Cellules souches : un traitement expérimental pour les lésions de la moelle épinière s’avère prometteur

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| David Sánchez-Medina Calderón/ Pixabay
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À ce jour, il n’existe aucun traitement régénérateur efficace pour les lésions traumatiques de la moelle épinière (LME). Récemment, une nouvelle thérapie cellulaire consistant en une greffe de cellules souches visant à traiter ce type de lésion a montré des résultats préliminaires prometteurs. Bien qu’il s’agisse d’un traitement expérimental, un essai clinique de phase I réalisé par la Mayo Clinic offre une lueur d’espoir pour les personnes souffrant de LME, pour lesquelles les chances d’amélioration des fonctions motrices et sensorielles sont généralement infimes.

Rien qu’aux États-Unis, plus d’un million de personnes sont touchées par une LME, avec environ 17 000 nouveaux cas recensés chaque année. Malgré les progrès médicaux, la guérison complète des lésions médullaires reste très limitée. La recherche d’un traitement alternatif est ainsi devenue une priorité absolue. Dans cette optique, la Mayo Clinic aux États-Unis a récemment réalisé une étude visant à mesurer le potentiel de la greffe de cellules souches dans l’amélioration motrice et sensorielle de patients souffrant de lésion traumatique de la moelle épinière.

L’étude s’est portée sur 10 patients atteints de paralysie à différents degrés. Une injection à dosage unique a été faite dans la colonne vertébrale de chaque volontaire. Les résultats, publiés dans la revue Nature Communications, sont prometteurs. Premièrement, les patients ont montré une bonne tolérance à la greffe expérimentale. Deuxièmement, 7 des participants ont montré des améliorations, progressant d’un niveau selon l’échelle de déficience de l’American Spinal Injury Association, ou ASIA (l’échelle ASIA comporte cinq niveaux, allant de la perte totale de fonction à une fonction normale).

En outre, les chercheurs ont constaté une amélioration des sensations lors d’essais de type «piqûre d’épingle» et de toucher léger. Une amélioration de la force des groupes musculaires moteurs principaux des 7 patients a également été relevée.

Selon les responsables de l’étude, environ 5 % des patients LME pourraient retrouver des sensations par le biais de cette thérapie cellulaire. Néanmoins, « dans le cas d’une lésion de la moelle épinière, même une légère amélioration peut faire une différence significative dans la qualité de vie du patient », a déclaré dans un communiqué le neurochirurgien Mohamad Bydon.

Un traitement de pointe pour la médecine régénérative

Au cours de cette étude expérimentale, les chercheurs ont utilisé des cellules souches dérivées du tissu adipeux de chaque patient. Elles ont été prélevées de l’abdomen ou d’une cuisse. Elles ont ensuite été cultivées en laboratoire avant d’être injectées dans la colonne vertébrale.

Mayo Clinic Study
Illustration résumant la procédure de greffe de cellules souches. © Mayo Clinic

D’après les chercheurs, les cellules souches mésenchymateuses ont la capacité de reconstruire les os, le cartilage, les muscles, le tissu adipeux ainsi que le système nerveux central dans une certaine mesure. D’ailleurs, en 2019, le Japon est devenu le premier pays à approuver ce type de thérapie cellulaire pour le traitement de la LME. En revanche, la communauté scientifique estime que cette décision est prématurée.

Les chercheurs de la Mayo Clinic sont du même avis et rappellent que ces essais cliniques de phase I portent essentiellement sur la sécurité. « Cette étude démontre la sécurité et les avantages potentiels des cellules souches et de la médecine régénérative », déclare le Dr Bydon, auteur principal de l’étude. D’après lui, les lésions de la moelle épinière sont une affection très complexe. « Les recherches futures pourraient montrer si les cellules souches, en combinaison avec d’autres thérapies, pourraient faire partie d’un nouveau paradigme de traitement pour améliorer les résultats pour les patients », poursuit-il.

Un avenir incertain ?

Les patients, ayant reçu une injection lombaire, ont été suivis pendant un an et 10 mois. Au cours de cette période, comme déjà mentionné, une amélioration de leurs performances sensorielles et motrices a été constatée. Ces résultats sont donc très encourageants et ouvrent la voie à l’étape suivante des essais. Cependant, un obstacle fait encore barrage aux scientifiques. En effet, cet essai incluait des patients ayant subi une LME très récemment. Et d’une manière générale, les mouvements et les sensations peuvent s’améliorer au cours de l’année qui suit. Cela signifie qu’il est encore difficile de conclure sur l’efficacité du traitement sur des lésions plus anciennes. Sans compter qu’il est difficile de distinguer précisément l’effet curatif du temps de celui de la thérapie cellulaire.

En revanche, ce qui est encourageant, c’est que l’un des patients ayant participé à l’étude a subi une lésion cervicale 22 mois avant l’injection, ce qui implique que l’effet curatif du temps avait majoritairement cessé depuis plus d’un an. Pourtant, ce patient a montré, comme les autres, une amélioration motrice et sensorielle rapide suite à la greffe de cellules souches.

« Il est nécessaire de réaliser à l’avenir des essais contrôlés randomisés de plus grande envergure en utilisant divers outils cliniques et des mesures de la qualité de vie », affirment les chercheurs de la Mayo Clinic. « Cela permettra d’étudier les avantages potentiels de ces injections dans la récupération neurologique tardive après une lésion de la moelle épinière », conclut Bydon. Les essais de phase II ayant déjà débuté, des retours plus détaillés concernant l’efficacité réelle de la thérapie devraient être disponibles d’ici un ou deux ans.

Source : Nature Communications

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