Alors que le régime méditerranéen est célèbre depuis des décennies pour ses supposés bienfaits sur la santé, nous commençons tout juste à comprendre de façon précise son impact sur notre organisme. Ces dernières années ont notamment vu émerger différentes études dans ce sens, dont l’une explorant pour la première fois ses effets au niveau cellulaire. Bien qu’il n’existe pas encore de consensus concernant ses vertus, les conclusions des dernières études confortent l’idée que le régime contribue effectivement à la prévention de nombreuses pathologies.
Selon sa définition conventionnelle, le régime méditerranéen est composé de beaucoup de légumes, de légumineuses, de fruits, de noix, de céréales et de produits de la mer. Il contient peu de viande et de produits laitiers, tandis que l’alcool (du vin rouge en général) y est consommé avec modération. Cependant, cette liste d’ingrédients est sujette à des changements au fil des années. En effet, la liste exacte des composants du régime fait encore aujourd’hui débat.
Par exemple, l’huile d’olive a été incluse un peu plus tard parmi les ingrédients clés, les régions du bassin méditerranéen étant les principales productrices et consommatrices. De leur côté, les produits laitiers sont en fin de compte considérés depuis peu comme acceptables dans le régime, tandis que la quantité d’alcool devrait être diminuée par rapport aux précédentes estimations.
Il est ainsi difficile de déterminer lesquels des composants apportent réellement des bénéfices sur la santé. Néanmoins, de nombreuses études confirment que même une version généralisée — c’est-à-dire avec une liste d’ingrédients spécifiques non exhaustive — serait bénéfique. D’un autre côté, les chercheurs commencent également à explorer de manière plus approfondie les avantages de certains de ces ingrédients clés, comme l’huile d’olive.
Un risque de mortalité significativement réduit
Parmi les principaux avantages du régime méditerranéen figurent la protection contre certaines maladies cardiovasculaires et neurologiques (Alzheimer et Parkinson). Des chercheurs ont par exemple mis au jour des preuves suggérant une incidence significativement réduite de troubles cardiovasculaires. Cela pourrait notamment expliquer pourquoi la mortalité par maladie cardiovasculaire en Italie est inférieure à la moyenne mondiale. Des études ont également suggéré un risque considérablement réduit (jusqu’à 28 %) de décès par démence.
Des études épidémiologiques ont aussi rapporté que les avantages s’étendaient au-delà de la santé cardiaque et neurologique. L’une d’elles suggère par exemple un risque réduit de diabète de type 2 et de cancer chez les personnes adoptant le régime. Un risque de mortalité toutes causes confondues significativement réduit a également été relevé. En outre, le régime figurerait également parmi les secrets de longévité des centenaires du sud de l’Italie.
Cependant, les études explorant véritablement les mécanismes physiologiques sous-jacents à ces bienfaits sont relativement récentes. L’an dernier, une recherche a démontré pour la première fois les avantages du régime au niveau cellulaire. Les précédents travaux ayant suggéré que les bénéfices sont principalement induits par l’huile d’olive, les effets au niveau cellulaire rapportés concernent cet ingrédient. Lors d’expériences in vitro, l’huile d’olive extra vierge a efficacement protégé les cellules contre l’oxydation.
Pour l’huile d’olive extra vierge en particulier, les bienfaits par rapport à celle raffinée seraient apportés par son abondance en composés bioactifs, comme les polyphénols. Une récente étude connexe a d’ailleurs révélé que ces derniers ont modifié le microbiote intestinal de souris avec comme conséquence une pression artérielle plus basse que la moyenne. Mis à part l’huile d’olive, il a été suggéré que d’autres composants du régime moduleraient l’activité génétique liée à l’inflammation.
Un régime qui ne convient pas à tous
Cependant, certaines études ont suggéré que malgré les nombreux avantages rapportés, ce régime pourrait ne pas convenir à tous. L’une d’entre elles, menée sur plus de 20 000 personnes recrutées dans le sud de l’Italie, semblait a priori confirmer celles précédentes, rapportant des bénéfices sur la santé. Toutefois, ces atouts ne semblaient profiter qu’aux groupes au revenu et à l’éducation élevés. Cela pourrait suggérer que malgré les efforts pour adopter le régime, la qualité des ingrédients joue un rôle essentiel. En effet, les personnes à faible revenu n’ont parfois pas d’autres choix que d’acheter les produits les moins chers sur le marché, tels que ceux surgelés et transformés.
D’un autre côté, chaque région du monde possède ses caractéristiques propres (climat, sols, biodiversité, …) influençant le type d’aliments de base disponibles. Cela signifie que chaque région devrait logiquement disposer d’un régime alimentaire traditionnel optimal qui lui est propre, selon les scientifiques. Cela pourrait impliquer qu’un régime étranger, notamment méditerranéen, pourrait ne pas apporter les avantages escomptés, voire induire des conséquences inattendues. Néanmoins, la notoriété du régime méditerranéen contribue à fournir les bases d’une alimentation saine et équilibrée. Les résidents d’autres pays pourraient en effet consommer par exemple les légumes et légumineuses locales, mais pas nécessairement ceux d’origine méditerranéenne.