Depuis le décès de George Floyd, le 25 mai, des manifestations du mouvement Black Lives Matter ont lieu dans la plupart des grandes villes du monde, pour dénoncer les violences policières à l’égard de la communauté noire. Le message a même été relayé jusqu’à l’espace : le 5 juin, un satellite SkySat a capturé le célèbre slogan, peint en grosses lettres jaunes sur la 16e rue à Washington DC.
Sur le cliché, on distingue également la Maison Blanche, tout à droite, et le parc Lafayette Square qui lui fait face. Le satellite SkySat est exploité par la société Planet Labs, une entreprise américaine spécialisée dans l’observation terrestre et l’imagerie ; les images prises par ses satellites sont notamment utilisées dans le domaine de la cartographie, ou pour le suivi des catastrophes naturelles et la gestion des ressources agricoles. Mais c’est la première fois qu’un de ses clichés sert à dénoncer les inégalités raciales… À noter que ce même jour, le conseil municipal de Washington a officiellement renommé cette section de la 16e rue menant à la Maison Blanche : elle porte désormais le nom du mouvement, Black Lives Matter.
Une flotte d’appareils pour scruter la Terre
Avant la publication de cette photo sur son compte Twitter, Planet Labs avait exprimé son soutien aux manifestants, quelques jours auparavant. « Nous sommes solidaires de la communauté noire et de toutes les personnes de couleur qui expriment pacifiquement leur colère et leur frustration de voir leur voix ignorée pendant trop longtemps […]. Planet est aux côtés de ceux qui recherchent la justice et l’égalité raciale », peut-on lire dans un post du 2 juin.
Les premiers satellites de Planet Labs ont été lancés en 2013. Début 2017, elle disposait de dizaines de satellites prêts à photographier la planète sous toutes ses coutures. En dehors de son importante flotte de nano satellites – des modèles Dove, des CubeSats d’environ 5 kg – Planet Labs disposait également de quelques satellites RapidEye, conçus par la société BlackBridge, qu’elle a acquise en 2015. Cette flotte de satellites RapidEye n’est néanmoins plus en activité depuis le mois d’avril 2020. Enfin, via le rachat de la société Terra Bella en 2017, Planet Labs compte également plusieurs satellites SkySat parmi ses engins.
Depuis ses débuts, Planet Labs a déployé plus de 350 satellites d’imagerie en orbite. Les satellites Dove, tous équipés d’un télescope et d’une caméra, peuvent atteindre une résolution de 3 mètres ; ils balayent la planète en continu. L’engin à l’origine de la photo « Black Lives Matter » est un SkySat ; Planet Labs en exploite actuellement une quinzaine. Bien plus gros que les CubeSats (ils pèsent une centaine de kilos), ils affichent une résolution d’environ 72 centimètres.
Une impressionnante collection de photos
Si la plupart du temps l’entreprise commercialise ses images auprès de professionnels (pour la surveillance du climat, la prévision du rendement des cultures, l’urbanisme, etc.), elle partage également avec le public des clichés particulièrement remarquables ou importants, librement et gratuitement téléchargeables. Récemment, elle a par exemple publié une photo de la marée noire survenue dans une rivière de Sibérie :
Tout aussi alarmante, cette photo du glacier Petermann, situé dans le nord-ouest du Groenland, qui met en évidence d’importants lacs et rivières de glace fondue. Le cliché a été pris il y a presque un an jour pour jour :
Un autre cliché plus récent (et un peu moins déprimant…) pris par un SkySat : la base de lancement de Cap Canaveral, photographiée le 29 mai 2020, avant le lancement du Crew Dragon :
Sur le même sujet : L’encombrement visuel provoqué par les satellites Starlink, qui inquiétait les astronomes, est en train de se produire…
N’hésitez pas à faire un tour dans la galerie d’images de la société, certains clichés valent vraiment le coup d’œil ! Vous aurez même la possibilité de filtrer les images par thématique. Notez que les photos liées au contexte sanitaire actuel sont particulièrement intéressantes : des montages avant/après de plusieurs endroits du monde révèlent à quel point la société a été littéralement « mise en pause » ces derniers mois.