Contrairement au fait de déterminer l’orientation haut-bas, l’orientation gauche-droite est un processus plus complexe car il fait appel à des mécanismes neurologiques particuliers. De nombreuses études ont révélé qu’un nombre important d’individus dans la population confondent leur droite et leur gauche dans la vie quotidienne. Ces études ont notamment révélé que cette confusion était plus fréquente chez les femmes que chez les hommes.
Un nombre surprenant de personnes éprouvent des difficultés à différencier la gauche de la droite dans leur vie quotidienne. La première grande étude sur le sujet a été publiée en 1973 et a enquêté sur un échantillon de médecins et de leurs conjoints. Le résultat ? Environ 9% des hommes et 17% des femmes ont déclaré être fréquemment confrontés à la confusion gauche-droite dans leur vie quotidienne.
Et lorsque 290 étudiants en médecine irlandais de premier cycle ont été testés sur la latéralité à l’aide d’une série d’images en forme de bâtonnet, plus de la moitié d’entre eux ont eu des problèmes, obtenant moins de 77% de bonnes réponses (le test comportait 144 questions). Ces deux études ont montré que les femmes éprouvaient plus de difficultés que les hommes.
Il a donc été suggéré que les femmes ont plus de difficultés avec la discrimination gauche-droite, car elles sont moins « latéralisées » que les hommes, et un degré inférieur de latéralisation pourrait conduire à plus de confusion gauche-droite (CGD).
Latéralisation : elle n’explique pas la confusion droite-gauche
Cependant, ces études rapportant plus de confusion gauche-droite pour les femmes ont été critiquées, parce que les tâches qui ont été utilisées impliquaient une rotation mentale, une capacité spatiale dans laquelle les hommes excellent généralement.
Dans une étude plus récente, 34 femmes droitières et 31 hommes droitiers ont effectué deux tâches de discrimination comportementale gauche-droite, dans lesquelles la rotation mentale était soit contrôlée expérimentalement, soit n’était pas nécessaire.
Pour mesurer le degré d’asymétrie hémisphérique, les participants ont également effectué un test d’écoute dichotique. Bien que les femmes ne soient pas moins latéralisées que les hommes, les deux tâches ont systématiquement révélé que les femmes étaient plus susceptibles de confusion gauche-droite que les hommes.
Des différences neurocognitives entre les sexes
Dans une autre étude, 16 femmes et 15 hommes ont observé des photos de mains pointées dans diverses orientations (tournées ou non tournées) et on leur a demandé de les identifier comme des mains gauche ou droite. Les résultats ont révélé que la CGD était particulièrement associée à l’activation dans les régions pariétales inférieures, s’étendant dans le gyrus angulaire droit.
Indépendamment de la phase du cycle menstruel (qui était un point d’étude particulier de l’analyse), les femmes, par rapport aux hommes, ont recruté plus de zones préfrontales, ce qui suggère un contrôle descendant plus élevé de la CGD. Les auteurs ont conclu qu’il existe des différences entre les sexes dans les mécanismes neurocognitifs sous-jacents à la CGD.
Bien que le gyrus angulaire soit impliqué dans la CGD, plusieurs autres zones pariétales sont au moins aussi impliquées et essentielles. De plus, l’hypothèse selon laquelle une plus grande confusion gauche-droite est due à une activation bilatérale plus prononcée chez les femmes a été rejetée.
Confusion gauche-droite : une auto-évaluation négative des femmes
En outre, les femmes ont tendance à se décrire comme plus confuses que les hommes quand il s’agit de déterminer la droite et la gauche. Des études se sont penchées sur cet autojugement afin d’en comprendre la cause. Dans une étude, les sujets ont été testés sur une tâche qui nécessitait des jugements gauche/droite rapides et précis, sur une tâche de rotation mentale et sur une tâche qui nécessitait la navigation dans un labyrinthe virtuel.
Les corrélations entre les performances et les auto-évaluations ont été calculées. Les hommes et les femmes qui se sont attribué de très mauvaises notes de CGD avaient des scores de précision significativement plus faibles sur la tâche de détermination gauche/droite que les hommes et les femmes avec des notes moyennes, mais il n’y avait pas de relation spécifique au sexe entre l’évaluation de la CGD et la détermination gauche/droite qui expliqueraient pourquoi les femmes se jugent de cette manière.
Pour les femmes uniquement, une faible corrélation entre les scores de CGD et la navigation dans le labyrinthe virtuel a été observée, mais aucune corrélation significative n’a été observée entre les scores de CGD et les performances de rotation mentale. Les auteurs ont conclu qu’excepté des raisons sociologiques, aucun mécanisme neurologique n’expliquait cette auto-évaluation négative. Les mécanismes neurologiques exacts expliquant la fréquence plus élevée de CGD chez les femmes restent donc, pour le moment, un mystère.