Mettre en lumière la beauté insoupçonnée du monde microscopique est l’objectif de la compétition Nikon Small World in Motion. Pour sa 14e édition, Nikon Instruments a récemment révélé les gagnants. Parmi eux, une vidéo fascinante de Quinten Geldhof a particulièrement attiré l’attention. Elle montre un bébé tardigrade chevauchant un nématode, l’un de ses prédateurs naturels.
Les tardigrades, aussi appelés « oursons d’eau », sont des créatures microscopiques mesurant entre 0,1 et 1 millimètre dotées de huit pattes. Leur réputation de créature ultrarésistante provient de leur capacité à survivre dans des environnements extrêmes, des abysses océaniques au climat arctique, en passant par le vide spatial. Des scientifiques ont notamment montré leur résistance en les exposant à des températures de 150 °C et à une pression supérieure à 6 000 bars. Certains experts estiment même qu’ils peuvent survivre sur la Lune.
Actuellement, on dénombre environ 1 500 espèces connues de tardigrades. En mai de cette année, une nouvelle espèce, Mesobiotus mandatory, a été découverte dans les forêts de Czerniejewskie en Pologne. Bien que les tardigrades soient robustes, ils constituent une proie privilégiée pour les nématodes, présents dans presque tous les milieux.
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« Les nématodes mangent souvent des tardigrades, et j’ai donc eu l’impression que les enjeux étaient assez élevés. Je n’avais jamais rien vu de tel », a déclaré Geldhof à Business Insider, le photographe amateur de 24 ans qui a remporté la 5e place du concours et un prix de 600 dollars. Sandra McInnes, scientifique au British Antarctic Survey, a souligné que ce type de situation est rare. Selon elle, le tardigrade de la vidéo appartient probablement à l’espèce Diphascon, mesurant environ 0,36 millimètre.
Un smartphone et un microscope : la combinaison parfaite pour une vidéo inédite
Comment Geldhof a-t-il capturé cet événement unique ? « Les tardigrades ne peuvent pas marcher sur des boîtes de Petri en verre ou en plastique », a expliqué Paul Bartels, professeur au Warren Wilson College. Geldhof a recueilli de la mousse près de chez lui à Winthrop, puis a filtré les micro-organismes avec un entonnoir Baermann, obtenant ainsi un nématode et des œufs de tardigrades.
Cinq jours après avoir placé ces œufs sur une lame de verre dans une chambre humide qu’il a fabriquée, les œufs ont éclos. L’un des bébés a alors grimpé sur le nématode, scène que Geldhof a enregistrée avec un microscope Swift 380B et un iPhone 14 Pro. « L’un de ces petits porcelets de mousse s’est dirigé vers un nématode et est rapidement monté à bord, à ma grande surprise », a-t-il raconté.
Pour expliquer ce comportement, le professeur Bartels déclare : « Je pense que ce tardigrade a simplement rencontré le nématode et a saisi l’opportunité, ce qui est mieux que de se débattre sans défense ». Geldhof a ajouté : « J’ai trouvé fascinant de voir les choses d’un point de vue microscopique, simplement en mettant sous le microscope divers éléments de la maison, de l’eau de l’étang ou de l’océan ».
Des vidéos toutes aussi surprenantes les unes que les autres
Nikon Instruments, leader dans l’industrie des microscopes biomédicaux, organise depuis cinquante ans le concours Nikon Small World pour révéler les merveilles du monde invisible à l’œil nu. Le concours vidéo Nikon Small World in Motion, qui fête son 14e anniversaire, est une composante intégrale de cette compétition internationale, lancée avec les avancées technologiques en imagerie microscopique.
Cette année, Nikon a reçu 370 vidéos de participants issus de 40 pays. Si Geldhof a décroché la cinquième place, le premier prix a été attribué au Dr Bruno Vellutini de l’Institut Max Planck de biologie cellulaire moléculaire et de génétique en Allemagne. Sa vidéo montre les ondes mitotiques dans l’embryon d’une mouche du vinaigre (Drosophila melanogaster), révélant les processus impressionnants de l’embryogenèse.
« La vidéo est particulièrement percutante, car elle montre comment ces dynamiques cellulaires et tissulaires fascinantes se produisent chaque jour, tout autour de nous », a expliqué Vellutini. La deuxième place a été accordée à Jay McClellan de Saranac pour sa vidéo d’évaporation de gouttelettes d’eau sur des écailles d’ailes de papillon (un Aglais io). En troisième position, Jiaxing Li, chercheur postdoctoral à l’Université de la santé et des sciences de l’Oregon, a présenté une cellule précurseur d’oligodendrocyte dans la moelle épinière d’un poisson-zèbre. La quatrième place a été partagée entre Ignasi Vélez Ceron, Francesc Sagués et Jordi Ignés-Mullol de l’Université de Barcelone pour leur vidéo sur la transition de friction dans un cristal liquide actif à base de microtubules.
VIDÉO : le bébé tardigrade chevauchant son prédateur, un nématode