre et laissera les internautes contrôler chacune de ses actions » déclare Niccolò Pescetelli, chercheur en intelligence collective au MIT Media Lab. « L’événement suivra l’histoire d’une IA maléfique du nom de Zookd, qui a été publiée accidentellement en ligne. Les internautes devront se coordonner et aider collectivement l’acteur (également un personnage de l’histoire) à vaincre Zookd. S’ils échouent, les conséquences pourraient être désastreuses ».

Le slogan du projet est : « Voyez ce que je vois. Écoutez ce que j’entends. Contrôlez mes actions. Substituez-vous à ma volonté. Soyez moi ». La totalité du gameplay n’a pas encore été rendue publique. Cependant, Pescetelli, les comptes de BeeMe sur les médias sociaux et les éléments promotionnels révèlent quelques détails clés.

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La personne contrôlée sera un acteur qualifié et non une personne sélectionnée au hasard. L’identité de cet acteur et sa localisation ne seront pas révélées. Le jeu devrait durer environ deux heures, bien que la véritable durée de la partie soit aux mains du public dont seules les décisions pourront influencer le cours de l’histoire.

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Une des images présentes sur la page d’accueil du site du projet BeeMe. Le MIT ne révèle des détails sur le jeu que via des images ou des citations. Crédits : BeeMe/MIT Media Lab

Il y aura toutefois, bien évidemment, des limites à la liberté d’action du public et à ce qu’il peut faire faire à l’acteur. « Tout ce qui enfreint la loi ou met en danger l’acteur, sa vie privée ou son image est formellement interdit » indique Pescetelli. « Tout le reste est autorisé. Nous sommes très curieux de savoir ce qui va se passer ».

Les participants contrôleront l’acteur via un navigateur Web, de deux manières. L’une consiste à écrire et à soumettre des commandes personnalisées, telles que « préparer du café », « ouvrir la porte », « fuir », etc. La deuxième méthode consiste à voter à la hausse ou à la baisse sur ces commandes, ce qui est semblable au système utilisé par la plateforme communautaire Reddit. Une fois qu’une commande reçoit le plus de votes, l’acteur doit l’exécuter.

D’où la raison du mot « abeille » (bee en anglais) dans le nom du projet : les internautes devront agir collectivement comme une ruche pour progresser dans le jeu. L’ensemble de l’événement sera diffusé en direct sur beeme.online. « En théorie, il n’y a pas de limite au nombre d’utilisateurs que la plate-forme peut prendre en charge, mais nous ne le saurons à coup sûr que pour Halloween » affirme Pescetelli.

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Une capture d’écran de la bande-annonce de BeeMe. Dans le jeu, ce sont les internautes qui prendront les décisions, et l’acteur devra ensuite les exécuter. Crédits : BeeMe/MIT Media Lab

« Beaucoup de gens ont joué à un jeu de réalité augmentée, mais BeeMe est une réalité augmentée » explique Pescetelli. « Dans BeeMe, un agent renonce à son libre arbitre pour sauver l’humanité — ou peut-être pour savoir si l’humanité peut être sauvée. Ce courageux individu acceptera de laisser Internet piloter chacune de ses actions ».

Le projet BeeMe est composé de huit personnes et coûtera moins de 10’000 dollars. Il a été rendu public en mai 2018, lorsqu’il a rejoint Twitter sous le nom @beeme_mit. Les tweets publiés par le compte reflètent son évolution.

Un tweet cite le philosophe Marshall McLuhan, qui a écrit en 1964 que « le médium est le message » — signifiant que toute nouvelle façon de communiquer influence ce que nous disons, comment nous le disons et finalement ce que nous pensons. McLuhan, qui a vécu jusqu’en 1980, est décrit par sa fondation comme « le père des communications et des études sur les médias et le prophète de l’ère de l’information ».

Le compte fait également référence à d’autres visionnaires, dont le psychologue analytique Carl Jung, le sociologue Émile Durkheim et le biologiste Charles Darwin. « [Dans] la longue histoire de l’humanité (et du genre animal aussi), ceux qui ont appris à collaborer et à improviser de la manière la plus efficace ont triomphé » a tweeté BeeMe en août, citant une célèbre phrase de Darwin.

Un autre tweet met en lumière un acte de performance artistique choquant appelé « Come Caress Me », créé en 2010 par Amir Mobed. Dans l’installation, Mobed se tient devant une énorme cible avec un seau en métal sur sa tête et des volontaires sont conduits dans la pièce pour lui tirer dessus avec un pistolet à plombs. Et beaucoup le font, ne semblant pas comprendre que les munitions sont réelles.

Ces tweets et d’autres messages de BeeMe semblent refléter ce que l’expérience cherche à faire à Halloween : quelque chose qui semble amusant en surface, mais qui révèle des vérités cachées sur nous-mêmes et sur notre société numérique. Le projet se définit ainsi : « BeeMe est un jeu dystopique qui promet de modifier le visage des interactions numériques en brisant le quatrième mur de l’Internet et en le ramenant à la réalité. BeeMe veut rouvrir une conversation ludique et sérieuse sur la vie privée, l’éthique, le divertissement et les interactions sociales ».

Source : Business Insider

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