Alors que le Soleil a officiellement entamé sa phase d’activité maximale, des astronomes annoncent qu’il est également sur le point d’entrer dans une nouvelle phase de son cycle, appelée « zone de combat ». Ce phénomène se manifeste par l’apparition de trous coronaux géants pouvant envoyer des rafales de vents solaires extrêmes. Cela pourrait avoir des conséquences sur les réseaux de satellites en orbite autour de la Terre.
La dynamique d’activité du Soleil est régie par un cycle de 11 ans caractérisé par une période de maximum et de minimum solaire. Le nombre de taches à la surface du Soleil atteint un pic au cours du maximum solaire, avec de puissantes éruptions projetant des flux de particules chargées vers la Terre et provoquant des tempêtes géomagnétiques.
Les astronomes estiment que le cycle solaire actuel (le 25e) devrait atteindre son pic d’activité maximale d’ici l’année prochaine. En effet, l’activité du Soleil s’est rapidement intensifiée depuis 2019, suggérant que le maximum solaire pourrait survenir plus tôt que ce qui a initialement été prévu. Les météorologues ont récemment confirmé cette hypothèse en indiquant que la période d’activité maximale du Soleil est déjà bien entamée et devrait durer environ un an ou plus.
Cette progression vers le maximum solaire signifie également un cheminement plus rapide vers la « zone de combat », un autre aspect du cycle solaire qui est régi par le « cycle de Hale ». Selon les chercheurs de Lynker Space, cette étape débutera dans environ un an ou deux, lorsque le maximum solaire sera passé, et pourrait augmenter de 30 à 50 % l’activité géomagnétique dans la haute atmosphère terrestre jusqu’en 2028. « Le potentiel de tempêtes géomagnétiques de grande ampleur et dangereuses dans les prochaines années est bien réel », a déclaré Scott McIntosh, physicien solaire et vice-président de Lynker Space, à Live Science.
Un « bras de fer magnétique » entre les deux hémisphères solaires
Le cycle solaire de 11 ans correspond à la durée moyenne entre deux maximums solaires. À la fin de chaque cycle, les pôles magnétiques du Soleil s’inversent puis reprennent à nouveau leur configuration initiale lors de la fin du prochain cycle. Appelée « cycle de Hale », cette période de 22 ans correspond donc au laps de temps nécessaire aux pôles magnétiques solaires pour se remettre en place.
Au cours du cycle de Hale, de larges bandes de champ magnétique (ou bandes de cycle de Hale) émergent des pôles solaires et migrent lentement vers l’équateur. Une nouvelle bande apparaît au niveau des deux hémisphères à chaque maximum solaire et persiste jusqu’à la fin du cycle solaire suivant, avant de disparaître en atteignant l’équateur (un processus appelé « terminator solaire »). Au cours de la première moitié du cycle solaire, chaque hémisphère ne présente donc qu’une bande de cycle de Hale chacun, tandis qu’ils en contiennent deux pendant la seconde moitié.
Lorsqu’il n’y a qu’une bande de cycle de Hale au niveau de chaque hémisphère solaire, cela crée un déséquilibre où les champs magnétiques près de l’équateur sont plus faibles. Ce déséquilibre engendre la formation de davantage de taches solaires qui, à leur tour, provoquent plus d’éruptions. En revanche, l’apparition d’une deuxième bande atténue ce déséquilibre et réduit la formation de taches solaires au fil des années.
La zone de combat est un nouveau terme proposé par Lynker Space pour décrire la période au cours de laquelle deux bandes de cycle de Hale « se disputent » la domination dans chacun des hémisphères solaires, provoquant une augmentation de l’activité géomagnétique du Soleil. « Nous utilisons ce terme pour décrire le fait que l’activité géomagnétique est renforcée après le maximum des taches solaires », explique McIntosh.
Des trous coronaux géants provoquant des vents solaires extrêmes
La compétition entre les deux bandes de cycle de Hale provoque la formation de gigantesques trous coronaux, des régions sombres créées à la surface Soleil par des brèches dans la couronne solaire. Ces trous peuvent générer de brèves et très puissantes rafales de vent solaire bombardant l’atmosphère des planètes alentours de flux de plasma énergétique. De telles rafales se sont par exemple produites en 2022 et en 2023, la première ayant été si puissante qu’elle a brièvement « fait exploser » l’atmosphère de Mars (une dilatation soudaine qui l’a fait atteindre 3 fois sa taille normale).
Cela signifierait que lors de la zone de combat, l’atmosphère terrestre subira les bombardements des particules provenant à la fois des trous coronaux et des éruptions solaires. L’activité géomagnétique supplémentaire pourrait provoquer une dilatation de l’atmosphère, comme cela s’est produit en 2022 sur Mars. Cela pourrait à la fois engendrer des aurores spectaculaires à des latitudes inhabituelles et provoquer des dommages au niveau des appareils en orbite terrestre, voire les faire s’écraser.
« Nous n’avons jamais eu autant d’objets en orbite basse », explique McIntosh. « Nous verrons en temps réel quel est l’impact de la zone de combat sur les entreprises qui luttent pour survivre et réussir dans cet environnement », conclut-il.