Bien qu’il soit très difficile d’assister à un tel scénario, un chercheur a réussi à filmer un papillon de nuit — un insecte généralement uniquement herbivore — en train de se nourrir des larmes d’un oiseau. On pourrait penser que cela n’affecte en rien la santé du petit vertébré, mais ce n’est malheureusement pas vraiment le cas.
« La lachryphagie », voilà comment on nomme l’acte de se nourrir de larmes. Un type d’alimentation que bon nombre d’entre nous n’avions jamais entendu auparavant, mais l’écologiste Leandro Moraes de l’institut National de recherche amazonienne à Manaus, a réussi à le démontrer en vidéo.
Alors qu’il était en expédition au centre de l’Amazonie, il a aperçu une scène plutôt étrange : un papillon de nuit de la famille des Erebidae, posé sur la nuque d’un oiseau en train de se reposer sur une branche d’arbre, était en train d’aspirer les larmes de ce dernier.
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L’insecte avait gentiment inséré son proboscis (pièce buccale avec laquelle les papillons se nourrissent) sur un œil du petit vertébré.
« En approchant, j’ai remarqué que cet individu avait un papillon erebidae actif situé au-dessus de son cou », a écrit Moraes dans son rapport. « Ce papillon déplaçait constamment sa trompe vers la zone oculaire de l’oiseau, la reposant parfois dans l’œil et se nourrissant apparemment des sécrétions ».
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Malgré la rareté de la scène, l’écologiste l’a aperçu une seconde fois la même soirée, les deux animaux étant de nouveau de la même espèce. Selon lui, la raison pour laquelle l’oiseau n’est pas réveillé par un acte autant intrusif est que durant son sommeil, il se met en état de léthargie. Un étant durant lequel ses fonctions vitales, comme le métabolisme ou le maintien de la température corporelle, sont grandement réduites.
L’insecte peut se maintenir à une certaine distance de la tête de l’oiseau pour éviter de le réveiller, grâce à son long proboscis qui arrive à atteindre l’œil.
Cela ne semble pas représenter de danger pour l’oiseau, mais il s’agit bel et bien de parasitisme. Non seulement c’est bénéficiaire uniquement pour le papillon, mais elle accroît les chances de transmission d’infections oculaires à l’oiseau, ce qui pourrait affecter son « fitness », qui signifie en biologie sa capacité à se reproduire.
Pour le papillon, l’avantage est évidemment d’acquérir des nutriments tels que le sodium (qui est difficile pour eux à trouver dans la région) et des protéines, en particulier l’albumine.
D’autres insectes avaient déjà été observés en train de pratiquer la lachryphagie, comme des papillons de jour sur des crocodiles, ou des abeilles sur des tortues. Mais il était difficile d’imaginer que cela puisse se produire sur des animaux aux mouvements rapides comme les oiseaux. Et c’est bien entendu pour cette raison que les papillons de nuit ne peuvent bénéficier de leur « repas facile » de larme que lorsque ces derniers dorment.
Ce n’est donc qu’un supplément, car les Erebidae se nourrissent principalement de certaines plantes. Et au vu de la rareté de cet événement, ils ne semblent pas consommer de larmes très souvent. Pour Moraes, de plus amples recherches sont nécessaires pour mieux comprendre la nécessité de ce repas.
La vidéo montrant le petit festin du papillon :