De la viande a été bio-imprimée dans l’espace pour la toute première fois

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| 3D Bioprinting Solutions
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Une première dans l’espace : de la viande a été « bio-imprimée » à bord de la Station spatiale internationale. La matière, soit du tissu musculaire bovin, a été précédemment cultivé dans le laboratoire spatial.

Lundi 7 octobre, Aleph Farms, une entreprise alimentaire israélienne, a annoncé que son expérience à bord de la Station spatiale internationale (ISS) visant à produire la toute première viande cultivée en laboratoire dans l’espace a été un succès. La société est spécialisée dans la production de steaks de bœuf cultivés : en d’autres termes, il s’agit de produire en laboratoire de vrais morceaux de viande comestibles à partir de seulement quelques cellules initiales. Dans ce cas, la matière première était des sphéroïdes de cellules bovines.

Sur l’ISS, l’expérience consistait à cultiver un morceau de viande en imitant le processus naturel de régénération des muscles et des tissus de la vache. Pour cela, Aleph Farms a collaboré avec la société russe d’impression 3D biologique « 3D Bioprinting Solutions » ainsi que deux autres entreprises alimentaires basées aux États-Unis. Le but premier était de tester une méthode d’impression adaptée à l’environnement spatial.

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Le cosmonaute Oleg Skripochka conduisant l’expérience visant à « cultiver un steak de bœuf », à bord de la Station spatiale internationale, le 26 septembre 2019. Crédits : Rocosmos

Le 26 septembre 2019, l’équipe de recherche a établi une preuve de concept lorsque les astronautes effectuant le test ont été en mesure de produire un petit morceau de tissu musculaire bovin à bord de la station spatiale. L’expérience s’est déroulée à l’intérieur d’une bio-imprimante 3D développée par 3D Bioprinting Solutions.

La bio-impression est un processus dans lequel des biomatériaux, comme des cellules animales, sont mélangés à des facteurs de croissance et à de la « bio-encre » (un liquide contenant des cellules vivantes), puis « imprimés » dans une structure en couches. Dans ce cas, la structure résultante est un morceau de tissu musculaire.

« La bio-imprimante 3D est équipée d’un système magnétique qui regroupe les cellules en un tissu de petite taille, qui constitue la base de la fabrication de la viande », a déclaré dans un courrier électronique Yoav Reisler, responsable des relations extérieures chez Aleph Farms.

Cependant, alors que la bio-impression 3D a été utilisée et testée sur Terre pour des tâches telles que la production de tissu cartilagineux, elle fonctionne légèrement différemment dans l’espace.

La maturation des organes et des tissus bio-imprimés en apesanteur se déroule beaucoup plus rapidement que dans des conditions de gravité terrestre. Les tissus sont imprimés simultanément de tous les côtés, comme pour créer une boule de neige, alors que la plupart des autres bio-imprimantes les impriment couche par couche.

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« En apesanteur, les tissus sont suspendus dans l’espace et n’interfèrent que l’un avec l’autre. L’impression couche par couche en gravité nécessite une structure de support. L’impression en apesanteur ne permet la création de tissu qu’avec du matériau cellulaire, sans support intermédiaire » ajoute Reisler.

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Image du tissu musculaire réalisé à l’aide de sphéroïdes de cellules bovines. Crédits : 3D Bioprinting Solutions

Selon un communiqué de presse, la principale motivation poussant l’entreprise à produire une « viande sans abattage dans l’espace » est le changement climatique. L’élevage, comme il est noté dans le rapport spécial du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de 2019, qui requiert d’importantes quantités d’eau et d’énergie, contribue de manière significative au changement climatique.

« Notre planète est ‘en feu’ et nous n’en avons pas d’autre aujourd’hui… Notre objectif principal est de faire en sorte qu’elle reste la même planète bleue que nous connaissons, également pour les générations futures » a déclaré Reisler.

« Dans l’espace, nous n’avons pas 10’000 ou 15’000 litres d’eau disponibles pour produire un kg de bœuf », a déclaré Didier Toubia, cofondateur et PDG d’Aleph Farms. « Cette expérience commune marque un premier pas important dans la réalisation de notre vision d’assurer la sécurité alimentaire des générations futures, tout en préservant nos ressources naturelles ».

La société souhaite tirer parti du succès de cette expérience de preuve de concept et, dans quelques années, rendre les steaks de bœuf cultivés en laboratoire disponibles sur Terre dans le cadre de « fermes biologiques », qui produiraient ce type de viande à grande échelle.

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