Jair Bolsonaro, le candidat de l’extrême droite brésilienne à la présidence, a remporté les élections présidentielles dimanche dernier. Notoirement connu pour ses dénégations scientifiques climatiques similaires à celles de Donald Trump, le programme de Bolsonaro, incluant la déforestation et l’industrialisation massives de la forêt amazonienne, provoque l’extrême inquiétude des scientifiques.
Bolsonaro, surnommé le « Trump des Tropiques » et réputé pour ses commentaires anti-gays, misogynes, violents et racistes, s’intéresse également aux politiques environnementales du pays. Et les scientifiques du monde entier sont inquiets. En tant que président du Brésil, Bolsonaro contrôlera près des deux tiers de l’Amazonie, la plus grande forêt tropicale du monde. Il a fait valoir que trop de zones protégées sur le plan environnemental nuisent au développement du pays.
Il a déclaré qu’il envisageait d’ouvrir une autoroute traversant l’Amazone et d’interdire aux organisations non gouvernementales s’occupant de l’environnement, telles que Greenpeace et la WWF, d’agir au Brésil.
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Déforestations, industrialisation et menace des populations tribales amazoniennes : les conséquences attendues de la présidence Bolsonaro
Le président a récemment promis aux journalistes que le Brésil resterait dans l’accord de Paris ; l’accord sur le climat envers lequel il s’est montré critique par le passé. Cependant, il est difficile d’imaginer comment le président brésilien continuerait d’honorer cet accord tout en abattant de larges pans de la forêt amazonienne qui contribue, pour une grande partie, à l’écosystème planétaire. Bolsonaro a également annoncé son intention de supprimer le ministère brésilien de l’Environnement
« Ses projets téméraires d’industrialisation de l’Amazonie de concert avec les secteurs de l’industrie agroalimentaire et miniers brésiliens entraîneront des destructions immenses dans la plus grande forêt tropicale humide de la planète et dans les communautés qui l’habitent, et sèmeront la catastrophe dans le climat mondial » déclare Christian Poirier, directeur du programme Amazon Watch.
« Je pense que nous nous dirigeons vers une période très sombre de l’histoire du Brésil » affirme Paulo Artaxo, chercheur en changements climatiques à l’Université de Sao Paulo au Brésil. « Ça ne sert à rien de tourner autour du pot : Bolsonaro est la pire chose qui puisse arriver pour l’environnement ».
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Geneviève Guenther, qui a fondé EndClimateSilence.org, a déclaré sur Twitter que l’élection de Bolsonaro « garantissait que le Brésil ne ferait rien pour réduire les émissions de pollution et que des superficies inouïes de la forêt amazonienne seraient détruites », tandis que le météorologue Eric Holthaus a fait valoir qu’un programme de privatisation de la forêt que le nouveau président envisage est essentiellement un « suicide planétaire ».
D’autres scientifiques, tels que Jess Phoenix, un volcanologue ayant participé aux primaires démocrates dans le sud de la Californie cet été, ont confirmé cet avis. Certains peuples autochtones vivant dans la forêt ont déclaré craindre que davantage de bûcherons et de mineurs n’empiètent sur leurs habitations sous la présidence de Bolsonaro.
« Nous avons très peur. Je crains pour ma propre vie » confie Dinaman Tuxa, coordinateur national de l’Association des peuples autochtones du Brésil, ajoutant que Bolsonaro « institutionnaliserait le génocide ».
Christopher Dick, expert en plantes tropicales à l’Université du Michigan, a déclaré sur Twitter que si Bolsonaro « poursuivait sa rhétorique, on pourrait s’attendre à un génocide tribal, à la torture de dissidents et à une précipitation du changement climatique due à la destruction de la forêt amazonienne ».
La forêt amazonienne : le véritable « poumon de la planète »
Les plantes de la forêt tropicale absorbent le dioxyde de carbone de l’atmosphère, l’utilisent pour croître et libèrent de l’oxygène dans l’air. C’est pourquoi l’Amazonie, qui couvre une superficie de 5.4 millions de km², est souvent appelée le « poumon de la planète ».
La forêt aide la Terre à « inspirer » le dioxyde de carbone et à expirer de l’oxygène, effectuant un contrôle critique du changement climatique provoqué par l’Homme. Les scientifiques ont estimé que l’Amazonie pourrait contenir un sixième du carbone stocké dans la végétation du monde entier. Les experts en environnement soutiennent que ce système d’aspiration du dioxyde de carbone est l’une des meilleures solutions que nous ayons pour lutter contre le changement climatique.
« Nous devons éliminer le dioxyde de carbone de l’atmosphère pour éviter une augmentation très dangereuse de la température et des inondations, des tempêtes violentes et des vagues de chaleur » explique Doug Boucher, conseiller scientifique de l’Union of Concerned Scientists. « La meilleure façon d’extraire le dioxyde de carbone de l’atmosphère est de préserver et reconstruire les forêts ».
Bien que l’Amazonie soit la forêt la plus diversifiée de la planète, les scientifiques affirment que moins de 0.5% de ses espèces de plantes de la forêt à fleurs ont été étudiées pour leur potentiel médicinal. Selon un nouveau rapport publié mardi par la WWF, l’organisation a révélé qu’un cinquième de l’Amazonie avait disparu en 50 ans à peine.
Alors que le Brésil s’est efforcé de suivre le rythme de la demande pour une production accrue de bœuf et de soja, des pans d’Amazonie de la taille de pays entiers ont été abattus. Au cours d’une période de déforestation particulièrement intense de 1991 à 2000, une zone de la taille de l’Espagne a été coupée. Ce rythme rapide de déforestation a ralenti ces dernières années, même si la tendance à l’abattage d’arbres pour l’élevage et l’agriculture devrait se poursuivre.