Le Royaume-Uni teste un traitement capable de freiner le diabète de type 1 pendant des années

« Pendant plus d'un siècle, le diabète de type 1 a signifié une chose : une vie entière d'insuline. Mais pour la première fois, la science brise ce paradigme… »

traitement retardant diabete type 1
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Les premiers patients au Royaume-Uni diagnostiqués avec un diabète de type 1 ont commencé à recevoir du téplizumab, un traitement conçu pour intercepter la maladie avant l’apparition des premiers symptômes et en retarder la survenue de plusieurs années. Plutôt que de remplacer l’insuline, ce médicament cible directement le processus auto-immun qui déclenche la maladie. Déjà autorisé aux États-Unis, il fait actuellement l’objet d’un examen en vue d’une utilisation à grande échelle au Royaume-Uni.

Environ 10 % des personnes atteintes de diabète souffrent de diabète de type 1. Elle se distingue du diabète de type 2 par le fait qu’elle n’est pas liée au mode de vie, mais résulte d’une maladie auto-immune provoquée par une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux. Dans ce contexte, le système immunitaire attaque le pancréas et détruit les cellules bêta qui produisent l’insuline, entraînant un déficit sévère et compromettant la régulation de la glycémie. L’hyperglycémie chronique augmente le risque de cécité, d’insuffisance rénale et de décès prématuré.

Si l’on pensait autrefois que le diabète de type 1 était une maladie infantile, des études ont montré que plus de la moitié des nouveaux cas surviennent chez l’adulte. Les patients doivent s’injecter de l’insuline quotidiennement et à vie pour contrôler leur glycémie. Or l’insulinothérapie comporte des risques, notamment celui de provoquer une hypoglycémie ; une glycémie trop basse peut, dans les cas les plus sévères, entraîner des convulsions, voire la mort.

Vers la fin de la dépendance à l’insuline ?

« Il n’est pas surprenant que le besoin d’équilibre constant entre hyperglycémie et hypoglycémie ait de lourdes conséquences sur la santé physique et mentale », expliquent dans un article publié sur The Conversation Richard Oram, professeur de diabète et de néphrologie, et Nicolas Thomas, maître de conférences clinicien en diabète et endocrinologie à l’Université d’Exeter. « Pendant sa grossesse, Robinson a eu besoin d’insuline et a constaté de visu que la vie tourne entièrement autour de l’équilibre glycémique », ajoutent-ils, en évoquant Hannah Robinson, première adulte britannique à recevoir le téplizumab.

Robinson a reçu un diagnostic précoce de diabète de type 1 à l’occasion d’une analyse de routine durant sa grossesse. Elle est actuellement suivie à l’institut Royal Devon du National Health Service (NHS), au Royaume-Uni.

« Le téplizumab propose une approche totalement différente. Au lieu de simplement remplacer l’insuline, il cible l’attaque immunitaire responsable du diabète de type 1 », précisent les experts. « Pendant plus d’un siècle, le diabète de type 1 a signifié une chose : une vie entière d’insuline. Mais pour la première fois, la science brise ce paradigme, non pas en prenant en charge la maladie, mais en l’interceptant avant même l’apparition des symptômes », ajoutent-ils.

Un traitement retardant la maladie de deux à trois ans

Le téplizumab est un anticorps monoclonal qui « reprogramme » le système immunitaire en modulant l’activité des lymphocytes T déréglés ciblant spécifiquement les cellules bêta du pancréas. Des essais cliniques ont montré qu’il pouvait retarder de deux à trois ans l’apparition de la maladie et le recours à l’insulinothérapie. Pour les patientes comme Robinson, qui connaissaient une grossesse et avaient un travail à temps plein, il était essentiel de prolonger leur temps sans avoir besoin d’injections d’insuline.

Ce traitement n’est cependant pas adapté à tous les patients diabétiques. Son efficacité suppose une administration avant l’apparition des symptômes, c’est-à-dire lorsque la capacité à réguler la glycémie est encore intacte. En effet, lorsque les premiers signes apparaissent (soif intense, perte de poids, fatigue chronique), le patient a déjà perdu plus des trois quarts de sa capacité de production d’insuline.

Or, établir un diagnostic avant les symptômes reste complexe, en particulier chez l’adulte. Chez les jeunes, le diagnostic est facilité par le fait que le diabète de type 1 constitue la majorité des cas. En revanche, il demeure difficile chez les adultes de plus de 30 ans en raison de la prévalence plus élevée du diabète de type 2. Il arrive ainsi que les cliniciens peinent à distinguer les deux formes.

Il est toutefois possible de dépister des marqueurs d’auto-immunité des années avant les symptômes, grâce à la recherche d’auto-anticorps pancréatiques dans le sang. « Un dépistage précoce permet non seulement de retarder la progression de la maladie, mais aussi d’éviter les situations d’urgence potentiellement mortelles qui accompagnent parfois un premier diagnostic, comme l’acidocétose diabétique », soulignent les experts.

Cependant, la question de savoir qui dépister reste ouverte, précisent les chercheurs, car les risques varient fortement d’une personne à l’autre. Bien que le diabète de type 1 comporte une composante génétique, celle-ci implique de nombreux gènes différents, chacun modifiant à la hausse ou à la baisse le risque individuel.

En outre, les facteurs génétiques seuls ne suffisent pas à expliquer la maladie : des influences environnementales encore mal comprises interviennent également. Neuf personnes sur dix diagnostiquées avec un diabète de type 1 n’ont d’ailleurs aucun antécédent familial. Des recherches suggèrent que la combinaison des facteurs génétiques en un score de risque unique pourrait aider à identifier plus tôt les personnes, y compris les nourrissons, les plus susceptibles de développer la maladie.

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