Les différentes thérapies proposées par les psychologues s’appuient souvent sur des bases solides et ayant fait leurs preuves, il est encore difficile de trouver des thérapeutes proposant des solutions ou des approches nouvelles, dont celles utilisant les dernières technologies. La réalité virtuelle, rendant possible une immersion plus intense dans des environnements ou situations autrement impossibles ou difficiles à simuler, fait partie de ces nouvelles approches envisagées.
Dans ce cadre, une récente étude ciblée montre par exemple que la réalité virtuelle pourrait être utilisée pour soigner les personnes souffrant de cauchemars récurrents ou de terreurs nocturnes. D’autres recherches portent quant à elles sur l’utilisation de la réalité virtuelle pour le traitement des phobies, des addictions et des troubles du comportement alimentaire.
Concernant le premier cas d’étude : le trouble cauchemardesque est un état dans lequel une personne vit des cauchemars récurrents, qui provoquent des niveaux importants d’anxiété et de stress. Même si la plupart des gens ne font que des cauchemars occasionnels, la fréquence de ces derniers, associée à ce trouble, peut avoir un impact dramatique sur la santé mentale globale d’une personne et peut souvent amener d’autres maladies, comme la dépression, l’anxiété ou le SSPT.
Mais de récentes recherches menées par la Faculté de médecine de l’Université de Boston ont montré que l’utilisation de la réalité virtuelle comme outil thérapeutique pour traiter les cauchemars récurrents a permis de réduire considérablement les niveaux d’anxiété, les cauchemars et leur intensité. Ce type de thérapie est appelée « thérapie par exposition à la réalité virtuelle » (TERV).
« Les traitements actuels pour les cauchemars exigent trop de temps ou nécessitent la prise de médicaments qui vous assomment littéralement pendant un certain temps, alors nous avons besoin d’un traitement court, non toxique et efficace », a déclaré Patrick McNamara, auteur de l’étude à la Boston University School of Medicine.
L’étude, publiée dans la revue Dreaming, a impliqué 19 patients qui ont suivi huit séances de thérapie pendant quatre semaines. Ils ont reçu des casques Oculus Rift, qui leur ont permis de visionner des images associées à leurs cauchemars, qu’ils ont ensuite pu manipuler et modifier pour les rendre moins effrayantes.
« Nous avons conçu le traitement de manière à ce qu’il puisse être adapté et individualisé », a déclaré McNamara à PsyPost. « Par exemple, les cauchemars de certaines personnes sont caractérisés par des images menaçantes ou excitantes, alors que d’autres sont caractérisés par des images de contrôle intense. L’application de réalité virtuelle que nous avons développée permet aux utilisateurs de choisir de travailler sur n’importe quel type d’imagerie, qui caractérise le mieux le déroulement et le contenu de leurs cauchemars. Cette approche de ‘médecine individualisée’ peut donc aider plus efficacement les personnes souffrant de cauchemars chroniques. La prochaine étape est de développer une version pour les enfants » ajoute-t-il.
La thérapie par exposition à la réalité virtuelle pourrait également faire ses preuves (et est déjà en phase de test) pour le traitement d’autres troubles. Dans la liste, on y trouve par exemple le traitement des phobies (dont l’agoraphobie), des addictions (dont à l’alcool), du stress, de la peur de la foule, de la peur de conduire ou encore des troubles du comportement alimentaire.
Traiter la peur de conduire (amaxophobie) grâce à la réalité virtuelle
Dans ce cadre de la peur de conduire, l’entreprise française C2Care a mis au point un système de simulation de la conduite adaptatif (C2Drive), tenant compte du schéma psychologique de l’utilisateur afin de lui proposer des parcours et des environnements adaptés et progressifs afin de l’aider à combattre les peurs associées à la route et à son utilisation. Un exemple typique étant la peur de s’insérer sur l’autoroute.
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La peur de conduire est une phobie de plus en plus fréquente de nos jours, une époque où le fameux sésame semble devenir de plus en plus difficile à obtenir. Les chercheurs s’accordent sur l’efficacité de l’exposition in vivo (conditions réelles) pour réduire ce trouble. Cependant, certains experts soulignent le manque de sécurité dû à la nature même de cette exposition (autant pour le patient que pour le thérapeute).
Le traitement de l’amaxophobie par la réalité virtuelle a été étudié dans le cadre de plusieurs recherches. Les résultats démontrent que provoquer un état d’anxiété similaire au cas réel est bien possible via des environnements entièrement virtuels. Et la combinaison virtuel/réel permet d’optimiser les gains obtenus en thérapie. D’ailleurs, il a aussi été constaté par le biais d’analyses qualitatives, que l’engagement des patients est augmenté par la sécurité et le confort offerts par la méthode.
C2Care propose également des environnements plus universels pour le traitement des phobies plus répandues (peur du vide, de la foule, etc.), avec sa solution C2Phobia.
VIDÉO : Soigner la peur de conduire grâce à la réalité virtuelle