Une étude récente a montré que la consommation de chocolat noir peut réduire le risque de diabète de type 2 de 21 %. Dans la recherche d’alternatives naturelles pour préserver la santé, un fruit encore peu connu du grand public attire l’attention des chercheurs : le corossol. Originaire d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale, ce fruit, utilisé depuis des siècles en médecine traditionnelle pour ses vertus supposées antidiabétiques et anticancéreuses, divise aujourd’hui la communauté scientifique. Tandis que certaines études mettent en avant son potentiel thérapeutique, d’autres évoquent des risques pour la santé neurologique.
Le corossolier (Annona muricata), également appelé graviola, appartient à la famille des Annonaceae. Originaire des régions tropicales d’Amérique latine, il s’est largement acclimaté en Afrique, en Asie du Sud-Est et dans les îles du Pacifique.
Depuis des générations, diverses parties de cet arbre – fruits, feuilles, écorce et racines – sont utilisées dans la médecine traditionnelle pour traiter un large éventail de maux, allant des infections bactériennes et parasitaires aux douleurs articulaires et troubles digestifs.
Un potentiel anticancéreux étudié
Les recherches scientifiques menées sur le corossol ont révélé la présence de plusieurs composés bioactifs, notamment des acétogénines, des flavonoïdes et des alcaloïdes. Ces molécules présentent des propriétés cytotoxiques, capables d’éliminer certaines cellules cancéreuses. De précédents travaux ont suggéré que ces acétogénines peuvent freiner la croissance tumorale et jouer ainsi un rôle dans la prévention du cancer.
Une méta-analyse de 2015, rassemblant plus de 130 études sur le sujet et publiée dans l’International Journal of Molecular Sciences, met en lumière les effets potentiels des extraits de corossol : ils inhiberaient la prolifération des cellules tumorales et favoriseraient leur apoptose (mort cellulaire programmée). Toutefois, ces résultats proviennent majoritairement d’études in vitro et animales, et leur transposition à l’homme reste à confirmer.
« Le fruit est utilisé comme remède naturel contre l’arthrite, la névralgie, l’arthrose, la diarrhée, la dysenterie, la fièvre, le paludisme, les parasites, les rhumatismes, les éruptions cutanées et les infections parasitaires. Il est aussi consommé pour stimuler la lactation après l’accouchement », soulignent les auteurs de l’étude. Avant d’ajouter : « Parmi les différentes activités documentées de cette plante, les plus prometteuses concernent ses effets anticancéreux, antiparasitaires et insecticides ».
Des résultats également évoqués par une étude plus récente, publiée en 2024 dans le Malaysian Journal of Pharmacy, qui met en avant la sélectivité des extraits de corossol. Ces derniers cibleraient les cellules cancéreuses sans affecter les cellules saines.
« Les extraits d’Annona muricata exercent une action bénéfique contre le cancer, en montrant un effet cytotoxique via un mécanisme d’inhibition, d’apoptose et de destruction sélective des cellules tumorales, tout en préservant les cellules normales », expliquent les chercheurs. « Ils présentent également des propriétés anti-inflammatoires en activant certaines voies métaboliques, notamment celle de la synthèse des prostaglandines ».
Une piste pour la gestion du diabète
Outre ses propriétés anticancéreuses supposées, le corossol pourrait également jouer un rôle dans la gestion du diabète. Riche en antioxydants et en fibres, il contribuerait à moduler la glycémie et à protéger les cellules pancréatiques productrices d’insuline.
Une autre étude, dirigée par le biochimiste Kingsley Chukwunonso Agu et publiée dans Clinical Phytoscience, a examiné les effets des extraits méthanoliques de diverses parties du corossolier sur deux enzymes clés du métabolisme glucidique : l’α-amylase et l’α-glucosidase.
Les résultats montrent que ces extraits inhibent leur activité in vitro, ce qui pourrait ralentir la digestion des glucides et éviter des hausses brutales de la glycémie. Une expérimentation sur des souris a d’ailleurs révélé une diminution de l’activité de l’α-amylase après 28 jours de traitement, suggérant un effet hypoglycémiant potentiel.
Des risques neurologiques à considérer
Si les vertus du corossol sont régulièrement mises en avant, certaines études alertent sur sa toxicité potentielle. Certains de ses composés, notamment les acétogénines et l’annonacine, pourraient avoir des effets neurotoxiques. Un rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) publié en 2010 a notamment évoqué une certaine corrélation entre la consommation de corossol et l’apparition de syndromes parkinsoniens.
Le document souligne toutefois que cette hypothèse n’a pas encore été confirmée par des études épidémiologiques concluantes. Depuis, peu de recherches ont permis d’étayer ou d’infirmer ce lien, laissant subsister des interrogations sur la sécurité d’une consommation régulière.
Ainsi, malgré des résultats de recherche prometteurs, le corossol demeure un sujet d’étude nécessitant des investigations approfondies. Son potentiel anticancéreux et antidiabétique est étudié, mais les risques neurologiques qui lui sont associés nécessitent des recherches approfondies. Dans l’attente de preuves scientifiques plus solides, une consommation modérée reste de mise.