Les principales religions monothéistes du monde et bien d’autres non révélées ont en partage la pratique multimillénaire du jeûne. Loin des considérations religieuses ou pratiques empreintes de spiritisme, des millions de personnes à travers le monde s’adonnent au jeûne pour des raisons de bien-être physiologique. Longtemps restée loin de son champ d’analyse, la science aussi s’est invitée dans le débat de l’opportunité ou l’inopportunité du jeûne.
Les professionnels médicaux de la nutrition sont partagés entre les premières conclusions scientifiques qui donnent la pratique bénéfique pour l’organisme et la prudence qui doit accompagner l’exploration naissante de l’inconnu.
L’insoupçonnée légèreté de l’être
La pratique volontaire et chronique de la faim a pour conséquence la plus évidente une perte de poids. Le jeûne est d’ailleurs une pratique courante dans le milieu de la mode, où les mensurations ont valeur marchande.
Plus mesurés dans leurs objectifs de poids idéal et de silhouette, des millions de personnes affament leur organisme et le contraignent à puiser dans les réserves de graisses pour continuer d’assurer les fonctions essentielles du métabolisme.
Qu’elles soient pressées par le regard de la société ou par des convenances personnelles, les objectifs de poids et de mensurations sont définis ordinairement suivant des indices de poids jugé idéal (suivant la stature). Le plus populaire de ces indices n’est autre que l’IMC (indice de masse corporelle). Vous pouvez faire le calcul en ligne ici.
En plus de la légèreté du corps, il résulterait de la pratique du jeûne une « légèreté de l’esprit ». En cause ? La sérotonine (entre autre), l’une des hormones du bonheur, qui serait responsable au bout de plusieurs jours de jeûne, de cet état de détachement et de relaxation.
Associée à l’acétone, libérée par l’organisme lors d’un jeûne, la sérotonine a pour effet de placer l’individu dans un état de « légèreté ». Cet état vient entre autre des énormes quantités d’acétone produites par la bile à partir des réserves de graisse, et ce, dès les quatre voire six premières heures après le dernier repas.
Les autres vertus du jeûne
La faim que l’on s’impose a pour autres vertus de provoquer une détoxication des organes émonctoires ou d’élimination du corps. En effet, les graisses accumulées dans le corps servent également au transport et à la fixation des toxines ; on pourrait citer par exemple les gangliosides, qui bien qu’entrant dans la composition des cellules nerveuses, fixent aussi nombre de virus et toxines.
En imposant au corps de dissoudre les sucres et gras du corps pour se fabriquer son propre glycogène pour continuer d’assurer les fonctions essentielles du corps, le jeûne provoque de ce fait une élimination des toxines stockées. Les organes tels que le foie, la rate, les reins, l’estomac, ou encore l’intestin, qui déjà sont mis au repos, se voient « régénérés » par ce processus de nettoyage.
De cette élimination de toxines, il résulte aussi une réduction du sébum de la peau, cette dernière est alors clarifiée.
Le jeûne, en consumant les réserves de graisse du corps, réduit les risques de maladies cardio-vasculaires, provoquées généralement par l’obstruction des vaisseaux sanguins par des graisses accumulées dans le système lymphatique.
Pour toutes ces raisons, des milliers d’individus malades pratiquent le jeûne de façon intermittente ; c’est aujourd’hui l’une des formes les plus répandues de la cessation volontaire de l’alimentation.
Afin de résumer la dimension bénéfique du jeûne sur la santé, Yvon Le Maho, directeur de recherche en biologie au CNRS, a déclaré « Le corps humain est beaucoup mieux adapté à la carence de nourriture qu’il ne l’est à son excès ».
La retenue devant des bénéfices aux frontières diffuses
Le jeûne n’a pas que des partisans, à raison au vu du flou qui entoure encore la quantification de ses bénéfices mais aussi les effets pervers dont il se fait accompagner.
La perte de poids observée dans les premiers jours du jeûne serait par exemple due à la perte en eau et en masse musculaire du corps, du fait du déstockage du glycogène. Ce ne serait qu’après 3 ou 5 jours que le corps commencerait à puiser dans les graisses.
Si des résultats probants ont été observés chez les souris en associant le jeûne à la lutte contre le cancer, chez l’Homme ces résultats peinent à se faire jour. L’INCA invite à la prudence et déconseille même la pratique dans cette optique.