Une rivière dans le cercle polaire arctique a pris une teinte rouge foncé après un accident industriel qui a déversé plus de 20’000 tonnes de diesel dans l’environnement. Cette catastrophe a poussé les autorités à décréter une « situation d’urgence », et soulève fortement l’inquiétude des écologistes et des riverains.
Cette effroyable marée noire a débuté le 29 mai, suite à un accident qui s’est produit dans une usine appartenant à une division de Nornickel, le plus grand producteur de nickel au monde, près de la ville sibérienne de Norilsk. La pollution a été causée par la fuite d’un réservoir de carburant diesel endommagé, « à cause de l’affaissement soudain de piliers ayant tenu pendant 30 ans sans aucune difficulté », a indiqué Nornickel. Selon les autorités russes, les contaminants ont rapidement trouvé leur chemin vers la rivière Ambarnaya, située à environ 12 kilomètres de l’usine, tandis que 800 tonnes de diesel ont été trouvées dans le territoire adjacent.
Depuis l’accident, des opérations de nettoyage sont en cours et les autorités affirment que la marée noire n’a pas atteint la mer de Kara, une partie de l’océan Arctique au nord de la Sibérie, bien que des tests en laboratoire soient encore nécessaires pour le confirmer. Quoi qu’il en soit, les eaux et le sol environnants de Norilsk resteront pollués durant des décennies.
L’association WWF s’est réjouie mardi que la pollution avait pu être quelque peu contenue par des barrages flottants, mis en place par les autorités, avant d’atteindre un grand lac au nord de la ville arctique de Norilsk (Sibérie orientale). Puis, au 3 juin 2020, plus de 800 mètres cubes de sol contaminé avaient été retirés de la zone, et quelque 262 tonnes de carburant diesel avaient été pompées des eaux locales. « Il a été constaté que les niveaux maximaux admissibles [de contaminants] ont été dépassés des dizaines de milliers de fois dans les zones aquatiques… », a déclaré mercredi Svetlana Radionova, chef de la surveillance environnementale du Rosprirodnadzor.
Les écologistes craignent que l’incident n’ait un effet catastrophique sur la faune locale : le WWF-Russie a prévenu que le déversement était susceptible d’affecter la santé des poissons, des oiseaux et des mammifères sauvages vivant dans la région. « Le carburant diesel est plus toxique que le pétrole, et pour le moment, les circonstances semblent extrêmes », a déclaré Alexey Knizhnikov, chef du programme pour la responsabilité environnementale des entreprises de WWF-Russie.
State of emergency in Norilsk after 20,000 tons of diesel leaks into Arctic river system. Fear that thawing permafrost caused damage to storage tank https://t.co/EYvzar8jUQ pic.twitter.com/oN4pOtLZy0
— The Siberian Times (@siberian_times) June 2, 2020
Selon l’agence russe TASS, le président russe Vladimir Poutine n’est pas content de la situation : les autorités russes n’ont découvert l’incident que deux jours après son déclenchement, par le biais d’images diffusées sur les réseaux sociaux.
Cette découverte tardive a conduit le président russe à réprimander les responsables locaux de la région de Krasnoïarsk en Russie : « Pourquoi les fonctionnaires ne l’ont-ils découvert que deux jours plus tard ? Allons-nous découvrir les urgences à travers les réseaux sociaux ? Avez-vous un problème ou quelque chose ? », a déclaré Poutine lors d’une vidéoconférence mercredi.
Après la réunion, Poutine a déclaré l’état d’urgence fédéral pour faire face à la situation. Par ailleurs, trois affaires pénales ont également été entamées contre le personnel de l’usine industrielle pour détérioration des terres, pollution de l’eau et violation des règles de protection de l’environnement.
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L’unité locale de l’agence sanitaire russe Rospotrebnadzor a affirmé ne pas avoir relevé de pollution des nappes phréatiques, selon un communiqué publié sur le site de la région de Krasnoïarsk.
Ci-dessous : une vidéo montrant que l’eau de la région peut désormais prendre feu :
À l’heure actuelle, le WWF appelle néanmoins à mettre en place une surveillance de la qualité de l’eau en aval, pour éviter que des produits toxiques ne se répandent jusqu’à des réserves naturelles. Une affaire à suivre.