Alors que Tesla se prépare à lancer son service de robotaxis, l’entreprise semble vouloir constituer une équipe de téléopérateurs pour soutenir la flotte. Une offre d’emploi a été publiée pour le recrutement d’un ingénieur logiciel, dont le rôle sera de mettre en place un système permettant à des téléopérateurs humains de contrôler les robotaxis à distance. Cette décision montre une réorientation stratégique par rapport aux précédentes affirmations d’Elon Musk sur l’autonomie totale de ses véhicules.
Bien qu’ils ne le mentionnent généralement pas, la plupart des constructeurs de véhicules autonomes considèrent que la téléopération est un élément essentiel pour leur déploiement dans la circulation publique. En effet, même les logiciels de conduite autonomes les plus performants peuvent se heurter à des obstacles ou des imprévus que seuls des opérateurs humains sont capables de gérer. Autrement dit, ces derniers s’assurent que la conduite se déroule sans accrocs en prenant le relais en cas de problèmes que le logiciel ne parvient pas à résoudre par lui-même.
Waymo, l’un des leaders du secteur disposant déjà de services de robotaxis dans plusieurs villes américaines, s’appuie par exemple sur des équipes de téléopérateurs pour gérer des cas difficiles, tels que les zones de construction, les collisions sur la route et les pannes matérielles. La start-up Zoox, affiliée à Amazon, et la filiale Cruise, de General Motors, utilisent également un système de soutien similaire pour leurs robotaxis. Les détails sur ces systèmes de téléopération sont flous, mais on estime qu’environ 1,5 téléopérateur humain est nécessaire pour chaque véhicule.
De son côté, Elon Musk, le célèbre et impétueux PDG de Tesla, a affirmé à plusieurs reprises que ses véhicules peuvent atteindre une autonomie totale uniquement grâce à l’entraînement avancé des réseaux neuronaux qui les alimentent et à un système de vision basé sur des caméras. Il a également déclaré il y a plusieurs années que cet objectif aurait déjà été atteint aujourd’hui et a même annoncé en 2019 que Tesla aurait plus d’un million de robotaxis en circulation en 2020.
Cependant, Cybercab, le prototype de robotaxi à l’allure futuriste de Tesla n’a été dévoilé que le mois dernier et Musk annonce une production de masse d’ici 2026 ou 2027. L’entreprise change également de discours en se lançant finalement dans la téléopération, à l’instar de ses concurrents. « Nos voitures et nos robots fonctionnent de manière autonome dans des environnements difficiles. Au fur et à mesure que nous évoluons sur l’IA qui les alimente, nous devons pouvoir y accéder et les contrôler à distance », a écrit le constructeur automobile dans l’offre d’emploi publiée pour le recrutement de l’ingénieur logiciel.
Des téléopérateurs pour assurer la sécurité de déploiement des robotaxis ?
L’ingénieur logiciel sera recruté pour un poste à temps plein basé à Palo Alto et piloterait les exigences, prendrait des décisions de conception et mettrait en œuvre l’intégration d’un logiciel pour le système de téléopération. Plus précisément, l’ingénieur devra développer une application qui permettra à des téléopérateurs de contrôler les véhicules à distance, par le biais d’une visualisation basée sur la réalité virtuelle.
Toutefois, l’offre d’emploi ne précise pas si Tesla cherche à développer une nouvelle équipe de téléopérateurs ou si elle vise à former une équipe déjà existante. Cette décision semble néanmoins marquer une avancée dans son engagement à assurer la sécurité de déploiement de ses robotaxis dans la circulation publique. L’entreprise est d’ailleurs actuellement pointée du doigt pour les problèmes de sécurité liés à ses logiciels de conduite autonome.
Les véhicules autonomes de Tesla sont actuellement au niveau 2 d’autonomie, tandis que ceux de Waymo ont déjà atteint le niveau 4, l’un des plus élevés. Il n’est donc pas étonnant qu’elle fasse appel à des téléopérateurs humains, probablement en attendant d’atteindre l’objectif de conduite totalement autonome annoncé initialement. Selon Electrek, les premières flottes de robotaxis de Tesla seront déployées en Californie et au Texas d’ici le second trimestre de l’année prochaine.
D’un autre côté, ce n’est pas la première fois que Tesla s’appuie sur des téléopérateurs. Il a par exemple fait appel à des opérateurs à distance pour contrôler les robots Optimus pour que ceux-ci préparent des boissons et plaisantent avec les invités lors de l’événement « We Robot », en octobre dernier.
Les exigences pour contrôler les robotaxis à distance seraient toutefois différentes, la circulation routière étant plus complexe et pouvant être imprévisible. Les systèmes de contrôle comporteront probablement des fonctionnalités telles que la cartographie et la détection d’obstacle en temps réel. Le robotaxi nécessiterait aussi des dispositifs de communication fiables pouvant couvrir de vastes zones, tandis que les opérateurs seront probablement tenus d’enregistrer leurs interventions pour des analyses ultérieures en cas d’accidents.