La première mission d’analogie d’exploration de santé et de performance d’équipage sur Mars (CHAPEA) débutera officiellement en juin, selon la NASA. Quatre chercheurs participeront à une simulation de 12 mois d’une mission martienne pour recueillir des données indispensables aux futures missions habitées sur la planète rouge.
Outre la conception des dispositifs requis pour une mission spatiale, il est essentiel de prendre en compte les facteurs humains, en particulier pour une entreprise aussi ambitieuse qu’un voyage vers Mars. Les astronautes seront constamment exposés à de nombreux risques, tant physiques que psychologiques. Afin de préparer les futures missions martiennes, la NASA mènera sur Terre une série de simulations de longue durée pour évaluer adéquatement les besoins des équipages.
Il convient de rappeler que les missions vers et sur Mars représenteront les plus longs voyages spatiaux jamais entrepris par l’humanité, avec environ 21 mois requis pour un aller-retour Terre-Mars. De plus, les missions à la surface de la planète dureront probablement plusieurs semaines ou mois. Passer autant de temps dans l’espace nuira non seulement à la santé des astronautes, mais aussi à leur état psychologique, car ils seront séparés de leurs familles durant une longue période et dans de rudes circonstances, sans compter qu’ils devront cohabiter en permanence avec les mêmes personnes.
En outre, malgré nos connaissances actuelles sur Mars et ses conditions atmosphériques, les futures missions comporteront de nombreuses inconnues. Pour se préparer à toutes les éventualités, la NASA a créé un habitat simulant au mieux les conditions réelles d’une mission sur la planète, afin d’évaluer comment les astronautes pourront réussir les futures missions. « La simulation nous permettra de collecter des données sur les performances cognitives et physiques, afin de mieux comprendre les impacts potentiels des missions de longue durée vers Mars sur la santé et les performances de l’équipage », explique Grace Douglas, chercheuse principale du projet CHAPEA.
Reproduire les conditions les plus réalistes possibles
Pour cette première mission de simulation, la NASA a sélectionné quatre membres d’équipage. En plus de leur formation et expérience en sciences, les candidats ont été choisis pour leur aptitude aux tests d’endurance physique et psychologique des astronautes, ainsi que pour leur formation militaire. Ces compétences sont réunies pour assurer la plus grande autonomie possible à l’équipage dans l’accomplissement de leur mission et en cas de problèmes (matériels ou sanitaires).
L’équipage sera dirigé par Kelly Haston, une chercheuse spécialisée en pathologies humaines ayant effectué des recherches sur les cellules souches, les maladies hépatiques et la neurodégénérescence. Elle sera épaulée par Ross Brockwell en tant qu’ingénieur de vol, expert en infrastructures, conception de bâtiments, opérations et leadership organisationnel. Nathan Jones, médecin urgentiste certifié spécialisé en médecine préhospitalière et en milieu austère, sera le troisième membre de l’équipe. Les membres de l’équipe de réserve seront Alyssa Shannon, infirmière en pratique avancée, Trevor Clark, ingénieur dans l’aérospatiale et la défense et Anca Selariu, microbiologiste de la marine américaine ayant une expérience dans le développement de vaccins antiviraux.
Pendant toute la durée de la mission de simulation, les membres de l’équipe cohabiteront au sein d’un site nommé Mars Dune Alpha, comprenant un habitat de 158 mètres carrés imprimé en 3D, situé au Johnson Space Center de la NASA à Houston. L’enceinte comprend les quartiers privés de l’équipage, une cuisine, des espaces de vie et de travail, ainsi que deux salles de bain. Le bâtiment est placé dans un environnement « externe » de 111 mètres carrés, entouré de peintures murales représentant des paysages martiens et installé sur du sable rouge.
L’équipage simulera la mission en effectuant diverses activités, telles que des opérations robotiques, l’entretien de l’habitat, de l’exercice physique, la cuisine, la culture microbiologique et d’autres recherches scientifiques. Les sorties dans l’espace seront simulées dans l’environnement extérieur de l’enceinte et seront accompagnées de casques de réalité virtuelle.
Dans le but de reproduire les véritables conditions des futures missions, l’équipe devra également faire face à différents facteurs de stress, tels que la limitation des ressources, l’isolement, les pannes d’équipement, d’importantes charges de travail, les retards de communication avec la station terrestre de contrôle (en tenant compte de la distance Terre-Mars), etc.
« Les informations collectées aideront la NASA à prendre des décisions éclairées pour concevoir et planifier une mission humaine réussie sur Mars », indique Douglas. Après cette première mission, deux autres CHAPEA seront prévus respectivement début 2025 et début 2026.