La pluie de météores Êta Aquarides est attendue pour cette semaine. Elle sera particulièrement visible cette nuit, avant l’aube. Si vous souhaitez en profiter, essayez de ne pas fermer l’œil ou de vous lever très tôt !
Les Êta Aquarides sont en réalité des météores provenant de la comète de Halley. Moins spectaculaire que les Perséides du mois d’août, cette pluie d’étoiles filantes qui se reproduit chaque année, de la fin avril à la mi-mai, gratifie quand même les plus chanceux d’objets tout aussi brillants. Cette année, le « pic » – le moment où le plus de météores sont visibles – devrait se produire avant l’aube du 5 mai. En théorie, la fréquence des passages devrait atteindre les 40 météores par heure.
Une pluie d’étoiles filantes deux fois par an
La comète de Halley (ou 1P/Halley) a une période d’environ 76 ans. Son dernier passage au périhélie (le point de son orbite le plus proche du Soleil) remonte à février 1986 et nous n’aurons pas le plaisir de revoir ce fabuleux objet dans notre ciel avant le mois de juillet 2061. Elle approche actuellement de l’extrémité de son orbite la plus éloignée du Soleil (aphélie) ; elle l’atteindra le 8 décembre 2023, puis recommencera sa longue course vers le Soleil.
Comme toutes les comètes, Halley laisse toutefois « traîner » un champ de poussières et de gravats derrière elle, à chacun de ses passages près du Soleil. Or, son orbite passe très près de notre propre orbite, à deux reprises (voir schéma ci-dessous). Ainsi, la Terre traverse chaque année deux fois cet essaim de météorites.
Ainsi, deux fois par an, en automne et au printemps, ces fragments de comètes parcourent notre atmosphère à grande vitesse et nous pouvons observer des pluies d’étoiles filantes pendant environ une semaine : les Orionides, autour du 21 octobre, et les Êta Aquarides début mai. Ces dernières seront mieux observées dans les heures précédant l’aube, loin de la lueur des lumières de la ville.
Les météores semblent provenir d’Eta Aquarii, l’une des étoiles les plus brillantes de la constellation du Verseau. Pour nous, observateurs de l’hémisphère nord, ce point d’origine, appelé radiant, ne sera pas très haut dans le ciel ; il faudra donc privilégier les sites d’observation avec un horizon sud relativement dégagé pour profiter au maximum des météores. C’est dans l’hémisphère sud, comme bien souvent, que l’on pourra profiter des plus belles vues (jusqu’à 60 météores par heure).
Inutile de se focaliser sur le radiant pour trouver des météorites ! Au contraire, vous pourriez manquer les météores qui créent les plus longues stries lumineuses ! Selon Bill Cooke, qui dirige le Meteoroid Environment Office de la NASA, la meilleure façon de voir les météores est de se coucher à plat sur le dos et de regarder droit vers le haut. Ainsi, vous bénéficiez de la vue la plus large du ciel sans vous fatiguer les cervicales…
De belles observations en perspective pour les plus matinaux
Les experts précisent que l’intervalle d’observation des Êta Aquarides est relativement court et se produit juste avant l’aube. Les météores apparaissent comme des stries rapides à travers le ciel (environ 66 km/s) et certains laissent de longues traînées lumineuses derrière eux. Si les habitants de l’hémisphère sud seront les mieux lotis, au nord, nous ne pourrons observer que 5 météores par heure environ. Les météores partant du radiant et frôlant notre atmosphère horizontalement (à la manière d’un ricochet sur l’eau) offriront les plus beaux spectacles ; les amateurs appellent ces météores des Earth-grazers (bolides rasants en français), ils produisent des traînées colorées, longues et durables. Ils sont malheureusement peu nombreux en général, mais le spectacle vaut la peine de tenter sa chance !
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À savoir que les Êta Aquarides n’ont été officiellement découverts qu’à la fin du XIXe siècle. En 1870, le lieutenant-colonel G. L. Tupman – particulièrement intéressé par l’astronomie et membre de la Royal Astronomical Society – a pu observer en naviguant sur la Méditerranée une quinzaine de météores le matin du 30 avril, puis d’autres les matins qui ont suivi ; ces objets célestes semblaient provenir de la constellation du Verseau.
En 1876, l’astronome britannique Alexander Stewart Herschel a constaté que l’orbite de la comète de Halley coïncidait presque avec l’orbite de la Terre autour du 4 mai. Il estime alors que si nous rencontrions des débris de comètes, les stries de lumière qu’ils engendreraient sembleraient émaner des environs du Verseau. Une conclusion complètement corroborée par les observations de Tupman. Dans les années qui ont suivi, d’autres astronomes et observations ont confirmé la théorie.