En novembre dernier, des astronomes ont découvert un système extrêmement rare composé de 6 exoplanètes gravitant très près de leur étoile hôte, sur des orbites parfaitement synchronisées. Selon les chercheurs, ces caractéristiques font de ce dernier une cible prometteuse pour la détection potentielle de signaux émis par des technologies extraterrestres. Bien qu’aucun signal de ce type n’ait encore été relevé, le système reste dans la ligne de mire des experts pour les futures observations.
Baptisé HD 110067, le système planétaire en question est situé à environ 100 années-lumière, dans la constellation de Bérénice. Bien que cette distance semble a priori considérable, c’est relativement proche d’un point de vue cosmique. Les 6 planètes, de type sub-neptune (c’est-à-dire de masse légèrement inférieure à celle de Neptune), orbitent si près de leur étoile hôte que toutes leurs distances orbitales réunies pourraient tenir entre Mercure et le Soleil. Compte tenu de ces distances, la période de révolution des planètes (autour de l’étoile donc) varie entre 9 et 55 jours.
Ces astres gravitent autour de leur étoile dans une configuration orbitale parfaitement ordonnée, selon un phénomène que les chercheurs appellent « chaîne résonante stable ». En effet, la première planète effectue 3 orbites quand la deuxième en effectue 2. Les deux planètes suivantes se déplacent exactement selon la même dynamique. Quant aux autres : la quatrième planète effectue 4 orbites, alors que la cinquième en effectue 3. Enfin, cette dernière effectue 4 orbites tandis que la sixième planète en effectue 3. De manière étonnante, cette configuration n’aurait pas évolué depuis au moins un milliard d’années.
Selon une équipe de l’Université de Californie à Berkeley, de l’Université d’Oxford et du SETI Institute, cette configuration aussi rare que parfaite ferait de ce système une région pouvant potentiellement émettre des « technosignatures ». Il s’agit d’effets mesurables fournissant une preuve scientifique de l’existence d’une technologie passée ou présente. C’est en quelque sorte l’équivalent technologique des biosignatures, qui indiquent la présence d’une forme de vie. La détection de ces signatures pourrait constituer une preuve de l’existence d’une civilisation extraterrestre avancée.
Chercher une aiguille dans une botte de foin
Les planètes sub-neptuniennes sont l’un des types d’exoplanètes les plus courants connus à ce jour. Celles pouvant abriter de l’eau liquide constituent des cibles idéales pour la recherche de signes de vie extraterrestre. HD 110067 est l’étoile la plus brillante connue possédant au moins quatre planètes. Trois d’entre elles ont de faibles densités, ce qui suggère qu’elles pourraient disposer d’atmosphères riches en hydrogène, sans compter qu’elles sont suffisamment proches de leur étoile pour potentiellement abriter de l’eau liquide.
D’autre part, HD 110067 est observée depuis la Terre au niveau de sa tranche, c’est-à-dire que nous pouvons voir les six planètes dans le plan de leur système — un point d’observation idéal pour détecter de potentielles technosignatures. Afin d’imager ce que cela signifie, on peut prendre l’exemple de la Terre, depuis laquelle les ondes radio des satellites et des télescopes rayonnent dans le plan de notre système solaire. Cela signifie que si quelqu’un en dehors de notre système solaire observait la Terre lorsqu’elle passe devant le Soleil, il serait peut-être en mesure de détecter un signal qui coïncide avec la trajectoire de la planète.
En outre, bien qu’elles ne se situent pas dans la zone habitable de l’étoile (la région autour d’une étoile offrant les conditions idéales pour soutenir la vie telle que nous la connaissons), le grand nombre de planètes augmente la probabilité qu’une civilisation extraterrestre puisse envoyer ses technologies sur les planètes voisines, comme nous le faisons désormais dans notre système solaire. « Notre technologie dans notre propre système solaire s’est répandue en dehors de la zone habitable », a déclaré à Space.com Steve Croft, de l’Université de Californie. « Ainsi, la civilisation technologique dans HD 110067 pourrait avoir des relais de communication installés sur plusieurs planètes du système », a-t-il expliqué.
Afin de détecter ces signaux — dans le cadre de leur nouvelle étude —, Croft et ses collègues se sont appuyés sur le Green Bank Telescope (GBT), le plus grand radiotélescope orientable au monde, situé en Virginie occidentale. Bien qu’un très grand nombre de signaux radio ait été détecté, il était difficile de distinguer lesquels provenaient de sources naturelles ou non. C’était un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin, ont rapporté les chercheurs.
Pour le moment, les recherches de l’équipe n’ont rien donné qui puisse ressembler à des technosignatures. D’un autre côté, il est important de noter que les experts ne savent pas à quoi pourraient ressembler exactement ces signaux, tout simplement parce que nous n’avons pas d’idée précise de ce à quoi pourraient ressembler les technologies extraterrestres qui auraient pu les émettre. « Je dois ajouter que nous ne savons pas s’il y a des aiguilles dans la botte de foin [, car] nous ne savons pas vraiment à quoi ressemblent les aiguilles », a précisé Croft.
Néanmoins, les protocoles d’observation développés par l’équipe permettent de trier très précisément les signaux provenant de sources naturelles ou non. Bien qu’aucun signal artificiel n’ait été détecté, ces résultats n’élimineraient pas la possibilité de l’existence de technosignatures provenant de HD 110067. Selon les chercheurs, cela pourrait tout simplement signifier qu’aucun signal n’a été émis dans notre direction au moment des observations. « Aucune technosignature n’a été trouvée, mais ce système inhabituel demeure une cible intéressante pour les futures recherches de technosignatures », ont-ils conclu dans leur rapport, publié dans la revue Research Notes of the AAS.