La sonde lunaire sud-coréenne livre des images époustouflantes

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Image de la Terre vue depuis la Lune, prise le 24 décembre 2022 par l’orbiteur sud-coréen Danuri. | KARI
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Cela fait un peu plus d’un mois que la sonde Danuri, développée par l’Institut coréen de recherche aérospatiale (KARI), est en orbite autour de la Lune. Il s’agit de la première mission du KARI à voyager au-delà de l’orbite terrestre. C’est également la première étape du programme d’exploration lunaire établi par l’Institut. L’engin embarque six instruments scientifiques, dont trois caméras, qui offrent aujourd’hui des images spectaculaires de notre planète et de sa lune.

La sonde Danuri — initialement nommée Korea Pathfinder Lunar Orbiter (KPLO) — est un projet développé en collaboration avec la NASA. Elle a été lancée début août depuis Cap Canaveral, en Floride, à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX. L’engin a atteint l’orbite lunaire à la mi-décembre ; depuis, il scrute la surface de notre satellite afin d’identifier les meilleurs sites d’alunissage pour les missions à venir — des données qui serviront tant au KARI qu’à la NASA dans le cadre de son programme Artemis.

Cet orbiteur de 678 kg, alimenté par deux panneaux solaires, est avant tout un démonstrateur technologique, dont les résultats permettront à la Corée du Sud de préparer au mieux ses futures missions d’exploration. Il est prévu que Danuri reste en orbite lunaire, à environ 100 km d’altitude, pendant 11 mois. En dehors de la réalisation d’une carte topographique précise, l’orbiteur est chargé de recenser les ressources lunaires disponibles et de cartographier les distributions spatiales des éléments (glace d’eau, uranium, hélium 3, etc.).

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Six charges utiles pour assurer sa mission scientifique

Parmi les instruments à bord, trois caméras : le LUTI (LUnar Terrain Imager) et la PolCam (Polarimetric Camera), d’origine coréenne, et la ShadowCam, fournie par la NASA.

L’imageur LUTI est une caméra haute résolution (< 5 mètres) qui doit photographier la surface lunaire afin d’identifier les sites d’alunissage potentiels. La caméra polarimétrique grand-angle (PolCam) est chargée de capturer des images polarimétriques de toute la surface lunaire, à l’exception des régions polaires, avec une résolution spatiale moyenne ; ces images serviront à caractériser en détail le régolithe lunaire. La ShadowCam doit quant à elle évaluer la réflectance des régions situées en permanence dans l’ombre, au niveau des pôles, afin d’identifier d’éventuels dépôts de glace d’eau.

Le KARI vient de relayer les toutes premières photos prises par la sonde pendant son transit et depuis qu’elle se trouve en orbite. Les images sont exceptionnelles. La sonde a notamment livré une série de 15 images montrant la procession de la Lune autour de la Terre ; ses images ont été prises le 25 septembre sur une période de trois heures, à une distance d’environ 1,54 million de kilomètres.

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© KARI

L’engin a également capturé deux photos spectaculaires de la Terre s’élevant au-dessus de l’horizon lunaire. On y distingue tous les détails de la surface parsemée de cratères. Ces images ont été prises deux jours après que la sonde se soit insérée dans en orbite lunaire.

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Image de la Terre et de la surface lunaire prise par Danuri le 28 décembre 2022, à une altitude de 124 km. © KARI

Un alunissage prévu au début des années 2030

En dehors de ses imageurs, la sonde Danuri transporte un spectromètre, le KGRS (KPLO Gamma Ray spectrometer), dont le rôle est de recenser toutes les espèces chimiques présentes en surface et de déterminer leur distribution spatiale. Elle embarque également un magnétomètre (le KMAG pour KPLO Magnetometer) ; les données collectées par l’instrument aideront à comprendre l’évolution du champ magnétique lunaire, et permettront de caractériser les ondes électromagnétiques près de la surface.

Enfin, un équipement de communication visant à tester la technologie du « réseau tolérant aux délais » se trouve également à bord. Il est question ici de tester l’efficacité d’un réseau informatique avec des latences de plusieurs minutes — une sorte d’Internet interplanétaire. La mission scientifique devrait officiellement démarrer le 23 février.

Après le Japon, la Chine et l’Inde, la Corée du Sud devient ainsi le quatrième pays asiatique à mettre en œuvre un programme d’exploration spatiale. À noter que le KARI développe également ses propres fusées dans le but de fournir à son pays un accès indépendant à l’espace. Une première fusée — le Korea Satellite Launch Vehicle 1 (KSLV-1) — développée en collaboration avec la Russie, a réalisé son dernier vol en 2013.

Le KSLV-2, en revanche, a été entièrement développé par la Corée du Sud. Son premier vol, effectué en octobre 2021, s’est soldé par un échec ; mais en juin 2022, lors d’une deuxième tentative, l’engin a réussi à atteindre l’orbite terrestre, faisant de la Corée du Sud le 11e pays à placer un satellite en orbite avec un lanceur de fabrication locale. L’Institut spatial sud-coréen prévoit un alunissage au début de la prochaine décennie. Cette mission impliquera un orbiteur, un atterrisseur et un rover.

Source : KARI

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