Vendredi dernier, de nouvelles inondations ont commencé à faire rage à Venise, s’ajoutant aux eaux de marrée. Il s’agit d’une inondation majeure de la ville lagunaire, dont le 70% de sa surface est à présent submergé. Les habitants paniquent, et il y a de quoi : ces catastrophes remettent en question la viabilité de l’endroit.
Le maire de Venise, Luigi Brugnaro, a déclaré que cette « situation dramatique » avait été provoquée par le changement climatique, et a lancé un appel à des dons supplémentaires pour réparer les dégâts causés par la pire inondation de la ville en un demi-siècle…
Tandis que la ville peut récupérer de cette catastrophe à la surface (comme cela a déjà été le cas), les scientifiques du climat ont affirmé que Venise est le signe avant-coureur des problèmes auxquels sont et seront confrontées toutes les villes côtières du monde. En effet, la fonte des glaciers et le réchauffement des océans provoque une élévation sans précédent du niveau de la mer.
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« Venise est la fierté de toute l’Italie », a déclaré Brugnaro dans un communiqué. À présent, la ville est submergée à 70%. « Venise est le patrimoine de tous, elle est unique au monde », a-t-il ajouté.
La célèbre place Saint-Marc a été fermée, tandis que les eaux atteignaient les genoux des passants. L’inondation a atteint plus de 1.80m dans certaines régions. L’Italie a déclaré l’état d’urgence et a débloqué 20 millions d’euros pour réparer les dégâts importants. Au total, selon Brugnaro, ils pourraient atteindre plusieurs centaines de millions d’euros.
En raison de la montée des mers, ces inondations extrêmes qui se produisent à Venise une fois tous les 100 ans environ, devraient à présent se reproduire tous les six ans d’ici 2050, selon le rapport récent du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Puis, d’ici 2100, cela pourrait devenir encore beaucoup plus courant et se reproduire tous les cinq mois. Et ces estimations ne tiennent compte que de l’élévation du niveau de la mer, qui deviendra de plus en plus préoccupante avec le temps.
Mais le plus gros problème ici est le suivant : Venise est littéralement en train de couler. Cela signifie que ces périodes de récurrence des inondations, calculées pour le rapport du GIEC, sont plutôt conservatrices.
Les inondations de vendredi sont dues à une autre tempête située dans une zone similaire au sud-ouest de l’Italie, avec des vents soufflant du sud-est au nord-ouest sur l’Adriatique, entraînant de l’eau en direction de Venise. Cet événement s’ajoute aux marées hautes, à l’affaissement à long terme de la ville et à l’élévation du niveau de la mer… De ce fait, la ville est de plus en plus facilement inondable à des niveaux gravement dommageables.
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Au fil des siècles, Venise a détourné des rivières pour protéger la zone et élargi les barrières. Mais à présent, le niveau de la mer monte de plusieurs millimètres par an. Au large, dans les bras de mer situés entre ces îles-barrières, un projet de grande envergure appelé MOSE pourrait potentiellement renforcer la protection de Venise, avec des vannes pouvant être levées en cas de marée haute, isolant ainsi le lagon. Ce projet a été lancé en 2003 déjà et devait s’achever en 2011. Puis en 2014. À présent, les projections situent la fin des travaux pour 2022.
Il faut savoir que la ville de Venise prospère depuis le Ve siècle. Mais aujourd’hui, même les habitants sont surpris par l’inondation et les prévisions à venir. « C’est une ville chargée d’histoire », a déclaré Vladimiro Cavagnis, un gondolier vénitien de quatrième génération, qui conduit des touristes sur les bateaux. « Une histoire qui, peu à peu, avec de l’eau, finira comme Atlantis. Les gens sont abattus, angoissés, tristes. Ils voient une ville qui disparaît », a-t-il ajouté.