Les grands événements suscitent souvent un foisonnement de théories du complot sur les réseaux sociaux. Bien que de nombreuses personnes adhèrent à ces idées, nombre de discours les alimentant sont infondés. Ainsi, un professeur de l’Université d’État de Louisiane, aux États-Unis, a formulé plusieurs conseils pour aider à démêler le vrai du faux.
Ayant déjà causé la mort d’un demi-million de personnes, la crise des opioïdes qui sévit depuis 25 ans aux États-Unis illustre bien ce qu’est un complot. Cette crise est due à l’OxyContin, un analgésique opioïde développé par l’entreprise Purdue Pharma, détenue par la famille Sackler. Ce médicament, largement promu, a été prescrit massivement par les médecins et a entraîné une dépendance sévère chez de nombreux patients. Les Sackler, ayant dissimulé la nature addictive de l’OxyContin, ont été rapidement considérés comme les acteurs d’une conspiration (ou d’un complot) avérée.
Selon la professeure Colleen Sinclair, la révélation de complots réels comme celui de cette famille incite les gens à croire plus facilement à d’autres théories du complot, même celles sans fondement. Or, ces croyances erronées peuvent parfois mener à des actions extrêmes, lors de manifestations par exemple. Spécialiste en psychologie sociale, la professeure Sinclair propose donc des méthodes pour évaluer la validité des théories du complot dans un article publié sur The Conversation. Elle y propose une méthode en sept étapes, que nous avons résumées en trois catégories clés.
Repérer les comportements alarmants
Selon Sinclair, les théories du complot infondées manquent de preuves tangibles. Leurs promoteurs prétendent parfois que des informations essentielles sont « cachées » et affirment avoir accès à des renseignements secrets. Ils soulignent également des ambiguïtés mineures ou des incohérences dans les récits officiels, utilisant ces éléments pour appuyer leurs hypothèses non fondées.
De plus, ces « théoriciens » ont tendance à minimiser ou rejeter les preuves les contredisant, surtout lorsqu’elles proviennent de sources reconnues comme fiables. Ils privilégient les informations qui semblent soutenir leurs croyances et utilisent souvent des anecdotes difficilement vérifiables pour renforcer leurs arguments. Sinclair note aussi que les fausses théories évoquent fréquemment des phénomènes surnaturels ou extraterrestres pour expliquer des événements.
Évaluer le nombre d’acteurs impliqués dans le discours
L’auteure de l’article souligne que les complots avérés impliquent généralement des groupes restreints. Elle illustre son propos avec l’affaire des fabricants de tabac, qui concernait uniquement des dirigeants d’entreprises, des scientifiques et des agences rémunérées pour dissimuler les dangers du tabac. En règle générale, les accusations qui englobent un large spectre de personnalités et d’entités manquent souvent de crédibilité. En effet, il est plus facile de garder un secret au sein d’un petit groupe. Ainsi, les théories du complot qui citent de vastes réseaux de personnalités publiques et de grandes entreprises internationales devraient éveiller les soupçons.
Évaluer les raisons potentielles du complot
Avant de valider une théorie, il est important de connaître clairement les motivations derrière les conspirations supposées. Les conspirateurs sont généralement poussés par des gains financiers, politiques ou de pouvoir. Les théories moins crédibles manquent souvent d’une explication logique quant aux bénéfices réels pour les personnes ou entités impliquées.
Il est également important d’examiner les avantages potentiels que les complotistes pourraient tirer de la diffusion de leurs idées. Cela souligne l’importance de connaître la source d’une théorie. Les affirmations provenant de personnes anonymes, en particulier, devraient principalement mettre la puce à l’oreille.