Si la majorité des phénomènes météorologiques ont généralement lieu dans plusieurs endroits du globe, certains sont purement locaux et n’apparaissent que dans des zones bien délimitées. C’est le cas de la foudre de Catatumbo, phénomène qui ne se produit qu’au Venezuela, au-dessus du fleuve Catatumbo.
Au-dessus de l’embouchure du fleuve Catatumbo, affluent du lac Maracaibo situé entre la Colombie et le Venezuela, apparaît chaque année un phénomène météorologique particulier : la foudre de Catatumbo.
Il s’agit d’un puissant orage récurrent, se produisant entre 140 et 160 nuits par an, pouvant persister pendant une dizaine d’heures et frappant avec une fréquence d’environ 280 éclairs par heure. Malgré sa récurrence annuelle, l’intensité et les caractéristiques de l’orage changent d’année en année selon les conditions météorologiques.
L’orage apparaît exclusivement au-dessus du fleuve Catatumbo, dans une zone dont les coordonnées sont comprises entre 8°30′N 71°0′W et 9°45′N 73°0′W. Le mécanisme à l’origine du phénomène est décrit par le climatologue Melchor Centeno en 1911. La région étant entourée de contreforts, la circulation fermée des vents serait la cause des orages.
Les vents provenant des plaines marécageuses autour du fleuve poussent la masse d’air chaud qui se retrouve enfermée entre les contreforts montagneux alentours. Au crépuscule, le vent confiné accélère, créant un courant-jet de barrière de bas niveau (low level jet stream). En remontant, l’air chaud rencontre l’air froid d’altitude (environ 1 km), formant des nuages instables et déclenchant la foudre à répétition.
Le ciel s’illumine alors constamment pendant plusieurs heures, produisant des éclaires de plusieurs kilomètres de haut.
La topologie du terrain offrant un environnement confiné, les conditions météorologiques déclenchant l’orage se renouvellent constamment, conduisant à une régénération de l’orage durant la quasi totalité de la nuit. La cause de la fréquence et de l’intensité anormales des éclairs fait encore l’objet de recherches.
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En 1991, le géophysicien Andrew Zavrostky suggère que la présence d’uranium dans les roches du sol et des contreforts périphériques favoriseraient la production d’éclaires.
Entre 1997 et 2000, le géophysicien Nelson Falcón conduit plusieurs études et propose que le méthane, provenant des marais et des dépôts de pétrole locaux serait majoritairement à l’origine des éclairs. Toutefois, des études contradictoires ont montré que ce modèle n’était pas en accord avec la fréquence saisonnière des éclairs. Une autre étude menée par Ángel G. Muñoz propose une relation avec la zone de convergence intertropicale et le modèle ENSO.
Le chercheur a également montré qu’il était possible de prédire l’apparition de ces orages au-dessus du fleuve Catatumbo en combinant les données relatives au courant-jet de bas niveau et au modèle ENSO. Pour ce faire, son équipe et lui ont utilisé des ballons météorologiques afin d’acquérir des données précises sur le phénomène.