Les bains d’eau froide — aux présumés bienfaits sur la santé — sont désormais une pratique en vogue, rassemblant toujours plus d’adeptes dans le monde. Cependant, les réels avantages de cette « thérapie par le froid » sont encore largement méconnus. Une étude récente avance même qu’au contraire, elle pourrait faire plus de mal que de bien.
L’immersion dans l’eau froide (5 à 15 °C) est depuis longtemps un rituel chez les athlètes, visant à atténuer les douleurs musculaires après un effort intense et à faciliter une récupération plus rapide. En ce qui concerne les douleurs musculaires et articulaires, l’effet du froid est notamment reconnu pour son action antalgique immédiate. Il serait également stimulant pour la production d’endorphines, substances dont les effets sont presque comparables à ceux de la morphine.
Historiquement adoptée par les populations nordiques, cette pratique gagne aujourd’hui en popularité à l’échelle mondiale, ses prétendues vertus thérapeutiques séduisant un nombre croissant de personnes. L’exposition soudaine de l’organisme au froid favoriserait notamment la contraction des vaisseaux capillaires, suivie d’une vasodilatation, ce qui stimule le retour veineux et le drainage lymphatique. Ce processus pourrait ainsi atténuer les symptômes des jambes lourdes et des varices, entre autres.
Certaines études suggèrent également que la « thérapie par l’eau froide » pourrait améliorer la résilience psychique et constituer une arme contre la dépression. Le froid contribuerait à induire une sensation de calme et de détente, ainsi qu’une amélioration immédiate de l’humeur. Des impacts sur le système immunitaire, le diabète et l’obésité ont également été évoqués.
Cependant, ces supposés bienfaits sont remis en question par de nombreux scientifiques, étant donné que leurs mécanismes physiologiques sont largement méconnus. Certaines recherches ont d’ailleurs suggéré que ces prétendues vertus pourraient s’avérer être des effets placebo. Faute de preuves tangibles concernant les réels avantages de la thérapie par le froid, les scientifiques mettent en garde contre ses potentiels effets nocifs sur notre organisme, comme le révèle une étude de synthèse décrite dans Current Sports Medicine Reports.
Une pratique non dénuée de risques
Le premier effet du froid sur notre organisme est le choc thermique. Induisant un réflexe respiratoire d’hyperventilation, il présente un risque significatif de noyade si la tête de l’individu est immergée. Un autre effet, courant, mais peu connu du froid sur notre organisme est la « lésion tissulaire sans gelure ». En effet, lorsqu’on s’immerge dans de l’eau froide, les extrémités de nos membres sont les premières à ressentir un engourdissement, comme une anesthésie. En se réchauffant en sortant du bain, elles peuvent donner lieu à des picotements et devenir douloureuses.
Pour la majorité des gens, cet effet est temporaire et les sensations reviennent à la normale en quelques minutes. Cependant, pour ceux qui subissent des lésions tissulaires sans gelures, les symptômes (douleurs aux extrémités, hypersensibilité au froid, sensations altérées, …) peuvent parfois persister pendant des années, en raison de lésions irréversibles des nerfs et des vaisseaux sanguins. Ce type de blessure survient généralement à la suite d’une exposition prolongée au froid et à l’humidité, et affecte souvent les sportifs aquatiques, les militaires et les personnes contraintes de vivre à l’extérieur.
Comparables à des brûlures, les engelures sont des blessures provoquées par une congélation directe. Elles sont notamment caractérisées par des températures tissulaires inférieures au point de congélation. À ce stade, des cristaux de glace commencent à se former dans le milieu extracellulaire, augmentant la pression osmotique et provoquant une inflammation, une thrombose vasculaire, une ischémie et une hypoxie. Cette réaction entraîne une nécrose des tissus, et les victimes doivent parfois être amputées des zones touchées. L’hypothermie (un état où la température corporelle descend à 35 °C ou moins) survient après une exposition plus prolongée au froid et peut être mortelle sans secours immédiats.
Des précautions pour pratiquer la thérapie en toute sécurité
Pour pratiquer l’immersion en eau froide en toute sécurité, les scientifiques apportent quelques conseils. La première chose à faire est de consulter un médecin afin de vérifier la capacité physique (qui peut varier d’un individu à l’autre) à supporter un choc thermique. Avant de prendre un bain d’eau froide, il est également préférable de s’assurer de ne pas être seul et de tenir compte des obstacles environnants si l’on est à l’extérieur (vagues, marées, courants, chutes de neige, etc.).
Il faut être particulièrement vigilant à la défaillance musculaire, qui survient lorsque l’on reste dans l’eau froide plus de 30 minutes. Comme expliqué précédemment, les muscles s’engourdissent au contact du froid et empêchent tout mouvement si l’exposition est prolongée. Pour atténuer ce risque, le temps d’immersion doit être relativement court. Mais avant tout, il est essentiel de planifier comment sortir du bain en toute sécurité et d’avoir de quoi se sécher, ainsi que des vêtements chauds à portée de main. Il est également recommandé d’éviter toute activité (comme la conduite) avant d’être complètement réchauffé.