Le télescope spatial James Webb a pour mission, entre autres, de prospecter l’Univers afin de trouver des traces de vie extra-terrestre, ou du moins des planètes aux conditions accueillantes pour la vie. Récemment, un expert de Harvard suggère que dans notre propre galaxie, la Voie lactée, 4 quintillions de vaisseaux ou d’objets autres d’origine extra-terrestre pourraient s’y trouver. Selon lui, il ne reste plus qu’à les détecter.
En 2017, une roche oblongue, nommée ‘Oumuamua (signifiant éclaireur ou messager en hawaïen) traversait notre système solaire, suscitant un vif débat au sein de la communauté scientifique. En effet, les analyses superficielles de cet objet céleste ont montré qu’il possédait plusieurs propriétés qui défiaient toute explication naturelle.
En premier lieu, sa forme ne ressemble à aucun astéroïde ou comète connus. Sans compter qu’il est au moins 10 fois plus réfléchissant que les roches spatiales typiques de notre système solaire. Enfin, le plus étrange réside dans le fait qu’après avoir survolé le Soleil, donc en s’en éloignant, l’objet a accéléré, mais plus vite que ce qui pourrait être expliqué par la seule emprise gravitationnelle décroissante de l’étoile. Pour Avi Loeb, astrophysicien célèbre de l’Université de Harvard, l’explication la plus plausible est qu’il s’agit d’une technologie extraterrestre abandonnée.
C’est dans ce contexte et suite la validation de son travail concernant le météore CNEOS 2014-01-08 (qui a frappé la Terre en 2014, mais ne provenait pas de notre système solaire) que Loeb et son collègue astronome de Harvard, Carson Ezell, ont réalisé un calcul d’estimation du nombre d’objets extraterrestres présents dans la Voie lactée. Leur article est en cours de vérification auprès des pairs.
4 quintillions de vaisseaux extraterrestres
Selon le Daily Best, qui a révélé ce papier, Loeb et son co-auteur Carson Ezell, ont conclu qu’il y a jusqu’à 4 quintillions d’objets extra-terrestres. Chacun est un visiteur d’une autre étoile, et chacun peut être créé artificiellement.
Compte tenu de l’Univers en constante expansion et de la distance entre nous et l’étoile la plus proche, Proxima Centauri, cela n’est pas si énorme comme estimation. Concrètement, ce que Loeb et Ezell ont calculé n’est pas la population d’engins extraterrestres, mais la population d’éventuels engins extraterrestres ou d’autres objets artificiels. Ils y incluent des restes de pièces de fusée et des fragments inexplicables de technologie extraterrestre à la dérive.
C’est d’ailleurs ce que Loeb avait avancé pour expliquer ‘Oumuamua, avec son co-auteur Shmuel Bialy. Dans leur article, publié dans The Astrophysical Journal Letters, ils ont avancé deux possibilités pour les origines de l’objet : soit qu’il s’agissait de débris d’un engin aujourd’hui disparu dérivant dans la galaxie, soit qu’il ait été lancé comme une sorte de sonde de reconnaissance.
Plus précisément, selon les deux auteurs, l’objet serait une voile lumineuse, alternative à la propulsion traditionnelle des fusées. Ces voiles sont propulsées par le rayonnement du soleil ou des lasers. Les calculs de Loeb et Bialy montrent que pour que le rayonnement solaire pousse ‘Oumuamua, ce dernier doit posséder une géométrie inhabituelle — des dizaines de mètres d’envergure, mais moins d’un millimètre d’épaisseur.
Bien que Loeb ait reconnu, dans un communiqué, que d’autres astronomes — y compris le chercheur qui a découvert ‘Oumuamua — ont rejeté ces idées, il a déclaré que de tels débats constituaient une partie importante du processus scientifique. De plus, il souligne un nombre croissant de preuves suggérant que nous ne sommes pas seuls, et déclare : « Nous savons qu’un quart de toutes les étoiles de la galaxie ont des planètes dans la zone habitable de leur étoile hôte… donc pour moi, il n’est pas impossible qu’il y ait de la vie ailleurs ».
Prenant appui sur cette conclusion, la présente étude cherche donc à estimer combien de « potentiels ‘Oumuamua » pourraient se cacher dans notre système solaire. Tout d’abord, les auteurs expliquent : « On peut utiliser les taux récents de détection d’objets interstellaires et les capacités connues pour estimer la densité d’objets similaires dans le voisinage solaire ». De fait, ils ont examiné le nombre de visiteurs interstellaires déjà repérés, 4 en huit ans : ‘Oumuamua, les météores interstellaires CNEOS 2014-01-08 et CNEOS 2017-03-09, et la comète interstellaire Borisov.
Puis ils l’ont lié à nos capacités de détection et d’observation d’autres galaxies afin d’arriver à deux estimations, l’une concernant les objets interstellaires initialement éjectés de leurs étoiles hôtes dans des directions aléatoires, comme des débris spatiaux de civilisations technologiques extraterrestres, l’autre concernant des « objets artificiels et dirigés vers des régions d’intérêt, comme les zones habitables des étoiles ».
Dans le premier cas, l’estimation est de 4 décillons, soit 40 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000. Dans le second cas, comme mentionné précédemment, l’estimation est de 4 quintillions, soit 4 000 000 000 000 000 000.
Mais en fait, localiser ces objets, sans parler de les inspecter de près, est extrêmement difficile. C’est si difficile qu’une rencontre rapprochée avec un engin extraterrestre de passage est le moyen le moins probable d’établir un premier contact avec des extraterrestres, selon Edward Schwieterman, astrobiologiste à l’Université de Californie à Riverside, pour le Daily Beast.
Une expédition océanique pour établir un premier contact
En septembre 2022, après l’acception de son travail par la Défense américaine concernant l’origine extra-terrestre du météore CNEOS 2014-01-08, Avi Loeb a annoncé un projet d’expédition dans l’Océan Pacifique. Il souhaite y étudier les restes du météore qui s’est enflammé en une boule de feu le 8 janvier 2014, lorsqu’il est entré, à environ 45 kilomètres par seconde, dans l’atmosphère terrestre au large de la Papouasie (Nouvelle-Guinée) avec une énergie équivalant à environ 110 tonnes métriques de TNT.
Amir Siraj, co-auteur de l’étude sur le météore, déclare : « Si nous pouvions récupérer des fragments de ce météore, ce serait la première fois que l’humanité touche un rocher provenant d’au-delà de notre système solaire ».
En effet, cette origine extra-terrestre repose principalement sur le fait que dans le rayon de distance de la Terre au Soleil, tout objet se déplaçant plus vite que 42 kilomètres par seconde est trop rapide pour être capturé par la gravité du soleil, expliquent les auteurs dans un communiqué. Par conséquent, tout ce qui dépasse cette limite de vitesse provient probablement de l’espace interstellaire, car la gravité du Soleil agit comme un ralentisseur céleste pour empêcher davantage de météores locaux d’atteindre ce type de vitesse. Le météore de 2014 a dû être éjecté d’une autre étoile voisine et envoyé dans notre direction s’il se déplaçait à une telle vitesse.
La célèbre maxime de Sherlock Holmes semble toute désignée quand l’objectif est de démontrer la présence de vie extra-terrestre tout près de la Terre : « Quand vous avez exclu l’impossible, tout ce qui reste, aussi improbable soit-il, doit être la vérité ».