En raison de la multiplication rapide des cas de variole du singe, et particulièrement en Europe, le directeur général de l’OMS a décidé de déclencher le plus haut niveau d’alerte. C’est seulement la septième fois que l’organisation prend une telle décision, la dernière en date concernant la pandémie de COVID-19.
Alors que la variole du singe a déjà touché près de 17 000 personnes dans 74 pays d’après les données de l’OMS, un niveau d’alerte maximal a été lancé par l’organisation pour tenter de contenir la propagation de la maladie. Un comité d’experts s’est réuni jeudi dernier, sans toutefois pouvoir se mettre d’accord sur la nécessité de déclencher ou pas l’alerte. C’est à son directeur général, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, que revenait alors la décision de trancher.
« Nous avons une épidémie qui s’est propagée rapidement dans le monde entier grâce à de nouveaux modes de transmission dont nous ne savons pas grand-chose, et qui répond aux critères du règlement sanitaire international », a-t-il annoncé samedi 23 juillet lors d’une conférence de presse. « Pour toutes ces raisons, j’ai décidé que l’épidémie mondiale de variole du singe représente une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) ». Pourtant, neuf experts se sont prononcés contre une USPPI, contre six en faveur de la mesure.
Un risque mondial modéré, mais élevé en Europe
Conformément au Règlement sanitaire international, l’USPPI intervient lors « d’un événement extraordinaire dont il est déterminé qu’il constitue un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque de propagation internationale de maladies, et qu’il peut requérir une action internationale coordonnée ». Elle est utilisée dans des situations « graves, soudaines, inhabituelles ou inattendues ». Il s’agit de la septième fois que l’OMS a recours à ce genre d’alerte, la plus récente étant pour la COVID-19 en 2020. D’après l’AFP, le directeur de l’OMS a précisé que le risque était élevé en Europe, mais relativement modéré dans le reste du monde.
Endémique sur le continent africain, la maladie est généralement trouvée chez les animaux — bien qu’elle puisse provoquer des épidémies humaines. Il arrive que ces cas soient identifiés dans des régions non endémiques, mais cette épidémie particulièrement européenne inquiète l’OMS.
Elle concerne surtout les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, même si tout le monde peut la contracter. Néanmoins, le Dr Tedros souligne que « la stigmatisation et la discrimination peuvent être aussi dangereuses que n’importe quel virus ». Le Dr Michael Ryan, directeur du programme d’urgence de l’OMS, a fait le parallèle avec le virus du sida : « Nous savons tous combien il a été difficile, historiquement, de traiter des questions comme celle-ci en raison de la stigmatisation ».
Décelée pour la première fois chez l’humain en 1970, la variole du singe est moins dangereuse et contagieuse que sa cousine la variole humaine, éradiquée en 1980. D’après une récente étude publiée dans le New England Journal of Medicine (la plus vaste sur le sujet), 95% des cas récents ont été transmis lors d’un contact sexuel et 98% des personnes touchées étaient des hommes gays ou bisexuels.
De son côté, l’Agence européenne des médicaments a déclaré avoir approuvé l’utilisation d’un vaccin contre la variole humaine, pour étendre son utilisation contre la propagation de la variole du singe. L’OMS recommande de vacciner les personnes les plus à risque et les personnels de santé susceptibles d’être confrontés à la maladie.