Des Norvégiens résidant sur une minuscule île où le jour et la nuit peuvent persister plusieurs jours de suite, ont signé une pétition sur la suppression de l’heure. Une décision qui montre tout de même des complications tant au niveau professionnel que biologique.
À Sommarøy (ou île de l’été en norvégien), une petite île au nord de la Norvège, le heures ont peu de significations. En effet, le Soleil est complètement absent de Novembre à Janvier, et du 18 Mai au 26 juillet (seule période où son nom correspond), il ne se couche pas.
La plupart des habitants de ce village de pêcheurs ont laissé tomber leurs horloges et montres pour se contenter de leur propre notion du temps. Pour eux, il n’y a aucun problème à travailler à 2 heures du matin, ou recevoir des appels à des heures qui seraient considérées comme inconvenables pour nous.
Kjell Hveding, 56 ans, est l’un d’entre eux. Récemment, il a lancé une pétition dans le but de faire de l’île la première région au monde à supprimer l’heure.
Il explique que son application ne changera pas les habitudes de la majorité des villageois. Ce ne serait qu’une formalisation de leur train de vie qu’ils pratiquent depuis des générations, et cela pourrait éliminer le stress de la vie quotidienne imposé par les horaires.
Sur cette île où résident environ 320 habitants, Hveding a pour l’instant récolté une centaine de signatures. À présent, il souhaiterait que les membres du parlement signent également.
« Lorsque le gouvernement discute de la nouvelle loi sur l’hiver ou l’été ou avance le temps, nous rions encore ici, parce que cela n’a pas d’importance », déclare t-il sur CBC Radio.
Cependant, de nombreux inconvénients rendent l’abolition complète de l’heure difficile, voire impossible. Pour certains résidents, l’heure est encore nécessaire pour déterminer quand aller au travail, à l’école ou pour fixer des rendez-vous. Hveding avoue lui-même que l’horloge ne pourra jamais totalement disparaître de l’île, mais que l’application de la pétition dont les propositions sont encore confuses pourrait permettre une certaine autonomie et flexibilité que les signataires recherchent.
Un autre inconvénient est le corps humain lui-même. En effet, son fonctionnement sur 24 heures est régulé par le rythme circadien, qui permet de déterminer, par le biais d’hormones, l’heure du réveil, des repas, ou encore du sommeil. Généralement, ce cycle est synchronisé avec la lumière du Soleil. On pourrait penser que passer sa vie dans cette région où les alternances jour/nuit sont « déréglées » causerait une réadaptation du cycle circadien, mais Hanne Hoffman, éthologiste de l’Université d’État du Michigan, explique que ce n’est pas le cas.
« Le problème est que l’Homme n’a pas évolué dans l’Arctique. Nos corps se sont adaptés à ce cycle de 24 heures généré par la rotation de la Terre. Nous ne pouvons pas vraiment nous opposer à l’évolution, et c’est ce qui se passe dans ces endroits. Vous allez à l’encontre de ce que nous sommes programmés à faire ».
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En résumé, le corps humain sait exactement comment se réguler même en l’absence du soleil. De nombreuses recherches ont prouvé des effets néfastes sur la santé dues à la perturbation de ce cycle, avec un risque accru de maladies cardiaques, de dépression, ou encore de cancers.
Même si la pétition est appliquée, les différents facteurs biologiques de la régulation du cycle finiront toujours par rattraper les personnes qui auront jeté toutes leurs montres et horloges, mais une chose est sûre : elle attirera l’attention de nombreux curieux dans le monde, qui voudront tester ce mode de vie, ce qui pourrait favoriser le tourisme dans La région.