Depuis les années 1980, des scientifiques ont constaté un lien entre les systèmes de sonar et certaines baleines qui semblent se tuer, en se laissant littéralement s’échouer sur les plages. À présent, les chercheurs pensent en savoir plus sur les horribles raisons de ces actes.
En résumé, les impulsions sonores des sonars semblent effrayer terriblement les baleines, littéralement « à mort ». Ces dernières agissent alors comme une dose d’adrénaline agit sur l’être humain, provoquant des changements mortels dans leurs techniques de plongée, qui sont en temps normal parfaitement calibrées.
C’est en étudiant les événements d’échouement de masse (MSEs – mass stranding events) récents, que l’équipe de recherche a découvert que les baleines à bec développent une sorte de maladie de décompression (également connue sous le nom de « maladie des caissons » ou « maladie des plongeurs ») lorsqu’elles détectent un sonar.
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En cas de panique, comme c’est le cas avec les sonars, leurs veines se remplissent de bulles d’azote, leur cerveau subit de graves hémorragies et d’autres organes sont également endommagés.
« En présence d’un sonar, les baleines sont stressées et nagent vigoureusement loin de la source sonore, ce qui modifie leur méthode de plongée », a déclaré Yara Bernaldo de Quiros, de l’Université de Las Palmas en Espagne, l’une des chercheuses de l’équipe. « En d’autres termes, la réponse au stress prime sur la réponse à la plongée, ce qui oblige les animaux à accumuler de l’azote », a ajouté de Quiros.
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Le résultat final est donc que ces pauvres créatures meurent de douleur après avoir contracté une version alternative de la maladie des plongeurs. Ce n’est pas ce à quoi on pourrait s’attendre de la part de baleines, qui sont d’habitude si habiles à naviguer en eaux profondes.
De manière générale, ces animaux abaissent naturellement leur fréquence cardiaque afin de réduire l’utilisation d’oxygène et d’éviter l’accumulation d’azote lorsqu’ils plongent en profondeur. Mais, tragiquement, il semble que les sonars aient la capacité de provoquer un tel stress que cela annule tout simplement ces précautions.
Les chercheurs ont analysé les données de quelque 121 MSEs entre 1960 et 2004, en se concentrant particulièrement sur les autopsies de 10 baleines mortes échouées dans les îles Canaries en 2002, suite à un exercice naval à proximité. C’est à ce moment-là que les effets du malaise de décompression ont été remarqués, comme cela a été le cas lors d’autres événements d’échouement examinés par les chercheurs.
Bien que l’équipe de recherche ait noté que les effets du sonar sur les baleines semblent « varier selon les individus ou les populations » et que « les facteurs prédisposants peuvent contribuer aux résultats individuels », il semble tout de même exister un dénominateur commun entre ce qu’il advient de ces mammifères. Cela est particulièrement vrai pour la baleine à bec de Cuvier (Ziphius cavirostris) : sur les 121 MSEs mentionnées, 61 impliquaient des baleines à bec de Cuvier. Selon les chercheurs, ces dernières semblent particulièrement sensibles et vulnérables au sonar.
De plus, il existe également un type particulier de sonar qui peut nous alarmer : il s’agit du sonar actif à moyenne fréquence (MFAS), se situant à environ 5 kilohertz.
À présent, les chercheurs à l’origine du nouveau rapport souhaitent faire interdire l’utilisation de cette technologie de sonar dans les zones où l’on sait que les baleines vivent. « Jusque-là, les Canaries étaient un point chaud pour ce type d’échouage atypique », a déclaré de Quiros. À savoir qu’une telle interdiction est déjà en vigueur dans les Îles Canaries, depuis l’incident de 2002. « Depuis le moratoire, il n’y en a pas eu », a ajouté de Quiros.