Une molécule ciblant les globules blancs responsables des réactions auto-immunes chez des souris malades a été créée. Les résultats permettent d’envisager des tests sur les humains.
La recherche pour des traitements contre les maladies auto-immunes est en forte expansion. De nombreuses thérapies ont été mises au point, mais la plupart d’entre elles ont l’inconvénient d’avoir un effet immunosuppresseur incontrôlé, en détruisant les cellules immunitaires inoffensives.
Des chercheurs du département de pharmacie et de chimie pharmaceutique de l’Université de l’Utah ont trouvé une nouvelle approche permettant de cibler uniquement les cellules immunitaires dysfonctionnelles responsables des surréactions de défense de l’organisme.
Ils se sont concentrés sur la protéine PD-1 qui se trouve à la surface des cellules immunitaires, et qui jouerait un rôle dans la régulation de l’activation de ces dernières afin qu’elles ne deviennent pas trop agressives au point d’attaquer l’organisme. De nombreuses expériences avaient montré des réactions auto-immunes lorsque cette protéine ne fonctionnait pas correctement.
Cependant, aucune recherche n’avait jusqu’à présent encore été effectuée sur PD-1 afin de l’utiliser comme cible pour un possible traitement.
« Nous dirigeons vraiment le traitement des maladies auto-immunes dans une nouvelle direction », déclare la chimiste pharmaceutique Mingnan Chen. Son groupe a élaboré dans leur laboratoire une protéine capable de se fixer uniquement aux cellules immunitaires ayant à leur surface des PD-1 altérés.
Cette protéine est composée de trois parties : un fragment d’anticorps se liant à PD-1 capable « d’ouvrir » les cellules immunitaires défectueuses, une toxine qui est relâchée à l’intérieur de la cellule, et une autre molécule améliorant la longévité de la protéine dans l’organisme.
Ils l’ont testée sur des souris modèles ayant des symptômes de diabète de type 1 ou de sclérose en plaques (SEP). Les résultats ont montré un retardement de l’apparition du diabète de 10 semaines.
La plupart des traitements contre la SEP ne font que ralentir son apparition, mais leur molécule a stoppé la progression de la maladie. Avec une seule dose, les 6 souris utilisées comme modèle ont retrouvé la capacité de marcher, et 25 jours plus tard, la paralysie n’est plus revenue.
Avoir la possibilité d’inverser la progression de cette maladie sur l’Homme avec ce type de traitement serait une incroyable innovation médicale, surtout pour les 100’000 personnes en souffrant en France.
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Même s’il n’ont pas réussi à stopper complètement le diabète de type 1, il serait envisageable pour les chercheurs de booster leur traitement avec d’autres, ce qui pourrait permettre selon eux la prévention contre la maladie.
Mais il ne faut pas oublier que leur recherche a été réalisée uniquement sur des souris, mais un autre point positif est qu’il ont identifié une nouvelle cible, la protéine PD-1 se trouvant également chez les humains.
« Pour fabriquer des traitements similaires chez les humains, il faudrait trouver l’anticorps anti-PD-1 humain, comme l’anticorps anti-PD-1 de souris », explique Chen. « Si nous pouvons générer la version humaine de la thérapie, je pense que nous pourrions avoir un impact énorme sur le traitement des maladies auto-immunes ». La fabrication d’un anticorps spécifique n’étant pas une chose difficile, cette idée a de fortes chances d’être réalisable rapidement.
Une seule dose a suffi pour soigner les souris, sans affecter les cellules immunitaires saines. Cette approche, dont le groupe envisage certainement d’améliorer (notamment pour le diabète de type 1), indique un avenir prometteur contre ces maladies dont le nombre de cas ne cesse d’augmenter.