Après des décennies d’expansion industrielle intensive, nous nous retrouvons avec les « restes » de ce qui était autrefois un monde rempli de verdure, aux écosystèmes parfaitement équilibrés. Aujourd’hui, 70% des zones sauvages restantes sur Terre sont confinées dans cinq pays seulement.
La réalité de cette destruction généralisée est illustrée par une nouvelle carte mondiale des écosystèmes intacts, intitulée « Que reste-t-il ? ». Et la réponse est assez simple : il ne reste pas énormément de naturalité (caractère sauvage d’un paysage ou d’un milieu naturel) dans le monde…
Il y a un siècle, seulement 15% de la surface de la Terre était utilisée pour l’exploitation agricole. En excluant l’Antarctique et la haute mer, les recherches montrent que plus de 77% des terres et 87% des océans ont été directement modifiés par les activités humaines. Cela signifie que seulement 23% de la masse continentale mondiale peut maintenant être considérée comme une zone sauvage.
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« Ces résultats ne sont rien de moins qu’une histoire d’horreur pour les derniers endroits sauvages de la planète », déclare l’auteur principal James Watson, chercheur en biodiversité et conservation à l’université du Queensland.
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Des chercheurs de l’Université du Queensland (UQ) et de la Wildlife Conservation Society (WCS) ont créé une carte globale et l’ont recoupée avec les frontières nationales. L’étude a été publiée dans la revue Nature.
Étonnamment, les résultats révèlent que seuls 20 pays détiennent 94% des étendues sauvages de la planète. Et les nations qui se classent parmi les cinq premières places, notamment la Russie, le Canada, l’Australie, les États-Unis et le Brésil, en accueillent la grande majorité. Ces dernières vont donc jouer un rôle crucial dans la préservation de la flore et de la faune, et donc dans l’avenir de la Terre.
En effet, si les dernières protectrices de la nature ne sont pas elles-mêmes défendues, les retombées pourraient être catastrophiques. Ces zones de nature vierge servent non seulement de refuge à de nombreuses espèces animales et végétales, mais elles absorbent également de grandes quantités de carbone et constituent un moyen de lute naturel essentiel contre le changement climatique.
Mais préserver ces zones a bien un coût. Les pays devront limiter l’expansion de leurs infrastructures et miser, intelligemment, sur des développements à grande échelle dans les domaines de l’exploitation minière, de la sylviculture (exploitation durable des forêts), de l’agriculture, de l’aquaculture et de la pêche industrielle.
« La nature ne sera protégée dans le monde que si ces pays assument un rôle de leader. Actuellement, ce type de leadership est absent », déclare le co-auteur John Robinson, primatologue et vice-président exécutif de WCS pour la conservation mondiale.
« Nous avons déjà tellement perdu. Nous devons saisir ces opportunités pour sécuriser le monde sauvage avant qu’il ne disparaisse pour toujours » ajoute-t-il.
Les auteurs de l’étude demandent un « cadre politique international » qui puisse assurer la protection de 100% des zones sauvages restantes. Ils demandent également aux responsables d’inclure la préservation des écosystèmes intacts dans le Plan stratégique des Nations Unies pour la biodiversité ainsi que dans l’accord de Paris sur le climat.
« La perte de la naturalité doit être traitée de la même manière que nous traitons l’extinction », a déclaré Watson.
Dans les océans, les organisations régionales de gestion de la pêche (ORGP), formées par les pays pour gérer des intérêts de pêche partagés, ont effectivement fermé de vastes zones de haute mer. Par exemple, la Commission des pêches de l’Atlantique du Nord-Est (CPANE) — une ORGP fondée en 1980 — a fermé plus de 350’000 kilomètres carrés de chalutage de fond en Atlantique. L’efficacité des ORGP pourrait être améliorée pour permettre la création d’accords de conservation plus vastes et à plus grande échelle concernant la haute mer.
Les zones sauvages sont confrontées à la même crise d’extinction que les espèces. De la même manière que l’extinction des espèces, la dégradation de la naturalité est essentiellement irréversible. Des recherches ont montré que les premiers impacts de l’industrie sur les zones de nature vierge sont les plus conséquents. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’une fois qu’il a été érodé, un écosystème et ses nombreuses richesses ne peuvent jamais être entièrement restaurés.
À l’heure où nous avons déjà tellement perdu, il est nécessaire d’agir mondialement afin de sécuriser nos richesses naturelles, avant que ces dernières ne disparaissent à jamais.