La recherche médicale dédiée à la compensation du handicap moteur a franchi une étape clé avec l’implantation réussie d’une neuroprothèse chez un patient atteint de la maladie de Parkinson. Cette intervention a permis de lui redonner une capacité de marche suffisamment confortable pour ne pas nécessiter d’aide. Désormais, il effectue même des promenades quotidiennes sur plus de six kilomètres.
La maladie de Parkinson, affectant des millions de personnes à travers le monde, est un trouble neurodégénératif progressif qui affecte le contrôle des mouvements. Caractérisée par des tremblements, une rigidité musculaire et des difficultés de coordination, elle résulte de la dégénérescence des neurones producteurs de dopamine dans le système nerveux central.
Les traitements existants, principalement médicamenteux, visent à soulager les symptômes, mais perdent souvent en efficacité avec la progression de la maladie. Parmi les défis majeurs rencontrés, les troubles de la marche (environ 90% des malades) représentent une entrave significative à l’autonomie des patients.
Face à cette problématique, une équipe internationale de neuroscientifiques et neurochirurgiens de l’EPFL/CHUV/UNIL (en Suisse), de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux, a mis au point un implant spinal promettant de restaurer la mobilité chez les individus atteints de Parkinson. Cette innovation, qui a déjà transformé la vie d’un patient français, pourrait offrir une nouvelle perspective de vie aux patients. Le document de l’étude publié dans Nature Medicine, détaille le développement de la neuroprothèse.
Implanter de l’espoir
Marc Gauthier, un habitant de Bordeaux de 63 ans, a vu sa vie bouleversée par la maladie de Parkinson, diagnostiquée il y a 25 ans. Avec le temps, sa condition s’est aggravée, entraînant des problèmes de mobilité sévères, notamment des troubles de l’équilibre et un phénomène de « freezing » de la marche, où le patient se sent comme figé, incapable de bouger. Ces symptômes ont profondément affecté son indépendance, le rendant sujet à des chutes fréquentes et limitant sa capacité à se déplacer, même pour des tâches quotidiennes simples.
L’intervention chirurgicale qu’a subie Marc constitue une première dans le traitement de la maladie de Parkinson à un stade avancé. L’opération a consisté à implanter un dispositif composé d’électrodes directement sur sa moelle épinière ainsi qu’un générateur d’impulsions électriques sous la peau de son abdomen. Ces électrodes ont été placées précisément dans les zones identifiées comme cruciales pour le contrôle des mouvements des jambes.
L’implant émet des impulsions électriques qui imitent les signaux que le cerveau devrait normalement envoyer pour initier et contrôler la marche. Grâce à un capteur de mouvement sur chaque jambe et à une programmation ciblée des stimulations de la moelle épinière qui s’adaptent en temps réel, l’implant s’active automatiquement et stimule la moelle épinière pour corriger les signaux anormaux responsables des troubles de la marche.
Cette technologie a permis à Marc de retrouver une démarche plus normale et de regagner une part de son autonomie perdue. Il rapporte dans un communiqué : « J’allume la stimulation le matin et je l’éteins le soir. Ça me permet de mieux marcher, de me stabiliser. Même les escaliers ne me font plus peur à présent. Tous les dimanches je vais au bord du lac, et je marche environ 6 kilomètres. C’est génial ».
Vers un traitement généralisé
La réussite de l’opération de Marc Gauthier avec l’implant spinal est un cas prometteur qui ouvre des perspectives enthousiasmantes pour le traitement de la maladie chez un grand nombre de patients. Cependant, pour que cette technologie puisse bénéficier à d’autres, il est essentiel de l’adapter et de l’optimiser pour une production et une utilisation à plus grande échelle. Actuellement, les chercheurs, en collaboration avec ONWARD Medical, s’attellent à la conception d’une version commerciale de la neuroprothèse. Cette version devra être à la fois efficace, sûre et pratique pour une utilisation quotidienne par les patients.
L’engagement de la Michael J. Fox Foundation for Parkinson’s Research (l’acteur de « Retour vers le Futur », qui est atteint de cette maladie) à travers un don substantiel est un catalyseur crucial pour propulser cette innovation du laboratoire à la clinique. Les fonds vont permettre de lancer des essais cliniques sur six nouveaux patients, étape indispensable pour valider l’efficacité et la sécurité de l’implant sur une population plus large et plus diverse. Si ces essais sont concluants, ils marqueront un tournant dans la prise en charge de la maladie de Parkinson, en offrant une solution concrète aux symptômes qui résistent aux traitements actuels. L’implication de cette réussite dépasse le cas individuel de Marc. Elle représente un espoir tangible pour des millions de personnes souffrant de cette maladie débilitante.