« Il faut manger cinq fruits et légumes par jour » : ce conseil n’a jamais été aussi vrai que dans une nouvelle étude qui révèle que le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l’enfant peut être accentué par des carences nutritionnelles. Les enfants ayant un régime plus riche en fruits et légumes présentent des symptômes moins graves, selon l’étude. Souvent sous-estimés, les symptômes de la maladie peuvent survenir dès l’enfance, mais l’on n’en cerne pas encore complètement les facteurs déclencheurs. De plus, il n’existe pas encore de traitement spécifique contre la maladie, et ceux prescrits aujourd’hui n’en atténuent que les symptômes. Un bon régime alimentaire ferait-il partie de la solution ?
Le TDAH est une maladie neurologique complexe, affectant des millions des personnes dans le monde et qui influe sur le comportement. Ainsi, elle peut fortement nuire aux activités quotidiennes. Chez l’enfant et l’adolescent, elle se manifeste par des difficultés de concentration et à terminer des tâches entamées. Les personnes en souffrant auraient aussi tendance à être plus impulsives, allant parfois jusqu’à montrer un moindre respect des règlements ou des directives. Ces comportements sont étroitement liés à des difficultés de gestion émotionnelle et à l’acceptation des changements.
Toutefois, ces symptômes comportementaux peuvent différer d’un enfant à l’autre, ce qui rend difficile le diagnostic de la maladie. Les enfants atteints ne sont par exemple pas tous hyperactifs (d’où l’appellation « avec ou sans hyperactivité »), et si certains ont tendance à être turbulents, d’autres sont au contraire très calmes. Le diagnostic de la maladie reste d’ailleurs pour le moment clinique, car il n’existe aucun signe neurologique ou physique précis qui permettrait de la détecter.
Les facteurs de risque du TDAH sont le plus souvent d’origine psychologique. L’environnement où vit l’enfant peut par exemple être stressant, s’il y a des tensions dans sa famille notamment. La maladie aurait aussi tendance à se montrer héréditaire. Si un membre de la famille présente des symptômes, il est probable qu’un autre membre en ait aussi.
Physiologiquement, les symptômes de la maladie résulteraient de déficits en neurotransmetteurs tels que la dopamine et la noradrénaline dans le cortex préfrontal. En plus des stimuli provenant de l’environnement extérieur, ces déficits peuvent aussi être induits par des facteurs génétiques ou par l’exposition à des toxines in utero.
Dans la nouvelle étude parue dans la revue Nutritional Neuroscience, des chercheurs démontrent que des nutriments essentiels apportés par les fruits et les légumes (idéalement crus) peuvent aider l’organisme des enfants à produire les bons neurotransmetteurs. Cette recherche est une synthèse d’une étude clinique baptisée MADDY (Micronutrients for ADHD in Youth) ainsi que d’une autre étude publiée dans Nutrients, abordant l’implication de l’insécurité alimentaire pédiatrique dans le TDAH.
Un bon régime alimentaire pourrait peut-être ainsi fournir une alternative moins invasive aux psychostimulants. Ces substances médicamenteuses sont notamment habituellement prescrites pour les enfants souffrant de TDAH et peuvent présenter d’importants effets secondaires, ou exposer à des dépendances.
« Ce que les cliniciens font habituellement lorsque les enfants atteints de TDAH commencent à avoir des symptômes plus graves, c’est d’augmenter la dose de leurs médicaments de traitement, s’ils en prennent, ou de les mettre sous médicaments si ce n’est pas le cas », indique dans un communiqué Irene Hatsu, co-auteure de l’étude et professeure agrégée de nutrition humaine à l’Université d’État de l’Ohio. D’après l’experte, les résultats de la nouvelle étude montrent que l’accès des enfants à la nourriture ainsi que la qualité de leur alimentation doivent être également pris en compte lors des diagnostics cliniques.
Un régime plus équilibré pour moins de symptômes
Au cours des recherches dirigées par l’Université d’État de l’Ohio, les parents de 134 enfants âgés de 6 à 12 ans et atteints de TDAH ont rempli des questionnaires détaillés sur les régimes alimentaires (compositions et tailles des portions) des enfants, sur une période de 90 jours. Un autre questionnaire a également été soumis pour évaluer les symptômes d’inattention des enfants (difficulté à rester concentré, non-respect des instructions, difficulté à mémoriser et difficulté à réguler les émotions).
Les résultats ont alors montré que ceux consommant plus de fruits et de légumes présentaient des symptômes d’inattention moins sévères que ceux qui n’en mangeaient presque pas, ce qui suggère « qu’une alimentation saine, y compris des fruits et des légumes, peut être un moyen de réduire certains des symptômes du TDAH », affirme Hatsu.
Les données de l’étude MADDY ont été utilisées dans le cadre de l’étude de l’Ohio. L’essai clinique a en effet eu pour objectif de tester l’efficacité d’un complément alimentaire composé de 36 ingrédients (des vitamines et des minéraux que l’on trouve dans les fruits et légumes) pour atténuer les symptômes du TDAH. Les enfants traités avec le complément étaient alors trois fois plus susceptibles d’obtenir une amélioration de leurs symptômes.
Par ailleurs, le programme MADDY serait l’un des premiers à analyser la relation entre les symptômes du TDAH et l’alimentation chez les enfants occidentaux, où les régimes seraient moins sains que ceux méditerranéens ou japonais par exemple.
L’insécurité alimentaire peut aggraver les symptômes
La deuxième étude antérieure appuyant la principale a également montré que les enfants dont les familles avaient des niveaux d’insécurité alimentaire plus élevés, étaient plus susceptibles de présenter des symptômes plus graves de dérégulation émotionnelle (irritabilité chronique, humeurs colériques, …).
De plus, le stress des parents ayant du mal à subvenir aux besoins alimentaires des enfants est aussi susceptible d’impacter la santé psychologique de ces derniers et d’induire les symptômes du TDAH.