Une expédition pour récupérer une « potentielle technologie extraterrestre » au fond de l’océan

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En janvier 2014, une météorite d’environ 45 cm de diamètre a traversé notre atmosphère pour s’échouer dans l’océan Pacifique. Selon Abraham (Avi) Loeb, ancien directeur du département d’astronomie de Harvard, cet objet interstellaire pourrait provenir d’une civilisation extraterrestre lointaine. Le physicien souhaite aujourd’hui récupérer les fragments de cette météorite au fond de l’océan pour pouvoir vérifier son hypothèse.

L’objet ‘Oumuamua, repéré en octobre 2017 par le télescope PanSTARRS, est le premier objet identifié comme issu de l’extérieur du Système solaire. Parce que sa trajectoire semblait influencée par une force non identifiée (autre que la force gravitationnelle), certains scientifiques, dont le professeur Avi Loeb, ont émis l’hypothèse que l’objet pourrait avoir une origine artificielle. En avril 2020, l’astrophysicien est nommé pour siéger au comité consultatif sur la science et la technologie de la Maison-Blanche. En janvier 2021, il a publié un ouvrage, Extraterrestrial: The First Sign of Intelligent Life Beyond Earth, dans lequel il détaille sa théorie.

Depuis l’an dernier, Loeb est responsable d’un nouveau projet, The Galileo Project, qui vise à rechercher des preuves matérielles d’artefacts technologiques extraterrestres (et non des signaux électromagnétiques, comme le projet SETI). S’il s’intéresse tant à cette météorite tombée en 2014, c’est parce que l’estimation de sa vitesse indique qu’il s’agit d’un objet interstellaire et que la quantité de matière brûlée à l’entrée dans l’atmosphère suggère qu’elle est bien plus résistante qu’une météorite de fer typique — donc qu’elle est potentiellement constituée d’un matériau inconnu sur Terre.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Une météorite de composition et de vitesse aberrantes

La détection d’Oumuamua en 2017, puis de la comète interstellaire Borisov en août 2019 — d’environ 100 mètres et d’au moins 400 mètres de diamètre respectivement — a permis de calibrer l’abondance des objets interstellaires de taille similaire. Convaincus que des objets interstellaires plus petits sont sans doute plus abondants, certains entrant en collision avec la Terre, Loeb et son équipe ont parcouru le catalogue du Center for Near Earth Object Studies (CNEOS) de la NASA pour tenter d’en repérer parmi les événements de bolides référencés.

C’est ainsi qu’ils ont repéré en 2019 la météorite tombée sur Terre le 8 janvier 2014. « Celle-ci était une aberration en matière de composition. C’était aussi une aberration en matière de vitesse en dehors du système solaire. Elle s’est déplacée au moins deux fois plus vite que les étoiles se déplacent autour du Soleil à son voisinage », explique Loeb à NBC. Ce n’est que récemment, en mai de cette année, que l’origine interstellaire de l’objet a été confirmée par le Département américain de la défense, avec un niveau de confiance de 99,999%. L’objet se déplaçait à environ 60 km/s par rapport au Soleil — une vitesse bien trop rapide pour qu’il soit lié à la gravité solaire. Il pourrait donc être le tout premier objet interstellaire jamais découvert dans notre système solaire.

« Il a frappé l’atmosphère à environ [160 kilomètres] au large des côtes de la Papouasie-Nouvelle-Guinée au milieu de la nuit, avec environ 1% de l’énergie de la bombe d’Hiroshima », a déclaré à Space.com Amir Siraj, astrophysicien à l’Université de Harvard et co-auteur de l’étude détaillant l’expédition à venir. S’agit-il réellement d’un artefact extraterrestre ? Pour le savoir, le seul moyen est de l’examiner de près ; le professeur Loeb a donc prévu une expédition pour le récupérer. Financée par des donateurs privés, celle-ci devrait coûter plus de 1,5 million de dollars ; l’équipe a pour le moment levé un demi-million et cherche toujours les fonds qui lui permettront de faire aboutir ce projet.

De minuscules fragments récupérés à l’aide d’un aimant massif

Selon les données du Département américain de la défense, l’objet, baptisé CNEOS 2014-01-08, repose à environ 300 km au nord de l’île de Manus dans la mer de Bismarck, dans le sud-ouest de l’océan Pacifique. L’équipe prévoit de monter à bord d’un navire et de draguer les fonds marins à l’aide d’un puissant aimant pendant une dizaine de jours.

La météorite d’environ 50 cm de diamètre est susceptible de s’être fracturée en des milliers de minuscules fragments, mais l’extrême résistance de l’objet indique qu’il est très probable que ces fragments soient ferromagnétiques. L’équipe espère récupérer des fragments aussi petits que 0,1 mm de diamètre. « Nous collecterons avec les aimants tous les fragments qui sont attirés, puis nous les brosserons et étudierons leur composition en laboratoire », détaillent les scientifiques.

Le coût de l’expédition est estimé à 1,6 million de dollars. Un investissement important, mais qui reste nettement inférieur au budget nécessaire à la méthode alternative qui consiste à lancer une mission spatiale à la rencontre d’un objet interstellaire dans l’espace, souligne Siraj. Le projet suscite évidemment la polémique parmi la communauté scientifique, mais le professeur Loeb ne se laisse pas intimider par les critiques. « Une fois que j’aurai prouvé que nous avons trouvé un objet technologique qui a été produit ailleurs, je ne chercherai pas à obtenir l’approbation de quelqu’un d’autre, je n’ai pas besoin de likes sur Twitter. Je veux juste savoir ce que c’est », confie l’astrophysicien à NBC.

Loeb reste convaincu que ses découvertes seront sans précédent pour l’humanité et changeront nécessairement « notre perspective sur notre place dans l’Univers ». Si l’équipe atteint son objectif et prouve que cet objet est un artefact extraterrestre, ce sera la première fois que des humains mettront la main sur un objet venu d’ailleurs.

Source : arXiv

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