Le Viagra réduirait le risque d’Alzheimer de plus de 50 %

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Une étude à grande échelle suggère que le Viagra peut avoir un effet neuroprotecteur contre la maladie d’Alzheimer. L’analyse pharmacoépidémiologique indique notamment une prévalence de la maladie réduite jusqu’à 54 % chez les patients prenant régulièrement le médicament. D’autre part, des essais in vitro ont montré qu’il réduit les niveaux de protéines tau neurotoxiques typiques de la pathologie.

Affectant chaque année près de 10 millions de personnes supplémentaires dans le monde, la maladie d’Alzheimer est la forme de démence la plus fréquente. Bien que son étiologie soit en grande partie incomprise, il est largement admis que la neurodégénérescence qui la caractérise est principalement provoquée par l’accumulation de plaques bêta-amyloïdes et de protéines tau hyperphosphorylées. Les principales stratégies thérapeutiques pour la contrer visent ainsi à éliminer ces protéines.

Cependant, ces thérapies ne sont efficaces que sur les patients présentant des symptômes précoces et légers, sans compter qu’elles en ralentissent uniquement la progression. Dans le but d’identifier des alternatives potentiellement plus efficaces, les efforts se concentrent depuis peu sur la réutilisation de médicaments existants. Cela offre une option pratique par rapport au processus de développement de nouveaux médicaments habituel, qui est généralement long et coûteux.

Parmi les alternatives explorées figure le sildénafil, le principe actif du Viagra (un traitement contre le dysfonctionnement érectile) et du Revatio (un traitement contre l’hypertension artérielle pulmonaire). Des recherches ont précédemment suggéré qu’il pourrait avoir un effet protecteur contre Alzheimer en modulant certaines voies impliquées dans sa progression. Par exemple, en favorisant la signalisation du coactivateur 1α du récepteur γ activé par les proliférateurs de peroxysomes (PGC1α), il augmente les niveaux d’enzymes antioxydantes et réduit les taux de cytokines inflammatoires. Ces effets réduisent à leur tour l’accumulation de protéines bêta-amyloïdes.

Des expériences sur des modèles animaux ont montré que le sildénafil peut inverser les troubles cognitifs et réduire l’hyperphosphorylation de la protéine tau. Le composé a dans ce cadre également augmenté les niveaux du facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), une molécule essentielle à la plasticité cérébrale. Cependant, ni les mécanismes exacts sous-tendant ces bienfaits ni leur applicabilité clinique n’étaient clairs.

Pour explorer davantage cette voie, des chercheurs de la Cleveland Clinic (aux États-Unis) ont effectué une analyse pharmacoépidémiologique à grande échelle pour évaluer l’effet du sildénafil sur la progression d’Alzheimer. « Nos résultats donnent un poids supplémentaire à la réutilisation de ce médicament existant approuvé par la FDA comme nouveau traitement pour la maladie d’Alzheimer, qui a grand besoin de nouveaux traitements », explique dans un communiqué le directeur de la recherche, Feixiong Cheng.

Des effets neuroprotecteurs après 5 jours de traitement

Dans le cadre de leur nouvelle étude, détaillée dans Journal of Alzheimer’s Disease, les chercheurs se sont appuyés sur un algorithme d’IA pour traiter les données médicales de millions de patients. Ces informations provenaient du MarketScan Medicare Supplemental et de la Clinformatics, deux bases de données de référence contenant des données issues d’assurances maladie.

L’algorithme devait identifier quels patients prenaient ou non du sildénafil et évaluer la prévalence d’Alzheimer dans l’ensemble de la cohorte. D’autres médicaments ont en outre été suivis à titre comparatif, notamment : un inhibiteur calcique (nifédipine) et trois diurétiques (bumétanide, furosémide et spironolactone). Les scores ont été ajustés en fonction de facteurs de variation tels que l’âge, le sexe, les maladies sous-jacentes et l’origine ethnique.

« Nous avons utilisé l’intelligence artificielle pour intégrer des données selon plusieurs critères, qui ont tous indiqué le potentiel du sildénafil contre cette maladie neurologique dévastatrice », indique Cheng. Les analyses ont notamment indiqué que les patients qui prenaient du sildénafil avaient une prévalence réduite de 30 à 54 % de la maladie d’Alzheimer.

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Analyse par Western blot (WB) (avec densitométrie) montrant les niveaux d’expression des protéines Tau181 et Tau205 (des isoformes phosphorylées) après 5 jours de traitement au sildénafil dans les neurones dérivés d’iPSC de deux patients atteints de la maladie d’Alzheimer. © Dhruv Gohel et al.

La seconde partie de l’étude consistait à analyser les effets du sildénafil sur des neurones dérivés de cellules souches pluripotentes induites (iPSC), prélevées sur des patients souffrant d’Alzheimer. Il a été constaté que le composé réduisait significativement la phosphorylation de la protéine tau, en seulement 5 jours. Les séquençages ARN de ces neurones ont indiqué qu’ils exprimaient des gènes liés à la croissance cellulaire, à l’amélioration des fonctions cognitives, à la réduction de l’inflammation ainsi qu’à d’autres processus neuroprotecteurs.

Toutefois, des essais cliniques randomisés seront nécessaires afin de véritablement confirmer ces effets. « Nous pensons que nos résultats fournissent les preuves nécessaires aux essais cliniques pour examiner plus en détail l’efficacité potentielle du sildénafil chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer », explique Cheng. Comme le composé est déjà approuvé par la FDA, la procédure d’évaluation de son efficacité et de son innocuité pourrait potentiellement être accélérée.

Source : The Journal of Alzheimer’s Disease

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