Le président Chunli Bai de l’Académie chinoise des sciences à Pékin, a eu une réunion intéressante avec le président Anton Zeilinger, de l’Académie autrichienne des sciences, à Vienne. Bien que séparés par quelques 7400 kilomètres, ils étaient certains qu’aucun invité intrusif ne puisse accéder à leur conversation, grâce au « simple » fait que leur visioconférence était encryptée de façon quantique.
Il y a de cela quelques mois seulement, la Chine réalisait un énorme pas en avant dans le domaine de la communication quantique, en utilisant un satellite appelé Micius pour transmettre des photons enchevêtrés sur une distance record.
De toute évidence, les chercheurs de l’Académie des sciences ont été très occupés ces derniers mois à adapter ce test à quelque chose de plus pratique, permettant de transmettre et de décrypter des données quantiques chiffrées, sous la forme d’une visioconférence. Un moment historique : « L’échange d’informations chiffrées quantiques sur les distances intercontinentales confirme le potentiel des technologies de communication quantique, issues de la recherche fondamentale », a déclaré Zeilinger. « C’est une étape très importante, pour se diriger vers un Internet quantique mondial et sécurisé », a-t-il ajouté.
Nous ne sommes pas entièrement certains de ce qui a été dit lors de l’appel vidéo, pour la simple et bonne raison que nous n’y avons pas été invités. De toute manière, même si qui que ce soit avait essayé de « pirater » la conversation, l’encryptage quantique aurait rendu la tâche impossible à réaliser.
De ce fait, nous ne pouvons que supposer ce qui a été dit, peut-être que les présidents ont discuté en détails de la manière dont la physique quantique peut révolutionner le monde ? Peut-être qu’ils ont discuté du satellite Micius, qui orbite à quelques 500 kilomètres au-dessus de la surface de la Terre, et de comment il permet d’envoyer un flux de photons jusqu’aux stations terrestres située en Chine et en Europe ? Possible…
En effet, les photons de ce flux vidéo étaient polarisés, ce qui les faisait agir comme un code binaire (une suite de 1 et de 0). En d’autres termes, ces véritables codes de photons (aléatoires et enchevêtrés) agissaient comme des clés uniques, qui étaient utilisées pour sécuriser les données transmises par chaque côté.
Selon les règles de la mécanique quantique, les particules existent dans un état flou de probabilités. Une particule ne devient « réelle » que lorsqu’elle fait partie de la chaîne d’outils que nous utilisons pour mesurer les particules (et cela inclut notre propre cerveau).
Les stations réceptrices (en Europe et en Chine) pourraient donc chacune observer leur « clé » de photons (avec des 1 et des 0) et dans le processus, les voir se transformer en une clé probable à partir de n’importe quelle combinaison existante. Et en même temps, la séquence du satellite Micius devenait elle-même une véritable clé. Si les clés correspondaient, chaque « côté » pouvait alors affirmer que personne d’autre n’avait accès à l’appel (ce qui était le cas).
Si un récepteur externe avait saisi l’un de ces photons « descendant » du satellite Micius et en lisait le code, puis le remplaçait, alors la nouvelle clé ne correspondrait pas à celle originellement envoyée par Micius, et les scientifiques se rendraient donc compte que les données ne seraient plus sécurisées.
Il y aura sans doute d’autres appels de ce type à l’avenir, que nous pourrons analyser davantage. Pour l’instant, la communication quantique se limite à générer de telles clés, sans transmettre de grandes quantités de données. Mais de nouvelles recherches émergent, afin de trouver et mettre en place de meilleurs moyens de transmettre un plus grand volume de données via des flux de communication quantique, en utilisant plus que de simples états binaires.
Dans tous les cas, la communication quantique est à présent une réalité et ce, grâce à plus d’un siècle de perspicacité dans le domaine de cette application formidable. Et nous sommes certains qu’il ne s’agit que du début !