Les changements climatiques, les espèces envahissantes et le déclin de la biodiversité des îles hawaïennes ont fait de nombreuses victimes parmi les animaux et les insectes indigènes.
George, était le nom du dernier représentant de l’espèce d’escargot arboricole Achatinella apexfulva. Cet escargot se nourrissait de champignons, d’algues et de bactéries. Il s’est éteint le 1er janvier 2019, à l’âge de 14 ans. La mort du dernier individu de cette espèce témoigne du déclin de la biodiversité dans les îles hawaïennes, où le changement climatique et les prédateurs envahissants ont lourdement pesé sur les animaux indigènes et les insectes.
Depuis une dizaine d’années, George était le tout dernier représentant connu de son espèce. Malheureusement, bien qu’hermaphrodite, il n’a pas pu engendrer de descendance car il n’y avait tout simplement plus de congénère avec lequel s’accoupler.
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« En 1997, les 10 derniers spécimens connus ont été centralisés en laboratoire afin de les faire se reproduire en captivité. L’expérience a abouti à la naissance de plusieurs escargots, mais pour des raisons inconnues, elle a tourné à la catastrophe. Tous les escargots sont morts, sauf un : George », relate le département des ressources naturelles de cet État américain.
George, qui n’a jamais vécu dans une vraie forêt, est devenu un véritable emblème dans le domaine de la conservation des escargots terrestres à Hawaï. Au cours de sa vie, des centaines voire des milliers d’écoliers, lui ont rendu visite. Mais en dépit de son statut de célébrité, George n’était pas le plus bel escargot à regarder.
Selon David Sischo, coordinateur du programme de prévention de l’extinction des escargots du Hawaii Invertebrate Program, il était « vieux et grisonnant », et aussi « un peu ermite ». En effet, l’escargot restait souvent dans sa coquille, tandis que la plupart des autres escargots nocturnes émergent.
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Néanmoins, George est aussi le symbole de décennies de mauvais choix réalisés en matière de conservation. À savoir que les toutes premières références scientifiques concernant les Achatinella apexfulva datent de 1780 et de l’arrivée des Britanniques à Hawaï, selon Sischo. En effet, les escargots (endémiques sur l’archipel) étaient alors très nombreux et jouaient un rôle important pour l’écologie environnante (notamment pour la décomposition des végétaux).
À cette époque, les escargots terrestres hawaïens existaient en 752 variétés époustouflantes, soit à peu près autant que sur le continent américain et le Canada, réunis. Les escargots sont probablement arrivés par le biais des oiseaux de mer, il y a des millions d’années, où ils ont ensuite prospéré et se sont développés en différentes espèces (dont beaucoup ne se trouvent que dans une seule zone, d’une forêt spécifique, et sur une seule île). À l’époque, ils n’avaient pas de prédateurs naturels et, même après que les Polynésiens aient introduit des rats sur l’île, ils y vivaient toujours en abondance.
Mais les choses ont changé lorsque les Européens ont commencé à se rendre sur les îles. Des rapports datant du 19e siècle mentionnent qu’il n’était pas rare de pouvoir ramasser jusqu’à 10’000 escargots par jour. En effet, au début des années 1900, de nombreuses espèces ont été « collectées », jusqu’à l’extinction. Au début du 20e siècle, plusieurs espèces avaient déjà totalement disparu.
Malheureusement, même à ce moment-là, les escargots hawaïens n’étaient pas au bout de leurs peines… C’est en 1955, que des biologistes ont importé à Hawaï une autre espèce d’escargot carnivore étrangère, Euglandina rosea, originaire du sud des États-Unis. Le but de cette manœuvre était simple : contrôler les populations d’escargots géants africains, Achatina fulica, qui proliféraient, faute de prédateurs naturels sur l’île. Malheureusement, les Euglandina rosea ne se sont pas contentés de déguster les géants africains, ils ont également décimé les espèces d’escargots natives. Selon l’Institut des espèces invasives du Texas, près d’un tiers des escargots auraient alors disparu.
Malgré le triste sort de l‘espèce Achatinella apexfulva, Sischo a déclaré que le laboratoire d’Oahu dans lequel il travaille compte actuellement des milliers d’escargots indigènes en résidence, et que des scientifiques ont commencé à réintroduire certains adultes dans des forêts isolées, où ils espèrent que les escargots pourront prospérer. Ces lieux sont actuellement gardés secrets, en partie pour que les humains n’aillent pas les chercher pour les récupérer.
Quant à George, sa coquille et son corps ont été préservés, ainsi qu’un échantillon vivant de deux millimètres de son « pied », qui a été envoyé congelé au zoo de San Diego. Le but étant de potentiellement le cloner un jour, et ainsi faire revivre l’espèce.