Si la capacité de développement technologique des espèces intelligentes est illimitée, pourquoi n’avons-nous jamais croisé de civilisations extraterrestres ? Un chercheur, bien que non-expert du domaine, suggère dans une nouvelle étude que si nous n’en avons toujours pas rencontré, c’est à cause de ce qu’il appelle la « limite universelle de développement technologique », qui serait selon lui applicable à toute civilisation intelligente dans l’Univers. Cette limite se situerait bien en dessous de la capacité à coloniser une galaxie, empêchant ainsi les civilisations de se développer à l’échelle interstellaire et de se croiser.
Malgré plusieurs décennies d’exploration spatiale et de recherche de traces d’intelligence extraterrestre, aucun signal ou objet d’origine extraterrestre n’a été détecté. Les annonces fréquentes de phénomènes ou d’objets aériens non identifiés n’ont jamais abouti à une confirmation d’une origine extraterrestre. Pourtant, l’Univers pullule de planètes et de systèmes solaires potentiellement habitables.
D’un autre côté, alors que notre système solaire ainsi que la civilisation humaine sont relativement jeunes comparé au reste de l’Univers, notre civilisation a enregistré un développement technologique considérable en seulement quelques siècles. Il n’a par exemple fallu qu’un peu plus d’un siècle pour passer du premier ordinateur basique aux technologies de poche ultra-connectées telles que les smartphones. En vue de ces avancées, nous avons généralement tendance à penser que notre potentiel de développement technologique est illimité.
Cependant, si les systèmes planétaires sont si abondants, et compte tenu des milliards d’années qui se sont écoulées depuis la formation de l’Univers et de notre galaxie, ainsi que du potentiel de développement technologique des civilisations intelligentes, pourquoi n’avons-nous toujours pas rencontré de civilisations extraterrestres ? Antonio Gelis-Filho, diplômé en médecine et chercheur en politique publique à la Fondation Getúlio Vargas de l’École d’administration des affaires (FGV EAESP), au Brésil, également passionné par l’espace, suggère que si nous n’avons jamais croisé de civilisations extraterrestres intelligentes, c’est parce qu’il existe une « limite universelle de développement technologique (ULTD) », située bien en dessous de l’échelle interstellaire.
« Si l’hypothèse ULTD est correcte, il n’y a jamais eu, il n’y a pas et il n’y aura jamais quelque chose comme une civilisation interstellaire, ou quelque chose de similaire à une ‘conversation interstellaire’ », a-t-il déclaré à Space.com. En conséquence, l’expert suggère que nous devrions être prudents dans la supposition selon laquelle notre potentiel de développement technologique (ou celui d’autres civilisations intelligentes) est illimité.
Un potentiel de développement limité à notre système
Il existe des limites naturelles à notre technologie et aux connaissances qui nous sont accessibles, principalement de raison de notre biologie ou de la limitation de nos ressources. Il nous est par exemple impossible de voyager à une vitesse supraluminique, ou d’observer les organismes microscopiques et les objets astronomiques éloignés à l’œil nu. Bien que différentes technologies permettent désormais de surmonter certaines de ces limites, elles ont un coût toujours plus élevé.
La construction du grand collisionneur de hadrons (LHC) a par exemple coûté à elle seule 4,75 milliards de dollars, tandis que 1 milliard de dollars par an sont nécessaires à son fonctionnement. La Station spatiale internationale (ISS), quant à elle, nécessite près de 3 milliards de dollars par an et le projet de réacteur à fusion nucléaire ITER pourrait coûter entre 18 et 20 milliards de dollars.
Cependant, bien que ces technologies aient amélioré notre compréhension de l’Univers et des phénomènes physiques qui la régissent, les dernières grandes avancées qui ont véritablement révolutionné le monde dateraient de presque 100 ans, selon le chercheur. Malgré les ressources astronomiques investies, notre évolution technologique semble stagner. « Il suffit de comparer l’évolution scientifique de 1830 (pas de théorie de l’évolution, pas de théorie de l’électromagnétisme) à 1930 (la relativité et la mécanique quantique étaient déjà là) et de 1930 à 2024 (toujours pas de théorie unificatrice) pour se rendre compte que le rythme des progrès ralentit », explique-t-il.
Cela pourrait nous amener à penser que les coûts investis deviennent trop élevés pour les connaissances ou l’évolution obtenues — ce qui pourrait finalement amener à ralentir, voire cesser, notre développement technologique. Sans compter que des abandons de projets potentiellement révolutionnaires, car considérés comme trop coûteux, ont déjà eu lieu. La Commission européenne a par exemple relativement récemment renoncé à financer des projets de plusieurs milliards d’euros dédiés notamment à la conversion de l’énergie solaire et éolienne en carburant.
D’après l’expert, toute civilisation intelligente serait à un moment donné confrontée au même scénario. Chaque civilisation atteindrait ainsi un point où son potentiel de développement technologique stagne et peine à franchir l’étape suivante sans investir des ressources considérables. Cette limite se situerait en dessous de la capacité à s’établir à l’échelle d’une galaxie, ce qui pourrait ainsi expliquer pourquoi nous n’avons jamais croisé d’autres civilisations intelligentes. « Étant donné que les lois de la physique sont les mêmes dans tout l’univers, chaque civilisation finit par se heurter à ce ‘fossé infranchissable’ », suggère Giles-Filho.
Une complexité pouvant mener à l’effondrement ?
Giles-Filho suggère également que les coûts de fonctionnement des sociétés (infrastructure, nourriture, énergie, etc.) augmentent à mesure qu’elles deviennent plus complexes, ce qui pourrait les amener à se fragiliser voire à s’effondrer. Des archéologues ont montré que cela s’est déjà produit à travers l’histoire. Bien que des facteurs naturels (inondations, sécheresse, séismes, …) puissent conduire à l’effondrement des civilisations, elles auraient presque toutes en commun une fragilisation due aux coûts devenus trop élevés, à cause de leur complexité.
« Il est possible que de nombreuses sociétés non terrestres se soient effondrées en raison de la baisse des rendements de la complexité sociétale, avant même d’entrer en conflit avec les limites imposées par les besoins énergétiques pour tester les théories scientifiques », suggère le chercheur.
Toutefois, l’hypothèse ULTD — détaillée dans la revue Futures — n’exclut pas l’existence de civilisations extraterrestres, précise-t-il. Il estime qu’il nous sera un jour possible de détecter certaines de leurs technologies, à l’instar des sondes Voyager, qui pourront peut-être continuer à errer dans l’espace jusqu’à un jour atteindre une autre civilisation…
Une étude qui manque de fondations solides
L’hypothèse de l’ULTD présentée par Gelis-Filho, bien qu’intrigante, souffre de plusieurs limitations. Son raisonnement s’appuie largement sur des analogies entre la complexité sociétale humaine et celle de civilisations extraterrestres potentielles, mais il n’explore pas en profondeur les fondements astrophysiques, astrobiologiques ou technologiques nécessaires pour étayer ces comparaisons.
De plus, en tant que chercheur en politique publique sans expertise dans les sciences de l’espace, Gelis-Filho manque d’outils pour approfondir les aspects scientifiques de son hypothèse, rendant son analyse superficielle et spéculative. Sans preuves empiriques claires ou une base scientifique solide, l’étude peine à convaincre et à fournir des réponses concrètes aux paradoxes qu’elle aborde.