Le premier module de la Russian Orbital Service Station (ROSS), la nouvelle station spatiale russe, sera lancé en orbite quasi polaire d’ici 2027, selon une récente annonce de l’Agence spatiale russe Roscosmos. Prévue pour orbiter à la même altitude que la Station spatiale internationale (ISS), la station est lancée dans l’objectif de s’affranchir des accords internationaux qui, selon l’agence, ont longtemps entravé les recherches scientifiques et les intérêts du pays.
La Russie est l’un des principaux pays membres de l’ISS aux côtés des États-Unis (par le biais de la NASA), des pays de l’Union européenne (avec l’ESA), du Japon (JAXA) et du Canada (ASC). Alors que l’ISS approche de la fin de sa durée de vie opérationnelle et sera de ce fait bientôt démantelée, Roscosmos, l’agence spatiale russe, avait déjà annoncé en 2022 son intention de se retirer du programme de l’ISS après cette année. Cette décision a été annoncée peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a aggravé les tensions entre cette dernière et les autres pays occidentaux.
Toutefois, l’agence a finalement déclaré vouloir rester dans le programme de l’ISS jusqu’en 2028, probablement en attendant la mise en orbite de ROSS, la nouvelle station spatiale russe qui succédera à Mir (l’ancienne station spatiale placée en orbite terrestre basse par l’Union soviétique et démantelée en 2001).
Bien que le calendrier de l’ISS demeure pour le moment relativement incertain, l’accélération de celui de ROSS affirme l’intention de la Russie d’œuvrer pour ses propres intérêts en matière de recherches scientifiques et de sécurité, sans être entravée par les différents accords internationaux. L’agence spatiale russe envisage également des partenariats avec d’autres pays tels que le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, ainsi que d’autres pays africains.
Un fonctionnement majoritairement automatique
Selon Roscomos, ROSS comprendra jusqu’à 7 sections, incluant un module énergétique et scientifique central appelé NEM-1 (ou Science Power Module 1). La construction de la station débutera par le lancement de ce premier module d’ici 2027. À noter que NEM-1 a initialement été conçu pour être amarré à l’ISS, mais subira une refonte d’environ deux ans pour l’adapter à ROSS. Le lancement en orbite sera effectué avec la fusée russe nouvelle génération Angara A5, qui a déjà effectué 3 essais de vol orbital réussis.
Mis à part le lancement de NEM-1, la première étape de construction de la station inclura également trois autres modules : un NEM amélioré, un module de nœud universel et un sas, ou un module passerelle. Ces installations devraient être achevées d’ici 2030. La seconde étape comprendra l’amarrage de deux autres modules spécialisés, prenant en charge la logistique et l’entretien des engins spatiaux. La réalisation de cette étape aura lieu entre 2031 et 2033.
D’autre part, contrairement à l’ISS, qui est en permanence habitée par des astronautes, ROSS ne sera visitée que périodiquement et fonctionnera majoritairement sans équipage, en mode automatique. Roscosmos a invoqué des raisons à la fois économiques et sécuritaires, notamment la limitation de l’exposition des astronautes aux radiations. L’agence prévoit d’y envoyer le premier groupe de cosmonautes en 2028 pour l’installation des nouveaux composants de la station, ainsi que pour différentes expériences scientifiques. Au total, le coût de l’ensemble du projet pourrait s’élever jusqu’à 7 milliards de dollars, dont le premier tiers sera consacré aux trois premières années de travaux.
Un contrôle intégré d’une flotte de petits satellites
ROSS fonctionnera en orbite quasi-polaire héliosynchrone à la même altitude que l’ISS, soit à environ 400 kilomètres. Cette orbite permettra à la station de passer au-dessus du même point du globe toujours à la même heure. Elle permet également d’assurer deux fonctions principales. La première réside dans les observations à haute fréquence de toute la surface de la planète et de la route maritime du Nord (de haute importance stratégique). La seconde consiste à assurer un accès plus facile à la station par rapport au module russe de l’ISS, ce qui permettra de mener plus d’expériences médico-physiologiques que ce qui est actuellement possible sur la section russe de l’ISS.
Par ailleurs, Roscosmos prévoit également d’intégrer l’IA à la gestion des différentes fonctions de la station. « L’intelligence artificielle est une technologie qui évolue rapidement », a déclaré Vladimir Kozhevnikov, concepteur en chef de ROSS, selon l’Agence de presse russe. « Nous utiliserons son soutien, mais nous utiliserons essentiellement notre cerveau, bien sûr », a-t-il précisé.
ROSS est également conçue pour contrôler une flotte de petits satellites qui seront directement lancés depuis la station, une première dans l’histoire de l’exploration spatiale. « Cette flotte restera à proximité de la station, ce qui impliquera également de toutes nouvelles tâches pour le contrôle de mission, comme personne n’a jamais essayé de le faire », conclut Soloviev.