Depuis quelques mois, une maladie pulmonaire liée au vapotage (EVALI) sévit aux États-Unis, et jusqu’à maintenant, une quarantaine de décès lui sont imputables. Au cours des dernières semaines, les autorités sanitaires ont identifié le coupable : l’acétate de vitamine E (utilisé comme diluant), contenu dans certains liquides de vape. Le mois dernier, un adolescent de 17 ans a été admis en urgence à l’hôpital pour subir la première transplantation complète de deux poumons en rapport avec cette maladie.
Le patient, âgé de 17 ans, avait été maintenu via une machine ECMO, qui aide à soutenir la fonction cardiaque et pulmonaire, pendant plus d’un mois avant d’être opéré. « Il n’aurait pas survécu même quelques minutes sans cela » déclare Hassan Nemeh, chirurgien thoracique à l’hôpital Henry Ford de Detroit, qui a participé à la réalisation de l’opération.
La greffe des poumons elle-même a eu lieu le 15 octobre et a duré environ six heures. Maintenant, l’adolescent peut respirer sans soutien et suit une thérapie physique. L’état de santé du patient était si mauvais qu’il a rapidement été placé en tête de la liste d’attente nationale pour une greffe des poumons.
EVALI : la maladie liée au vapotage qui détruit les poumons
Le tomodensitogramme des poumons de l’adolescent a révélé une inflammation étendue et une cicatrisation du tissu. Les zones de l’organe contenant de l’air apparaissent généralement en noir sur un scanner ; mais chez le patient, pratiquement aucune zone noire n’apparaissait sur son scan.
Des tissus morts tachetaient les deux poumons, signalant à l’équipe médicale que le dommage était irréversible, selon Victor Coba, spécialiste en médecine des soins intensifs à Henry Ford.
Le patient, qui n’avait que 16 ans lors de sa première admission à l’hôpital, mettra des mois à se rétablir complètement et devra se conformer à des instructions particulières pour se maintenir en bonne santé à long terme.
L’adolescent a demandé à son équipe médicale de partager des photographies et une alerte pour avertir les autres sur les dangers des lésions pulmonaires liées au vapotage. Sa famille a fait une déclaration, affirmant que l’adolescent passait « de la vie typique d’un garçon de 16 ans en parfaite santé, naviguant, jouant à des jeux vidéos et traînant avec des amis, pour se réveiller intubé et avec deux nouveaux poumons ».
Bien qu’il soit le premier à recevoir une greffe de poumons, le patient représente seulement l’un des plus de 2050 cas de lésions pulmonaires associées à la cigarette électronique ou au vapotage déclarés depuis mars, selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). La maladie, également connue sous le nom d’EVALI, a touché des personnes dans tous les États américains, à l’exception de l’Alaska, et fait 39 morts à ce jour.
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Liquides au THC, acétate de vitamine E et épaississants : les responsables de la maladie
La plupart des patients affectés déclarent avoir utilisé des produits contenant du THC, le principal composé du cannabis. Des études suggèrent que les fluides de vape contenant cette substance chimique psychoactive pourraient jouer un rôle majeur dans l’épidémie, notamment car de l’acétate de vitamine E est ajouté afin de mieux le diluer dans le liquide à vapoter.
Pour le moment, l’équipe médicale d’Henry Ford n’a pas précisé le type de produit de vapotage utilisé par le patient adolescent.
Vendredi dernier, les CDC ont annoncé que leurs enquêteurs avaient associé un produit chimique potentiellement dangereux à l’épidémie de maladie liée au vapotage. Le responsable – un composé appelé acétate de vitamine E – peut être ajouté aux liquides de vapotage en tant qu’agent épaississant et adhère aux poumons « comme du miel » lorsqu’il est inhalé. Selon les CDC, le composé ressemble également à l’huile de THC. Il est donc souvent utilisé pour couper ou diluer les liquides de vapotage contenant du THC.
Les CDC recommandent à la population d’éviter d’acheter des produits de vapotage dans la rue ou de modifier les liquides ou dispositifs de vapotage achetés auprès d’un fabricant. L’organisation recommande aux vapoteurs de se surveiller eux-mêmes pour détecter des symptômes inhabituels, bien que pour être totalement en sécurité, ils conseillent d’éviter d’utiliser de tels produits de vapotage, en particulier ceux contenant du THC.