Rien qu’en 2018, environ 1.7 million de personnes auraient été nouvellement infectées par le virus du SIDA, ou VIH. Au total, près de 38 millions de personnes seraient aujourd’hui porteuses de la maladie à travers le monde. Mais récemment, un nouveau rapport médical le confirme : un homme de Londres est devenu la deuxième personne au monde à être totalement guérie du VIH. À présent, ce dernier a même décidé de révéler son identité.
L’homme en question, dont le cas a été mis en lumière pour la première fois il y a un an, est à présent totalement guéri du VIH depuis 30 mois et n’a plus besoin de médicaments antiviraux. Auparavant uniquement connu sous le nom de « patient londonien », il a décidé de révéler son identité ce lundi 9 mars 2020 : il s’agit d’Adam Castillejo, 40 ans, diagnostiqué pour la première fois avec le VIH en 2003.
Mais l’année dernière, les chercheurs ont rapporté que Castillejo avait connu une « rémission à long terme » du virus, après avoir subi une greffe de moelle osseuse spéciale. À cette époque, Castillejo était indemne de VIH depuis 18 mois. À présent, encore 12 mois plus tard, ses médecins sont totalement certains que Castillejo en est totalement guéri.
A year after the “London Patient” was introduced to the world as only the second person to be cured of H.I.V., he is stepping out of the shadows to reveal his identity. “I want to be an ambassador of hope," he said. https://t.co/l4XxVgj8AK
— The New York Times (@nytimes) March 9, 2020
Dans leurs conclusions, le professeur Ravindra Kumar Gupta, auteur principal de l’étude, et ses collègues de l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, affirment qu’aucune trace du virus n’a été détectée dans le sang et le reste des fluides corporels de Castillego, trente mois après sa greffe de moelle osseuse.
« Ces résultats représentent le deuxième cas jamais observé d’un patient guéri du VIH », a déclaré Gupta, professeur de microbiologie clinique à l’Université de Cambridge, dans un communiqué.
Le tout premier patient à avoir été guéri du VIH était Timothy Brown, également connu sous le nom de « patient de Berlin », qui avait alors reçu une greffe de moelle osseuse similaire en 2007. Ce dernier s’est donc totalement remis depuis plus d’une décennie.
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Greffe de cellules souches
Dans les cas de Castillejo et de Brown, les cellules souches utilisées pour leurs transplantations provenaient d’un donneur qui avait une mutation génétique relativement rare, qui confère une résistance au VIH.
Cependant, les chercheurs ont tenu à souligner qu’une telle greffe de moelle osseuse ne fonctionnerait pas comme traitement standard pour tous les patients infectés par le VIH. En effet, de telles transplantations sont risquées, et Castillejo et Brown ont, dans un premier temps, eu recours à ces transplantations pour traiter leur cancer, plutôt que le VIH.
En effet, les deux patients avaient développé une leucémie myéloïde (ou cancer du sang), induite par l’infection. Pour tenter de traiter la leucémie, les médecins ont injecté, directement dans la moelle osseuse, des cellules souches provenant d’une personne présentant la mutation génétique CCR5Δ32, conférant une résistance au VIH. Cette dernière modifie les récepteurs membranaires des leucocytes, cellules immunitaires ciblées par le virus du SIDA. Ces récepteurs ainsi modifiés empêcheraient les virions du VIH d’infecter les leucocytes et donc d’entraîner une immunodéficience. L’injection de ces cellules souches mutantes a permis aux deux patients de produire leurs propres cellules sanguines et immunitaires mutées, protégées contre le virus.
Vers un espoir de remède ?
Dans le nouveau rapport, les médecins n’ont trouvé aucune infection virale active dans le corps de Castillejo. Cependant, ils ont tout de même détecté des « restes » de l’ADN du VIH dans certaines cellules.
Fort heureusement, les médecins ont spécifié que ces traces d’ADN pouvaient être considérées comme des « fossiles », car il est très peu probable qu’elles permettent au virus de se répliquer. À noter que de tels restes ont également été trouvés dans le cas de Brown. La guérison de Castillejo est une excellente nouvelle qui « signifie que la première guérison (chez le patient berlinois) n’était pas une anomalie ou un coup de chance ! », a conclu Gupta. Cependant, il s’agit d’une procédure risquée, longue, et coûteuse, avec des chances de succès encore relativement faibles.