Un vaccin à base de plusieurs anticorps produits par des lamas, a montré des résultats satisfaisants sur des souris infectées par des souches du virus de la grippe pouvant également contaminer les humains. De plus, l’administration peut se faire par voie nasale.
Le virus de l’influenza, plus communément appelé virus de la grippe saisonnière, est un des virus les plus répandus. Bien qu’il paraisse bénin, il provoque tout de même des centaines de milliers de morts par année dans le monde, et cela concerne en particulier les individus qui ont des complications respiratoires, ou qui ont un système immunitaire affaibli (par exemple les personnes âgées).
Il peut également être responsable de graves pandémies, comme la fameuse grippe espagnole de 1918, qui avait causé la mort de plus de 50 millions de personnes en seulement une année.
Il existe quatre grands groupes de virus de l’influenza (A,B,C et D), mais deux d’entre eux sont responsables de la grippe saisonnière : le A et B.
À cause de leur fort taux de mutation qui donne constamment naissance à de nouvelles souches, de nouveaux vaccins — qui démontrent souvent une efficacité discutable, doivent être produits chaque année. Les entreprises pharmaceutiques ont tenté de produire sans succès un vaccin « définitif » permettant d’éradiquer n’importe quelle souche.
Cependant, des biologistes de Janssen Pharmaceutica en Belgique, en collaboration avec d’autres chercheurs internationaux, semblent s’être rapprochés de cet objectif.
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Ils ont développé un vaccin à partir d’anticorps provenants de lamas. Le choix de cet animal est dû au fait que les espèces de la famille des camélidés produisent des anticorps spéciaux, composés uniquement de domaines de chaînes lourdes, alors que chez les autres êtres vivants, il y a présence de chaînes légères.
L’avantage est que les chercheurs peuvent réduire davantage les chaînes lourdes restantes pour fabriquer une nouvelle forme d’anticorps plus petits : les nanocorps, qui sont capables d’atteindre des zones du virus inaccessibles pour les anticorps conventionnels.
Pour les produire, ils ont injecté dans des lamas un vaccin contenant trois souches différentes de l’influenza ainsi qu’une protéine spécifique appelée hémagglutinine, extraite de deux autres souches du virus. L’hémagglutinine est une protéine se trouvant à la surface du virus, qui lui permet de se fixer à sa cellule hôte. Leur idée était de construire un anticorps unique capable de se fixer sur plusieurs formes de la protéine virale.
Ils ont prélevé des lamas quatre anticorps capables de se lier sur de nombreuses souches du virus, les ont réduits en nanocorps, ce qui leur a permis par la suite de créer un gène exprimant une protéine constituée des quatre nanocorps. Ils ont ensuite introduit cette dernière dans un virus adéno-associé, un virus inoffensif souvent utilisé pour transférer des gènes dans d’autres organismes (dont l’ADN est existant à la fois chez l’Homme et les primates).
Des tests in vitro ont montré que cet anticorps synthétique a empêché l’infection de plus de 60 souches du virus de l’influenza A et B.
« Il a été assez difficile de trouver un anticorps qui neutralise A et B » déclare Ian Wilson, un biologiste qui a aidé à comprendre par quelles mécanismes les nanocorps se liaient aux virus.
Les chercheurs ont ensuite administré le virus vecteur du gène sur des souris, par voie nasale, et ont également testé la transfusion sanguine directe de l’anticorps. Dans les deux cas, ils ont observé une réduction significative de la mortalité, par rapport aux souris qui n’avaient rien reçu.
L’un des avantages de l’administration du gène du nanocorps par voie nasale, est que le virus vecteur peut être présent encore plusieurs mois dans l’organisme. L’idéal serait qu’un simple coup de spray nous permette d’être tranquilles pour au moins une saison.
Mais il existe tout de même un risque avec ce type de traitement : le nanocorps, dérivé d’anticorps provenant d’un autre animal, pourrait engendrer chez nous une réaction immunitaire contre ce dernier, tout comme pour l’adénovirus, qui reste, même s’il n’est pas pathogénique, un organisme étranger. De nombreux tests cliniques seront nécessaires pour vérifier ces risques.
« La barre de difficulté pour introduire un virus adéno-associé chez un individu en bonne santé va être très haute », déclare James Crowe, immunologiste spécialisé dans les anticorps contre l’influenza.