Des chercheurs ont analysé l’impact des différentes mesures sanitaires et des facteurs climatiques sur le taux de transmission de la COVID-19 aux États-Unis, dans le but de définir lesquels auraient les effets les plus encourageants contre la pandémie.
Lors d’une épidémie, les spécialistes estiment le nombre de personnes pouvant être contaminées par un individu malade grâce au nombre de reproduction de base (R0). Pour éradiquer la COVID-19, R0 doit être inférieur à 1. En d’autres termes, les individus infectés doivent transmettre le virus à moins d’une personne. Tant que R0 reste supérieur à 1, la propagation du pathogène persistera.
Un groupe de chercheurs dirigé par le pédiatre David Rubin de l’hôpital des enfants de Philadelphie a réalisé une étude de cohorte avec pour objectif de déterminer les facteurs réduisant efficacement le nombre R0. Le groupe a récolté des données provenant de 211 comtés américains et enregistrées entre le 25 février et le 23 avril, regroupant ainsi les informations sur plus de 54% de la population du pays.
Ils se sont focalisés sur trois facteurs : la densité de population, la distanciation sociale et la météo. Ils avaient prédit une diminution importante de la transmission avec la distanciation sociale du fait de la limitation des contacts physiques. La densité de la population, qui est liée à la distanciation sociale, vient en deuxième position : plus elle est grande, moins il sera facile de garder les individus éloignés les uns des autres. Les effets de la météo sont encore une source de divergences entre les experts, mais nombre d’entre eux estiment que la température et l’humidité ont un effet non négligeable sur la propagation du virus.
Le facteur le plus important : la distanciation sociale
L’équipe a mesuré la distanciation sociale avec les données de localisation mobile au niveau de chaque comté, en estimant les taux de déplacement vers les entreprises non essentielles durant les mesures de fermeture, et ils les ont comparées à la période précédant la pandémie.
« Sans équivoque, le facteur le plus important de nos modèles associés à une transmission réduite a été la distanciation sociale », déclare le Dr Rubin. En effet, elle est la variable réduisant nettement le nombre R0. Les chercheurs ont constaté qu’un déclin de 50% des visites vers des entreprises non essentielles entraînait en moyenne une baisse de 46% du R0, et jusqu’à 60% lors d’une diminution des visites de 75%.
Une population plus dense a été comme prévu conséquente mais peu significative, avec une légère hausse du R0. Le facteur météo a donné des résultats moins concluants : les températures humides les plus froides et plus chaudes augmenteraient toutes les deux le nombre R0. Mais avec une météo similaire au printemps, ils ont observé la plus faible valeur R0 comparée aux différents climats observés.
Sur le même sujet : Selon les microbiologistes, voici comment se laver correctement et efficacement les mains
Bien que la distanciation sociale engendre les meilleurs résultats, il ne faut pas oublier que les données sur lesquelles l’équipe a travaillé ne sont qu’observationnelles et ne confirment en rien leurs interprétations. Cependant, elles permettent d’avoir une idée sur les variables qui seraient les plus efficaces. Elles montrent également qu’aux États-Unis, une levée moins rapide de nombreuses mesures, ainsi que la limitation du nombre de personnes autorisées à se rassembler auraient indéniablement réduit le taux de transmission dans le pays comme en Europe ou au Canada.
« Alors que la résurgence de la pandémie se poursuit, nous devons nous engager à prendre des mesures de distanciation sociale et de masquage universel à l’échelle nationale, afin de maîtriser cette épidémie et d’éviter une saison automnale et hivernale potentiellement catastrophiques », déclare le Dr Rubin.